Réduction des places de parking à Genève : Un référendum pour arrêter le temps ?


Le 12 septembre, le Grand Conseil genevois a accepté, pour concrétiser (un peu) la loi pour une mobilité "cohérente et équilibrée" adoubée en 2016 par le peuple, une modeste réforme de la "compensation" des places de stationnement supprimées. 4000 places de stationnement en surface pourraient ainsi être supprimées, mais en tenant compte des places inutilisées dans les parkings existants. Hurlements du TCS et de patrons du petit commerce, soutenus par l'UDC, qui ont lancé et fait aboutir un référendum. Un référendum contre quoi, et pourquoi ? Contre le temps qui passe et pour l'arrêter ?


Le vote populaire ne sera jamais une machine à remonter le temps

Les places de parkings auxquels les référendaires s'accrochent, comme ils s'accrochent à la chimère lacustre de la traversée routière du petit-lac, sont des vestiges d'un temps révolu. Nous ne parlons pas de la Genève des années soixante du siècle dernier : nous parlons d'une Genève où les déplacements à pied, à vélo, en transports publics, seront choisis par la majorité de la population du canton comme ils le sont déjà par la majorité de la population de la Ville, de préférence au vieux totem d'il y a cinquante ans : l'automobile privée.

Libérer un espace confisqué par le stationnement (et peu importe qu'il soit celui de véhicules à essence, à charbon, à gnôle ou à électricité : ils encombrent pareillement), réduire les coûts de construction des logements et des équipements publics, planter des arbres (ou, comme à Lausanne dans le cadre du "budget participatif", transformer des parkings en potagers et zones de jeu) là où on stockait de la tôle, organiser la mobilité (douce) de demain : la réforme attaquée par le TCS et le NODE y concourrait, prudemment. Trop prudemment. Si cette réforme, aussi modeste que le plan d'action du Conseil d'Etat pour la mobilité douce. devait être refusée, on ne renoncerait qu'à faire un petit pas. Le temps de se préparer à en faire un plus grand : l'abrogation pure et simple de toute obligation de compensation. Et le renoncement à tout nouvel aménagement en faveur d'un mode de déplacement en ville, l'automobile privée, auquel la majorité des ménages de la Ville renoncent déjà et auquel le développement des transports publics à la faveur du Léman Express convaincra sans doute une bonne partie des ménages du reste du canton de renoncer aussi.
Autant dire qu'on n'a pas peur du vote populaire : il ne sera jamais une machine à remonter le temps.

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