Aux urnes ! (avec ou sans masque)

Municipales : participation faiblarde

30 % de participation (au plan cantonal, et sans doute moins encore en Ville) mercredi soir pour les Municipales genevoises : c'est bien peu, en dessous des Municipales précédentes, celles de 2015...On dira que c'est la faute au pangolin...  Et si vous n'avezu pas voté, il ne vous reste que la solution de vous rendre dans votre local de vote dimanche matin, de 10 heures à midi. A l'ancienne. Avec ou sans masque : de toute façon, si vous êtes malade, vous devez rester chez vous, et si vous ne l'êtes pas, le masque ne vous protégera pas. Et que vous ayez voté ou non, votre commune aura élu son Conseil municipal dimanche à midi. Contrairement au vote blanc ou nul, l'abstention n'est pas une opposition, même pas une marque de défiance -seulement le choix, car c'en est un, de laisser choisir les autres. Subversive, l'abstention ? Si elle l'était, elle serait interdite et les abstentionnistes en seraient punis...

Le vieux projet anar de la Commune comme alternative à l'Etat...

Si réduites que soient les compétences de communes genevoises et étroite la surveillance qu'exerce sur elles le canton, elles n'en sont pas moins importantes, et déterminantes pour la vie quotidienne de leurs habitantes et habitants (voire de celles et ceux de tout le canton, quand il s'agit de la commune de Genève). Il n'est pas indifférent que l'on créée ou non un réseau cohérent de pistes cyclables sécurisées, que l'on verse ou non des allocations de rentrée scolaire ou des allocations municipales complémentaires aux allocations cantonales, que l'on se donne ou non les moyens et les lieux d'héberger les sdf, que l'on crée ou non des places de crèches, que l'on soutienne ou non la culture émergente et pas seulement les grandes institutions, que l'on soutienne ou non le projet d'une Cité de la Musique, que l'on renforce ou affaiblisse l'effort de la Ville pour offrir des logements sociaux à celles et ceux qui en ont besoin (plus de 4300 demandes sont en attente). Il n'est pas indifférent que les Conseils municipaux des villes soient à majorité de gauche ou de droite, quand il s'agira de décider de la manière d'assumer les pertes fiscales dues à la RFFA (30 millions de moins en Ville : c'est presque trois fois la subvention accordée au Grand Théâtre...) et de concrétiser les grandes proclamations de l'"urgence climatique". Ni quand il s'agira d'user ou non du droit de préemption dont la commune dispose sur les terrains mis en vente. Ni quand la commune jouera son rôle de "patron" de ses plus de 4000 employées et employés (sans compter celles et ceux dont l'emploi dépend des subventions municipales).  Et il n'est pas sans enseignement que par deux fois, la Ville ait dû recourir aux "douzièmes provisionnels" pour financer mois après mois ses engagements, dans l'attente que le peuple rétablisse un budget annuel après que la droite ait bidouillé celui que proposait le Conseil administratif. Ni qu'une bonne trentaine de décisions du Conseil municipal, prises par une majorité de droite aussi hétéroclite qu'un vide-grenier aient été purement et simplement annulées, ou réduites à des proclamations sans effet, par le bailli cantonal, non parce qu'elles lui déplaisaient politiquement, mais tout simplement, et tout trivialement, parce qu'elles étaient contraires au cadre légal...


On l'avoue, au cas où ce ne serait pas assez clair : on est de parti pris. Mais si les cinq ans que nous venons de traverser prouvent quelque chose, c'est que le Conseil municipal a besoin d'une majorité formée d'élues et d'élus capables non seulement de la proclamer, mais de la constituer et de l'utiliser. Or il se trouve qu'en Ville de Genève, seuls les socialistes et les Verts ont été capables de conclure une alliance, pour l'élection du Conseil municipal et celle du Conseil administratif. D'une certaine manière, cela signale que seuls ces deux partis se sentent capables d'assumer les responsabilités et les choix politiques essentiels. Les autres listes partent en désordre dispersé : le PLR tout seul, le PDC tout seul, l'UDC et le MCG séparés, Ensemble à Gauche en deux tronçons. Le PLR appelle certes à une union de toute la droite pour faire face à la gauche, mais on ne voit pas (et on le voit encore moins après cinq ans de mandature municipale) ce que le PDC (et le cas échéant les Verts libéraux) peuvent bien avoir en commun avec le MCG et l'UDC. 


Dès lors, si sceptique que l'on soit (et on l'est considérablement) à l'égard du principe de représentation du peuple par des élus, on s'autorise à voter, à appeler à voter (et même à être élu, le cas échéant...) dans un scrutin municipal. Parce que la commune n'est pas fondamentalement une instance qui impose des contraintes et adopte des lois, mais, tout aussi fondamentalement, une instance qui accorde des moyens; qu'elle ne gouverne pas les humains, mais administre les choses. Qu'un scrutin municipal, la campagne qui le précèdent et le Conseil municipal qui en sort (ou en sourd) permet de poser directement, et concrètement, les questions de la démocratie directe et de la démocratie locale. C'est le projet du "municipalisme libertaire", c'est le vieux projet anar de la Commune comme alternative à l'Etat... un projet qui a besoin, pour être autre chose qu'un bégaiement nostalgique, d'une majorité politique, au sein du peuple (et de cette majorité, les abstentionnistes, forcément, ne peuvent en être), du Conseil municipal et du Conseil administratif. Et cette majorité ne peut être qu'une majorité de gauche. 


Aux urnes, citoyens !

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