Lisa Mazzone et Carlo Sommaruga élus au Conseil des Etats... Et Genève est toujours debout ?



Si la gauche remportait, comme elle le fait depuis douze ans, les deux sièges genevois du Conseil des Etats, la droite annonçait quasiment l'apocalypse. La fin des haricots et du cardon. La chasse aux riches, la nationalisation des banques, la collectivisation des entreprises, la réquisitions des propriétés foncières. Le chômage, la famine. La fermeture de l'aéroport transformé en champ de cannabis. La mise des rues basses en canaux de navigation. Et, horreur et damnation, le duo de gauche a été élu. Largement, même. En Ville de Genève, il cartonne avec deux fois plus de suffrages que les candidats de droite, et sort même en tête dans des bastions de droite comme la vieille-ville et Champel. Mais Genève est toujours debout. On n'a même constaté aucun exode aux frontières, pas l'ombre d'un esquif de fuyards à la Nautique, pas le début d'un embouteillage de limousines à la douane de Bardonnex. Alors quoi, on nous aurait menti ?

Ensemble...

Le résultat genevois de l'élection au Conseil des Etats est suffisamment clair pour que la droite ne puisse trouver aucune autre explication à sa défaite que son incapacité à mobiliser son propre électorat -largement suffisant, en nombre, pour lui assurer un siège. Sans doute le maintien de trois candidatures de droite n'a-t-elle aidé aucune d'entre elle à rattraper le retard du premier tour sur le duo de gauche, mais même si toute la droite s'était ralliée à une seule candidature (mais laquelle ? celle du PLR Hiltpold, arrivé en tête au premier tour ? celle de la PDC Hirsch, plus à même de récupérer un électorat un peu de l'électorat "centre-gauche" ?), elle aurait été battue. La gauche n'a même pas besoin de remercier l'UDC d'avoir maintenu la candidature de Céline Amaudruz, ni les tentatives de la droite du PLR (car il y a une droite du PLR, à la jointure avec l'UDC...) de substituer une alliance avec l'UDC à la vieille Entente avec le PDC) : ces mouvements browniens ont certes égayé la campagne du deuxième tour mais n'ont rien changé au rapport des forces du premier, et la droite genevoise ne pourra même pas se consoler avec le résultat vaudois : certes, le PLR Olivier Francey a réussi à refaire son  retard du premier tour et à garder son  siège (pendant que le PS perdait le sien), mais c'est grâce à ce qui a manqué à son collègue genevois : le soutien de l'UDC et des Verts libéraux.

Avec l'élection de Lisa Mazzone et de Carlo Sommaruga au Conseil des Etats, la gauche genevoise occupe désormais huit des quatorze sièges genevois au parlement fédéral. "La gauche a réussi (...) un vrai tour de force", commentait, tout émoustillé du premier tour, "Le Courrier". Eh oui, l'unité, ça paie... Huit sièges sur quatorze ce n'est pas représentatif de la population ? Evidemment que non -mais un système représentatif, surtout au scrutin majoritaire, ne l'est jamais de la population, mais seulement du choix de celles et ceux qui ont le droit de vote et l'utilisent. Par définition, les abstentionnistes consentent. Et donc les abstentionnistes de droite ont consenti au succès de la gauche genevoise. Comme les abstentionnistes du Valais romand ont consenti à ce que les votants du Valais alémanique imposent le monopole du PDC sur la représentation du Valais au Conseil des Etats. Et comme les abstentionnistes vaudois ont consenti à ce que le candidat PLR garde son siège. Et les abstentionnistes fribourgeois ont permis au PLR de piquer le siège du PDC...

On en a donc fini en Romandie avec les élections fédérales. On peut commencer à Genève à gloser sur les Municipales. Elles semblent bien parties pour la gauche. Seulement bien parties -on rappellera alors que notre succès de ce dimanche tient à ce que la gauche s'est unie dans une campagne commune que Carlo Sommaruga et Lisa Mazzone ont faite ensemble. En Ville de Genève, les quatre candidats et candidates de la gauche à l'Exécutif peuvent donc dès ce lundi partir en campagne. Ensemble. Pour gagner.


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