Une zone piétonne prise en otage par un parking




NON à la clé de (dé)Rive

Le Conseil municipal de Genève a donc approuvé, droite contre gauche, le projet "Clé de Rive" : un parking de 900 places au centre-ville, présenté comme contrepartie à un projet de piétonisation de la zone du carrefour de Rive. Une contrepartie qui n'est en fait qu'un parasite. En commission et en plénière, toute la gauche s'est opposée et s'opposera encore à ce projet obsolète et contradictoire, alors que la droite s'y accrochait et s'y accroche encore comme un morpion à une vieille couille, en refusant d'admettre que les temps ont changé depuis la conception de ce projet : on peut, on doit aujourd'hui développer les zones piétonnes sans se contraindre à les farcir de parkings. Et on peut et on doit s'abstenir de créer de nouveaux parkings au centre ville, là d'où précisément on doit réduire autant qu'il est possible la circulation automobile. On combattra donc le parking "Clé de Rive" dans le même mouvement où l'on soutiendra la création d'une zone piétonne à Rive, parce que ce parking est un projet du passé, que cette zone piétonne est un projet d'avenir et qu'il n'est pas acceptable de poser comme condition de réalisation de la première la résignation au second.

Déficeler une zone piétonne indispensable et un parking superfétatoire

Selon un sondage effectué sur mandat de la Conférence des villes pour la mobilité, les trois quarts des habitants des villes suisses sont partisans d'espaces sans voitures et de zones de rencontre à vitesse automobile très limitée (20 km/h). Et moins d'un tiers 29,1 %) des Genevois se rendent à leur travail en automobile. Le divorce entre la ville et la voiture n'a pas encore été formellement prononcé, mais ce prononcement ne saurait tarder : dans les villes-centres, comme Genève, une majorité de ménages ne possède plus, ou ne possédera bientôt plus, d'automobile, et cela non par contrainte mais par choix délibéré. Dès lors, le maintien d'une obligation de compenser chaque place de parking supprimée en surface (pour créer une zone piétonne ou une piste cyclable, planter des arbres, libérer l'espace public de l'emprise de la bagnole) par une place créée en sous-sol n'a plus aucun sens, à supposer que cela en ait jamais eu. Et faire payer d'un parking la piétonisation d'un secteur au centre du centre, comme dans le projet "clefs de Rive", est, comme le qualifient les socialistes, "un non-sens total alors que le Conseil municipal vient de voter une résolution reconnaissant l’urgence climatique et que même le Conseiller d’Etat en charge de la mobilité renonce au funeste projet de la traversée du lac". Un non-sens et un anachronisme : plus rien ne justifie la réalisation d’un parking dans l’hyper-centre. Au surplus les parkings souterrains coûtent cher, empêchent l'arborisation, génèrent des remblais, produisent des matériaux et des déchets d'excavation.

Le projet de parking "Clé de rive" prend en otage une zone piétonne pour ne plus complaire qu'à quelques fétichistes des silos souterrains : il ne convient donc que de le renvoyer là d'où il n'aurait jamais du sortir -sinon pour illustrer le décalage absolu de ce projet et des exigences du moment. Le Conseil municipal de Genève, encore affublé (pour, espérons-le, cinq mois...) d'une majorité de droite, va sans doute adouber ce projet aujourd'hui.Et la gauche lancera un référendum, pour déficeler une zone piétonne indispensable d'un parking superfétatoire.
Faites chauffer les feuilles de signatures !
   


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