Fonds de tiroir

« Les élus ont-ils le droit de se défendre avec notre argent ?», s'interrogeait « Le Matin Dimanche » du 15 décembre («notre argent»  devant être compris comme les caisses publiques, alimentées par « nos impôts »). La réponse à cette intéressante question est « oui », exemples à l'appui : les PLR vaudois Pascal Broulis et Jacqueline de Quattro ont fait payer par le canton 55'000 francs pour des procédures qu'eux-mêmes avaient lancé, le Vert genevois Antonio Hodgers a fait payer un avocat pour faire analyser une erreur dans un sujet traité par la télé romande, à Fribourg c'est le Conseiller d'Etat UDC Pascal Corminboeuf qui avait fait financer sa défense contre une organisation l'accusant d'avoir violé la loi sur la protection des animaux. Et en Ville de Genève, c'est le fiscaliste Xavier Oberson qui a été mandaté par le Conseil administratif pour analyser, faute de pouvoir le faire faire par l'administration fiscale,  la situation réglementaire s'agissant des notes de frais des membres de l'Exécutif municipal. Mais faut pas croire que c'est pour se défendre que les élus font payer des avocats par les caisses publiques : c'est pour soutenir une profession en difficulté : la surproduction d'avocats, qui ne le cède sans doute qu'à celle de psychiatres, est telle qu'il faut bien contribuer à les nourrir...



Bien emmerdé, le PLR, par la candidature que le PLR de la Ville a présentée et à laquelle il s'accroche, du Conseiller municipal et député Simon Brandt au Conseil administratif. Le Comité du PLR-Ville a, à l'unanimité, décidé de la maintenir après l'arrestation, l'interrogatoire et l'inculpation de Brandt pour, au moins, violation de son secret de fonction en tant que municipal (il avait fait « fuiter », sur demande de Pierre Maudet révèle la télé romande, un rapport confidentiel sur les remboursements de frais et dépenses du personnel de la Ville, et éventuellement pour avoir puisé dans le serveur de la police des documents auxquels il n'avait pas le droit d'avoir accès (il est collaborateur scientifique de la police). Mais le maintien de la candidature de l'inculpé ne suscite pas vraiment l'enthousiasme du parti cantonal. Le député Cyril Aellen susurre : « le PLR Ville de Genève (...) sera évidemment comptable des choix politiques qu'il fait le soir du 15 mars 2020» (premier tour de l'élection des magistrats communaux). On peine à savoir s'il souhaite que le candidat (et la section, bastion maudétiste) de son parti se sorte de ce guêpier électoral ou s'il souhaite qu'il se prenne (et la section avec lui) une baffe telle qu'il débarrasse le plancher du parti...  Contrairement à Maudet, qui, lui, a décidé de ne pas quitter son siège au Conseil d'Etat -d'autant que les deux initiatives lancées par notre copain Roger Deneys se sont plantées au stade de la récolte de signatures, faute de soutien : la première instituait une procédure de révocation des magistrats fautifs, la seconde proposait la destitution de Maudet. Mais bon, comme disait Christhihan Lüscher en septembre dernier, «L'affaire Maudet appartient au passé».  Nous, on aurait dit au plus-que-parfait, mais chacun conjugue au temps qu'il veut.


Titre de la « Tribune de Genève » du 3 janvier à propos des élections judiciaires genevoises et de la candidature du Procureur Général Olivier Jornot à sa rééelection : «Qui osera défier Olivier Jornot» ? Euh... Pierre Maudet ? Simon Brandt ?


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