Elections municipales genevoises : Qu'on en finisse !

Ainsi, la décision du Conseil d'Etat de maintenir le deuxième tour des Municipales genevoises fait toujours débat (et le recours lancé contre elle n'est toujours pas tranché, alors que depuis vendredi on compte déjà 2 % de participation chaque jour). Pourtant, "la campagne s'est surtout déroulée avant le premier tour. Les gens ont déjà eu l'occasion de se faire une opinion", observe la présidente du nouveau parti de droite onésien ECHO, l'ex-PLR Anne Kleiner (candidate au Conseil administratif). A Lancy, la candidate socialiste Salima Moyard ne dit pas autre chose : "la vraie campagne s'est déroulée avant le premier tour déjà. Nos arguments n'ont pas changé en trois semaines". En Ville aussi, où le seul enjeu réel semble bien être l'attribution du "cinquième siège" (celui de Guillaume Barazzone, celui que la gauche réserve à la droite) que se disputent la PDC Marie Barbey et le PLR Simon Brandt (avec, en embuscade, mais assez loin du terrain de jeu, le candidat UDC, les candidats MCG, la candidate du Parti du Travail et le candidat de SolidaritéS), tout a été dit, écrit, et fait au premier tour. Alors qu'on  en finisse : on a autre chose à faire pendant les mois qui viennent que mener une campagne interminable pour un deuxième tour de l'élection d'exécutifs municipaux de qui on a tout de même à attendre (pas trop longtemps) qu'ils puissent faire le boulot qu'on condescend à leur confier.
 

Un acte éminemment politique : distinguer les décisions à prendre tout de suite de celles qui peuvent attendre. 
 
On va avoir besoin d'instances politiques fonctionnelles, à tous les niveaux, pendant les mois à venir : pour prendre des décisions, pour les faire appliquer, pour concrétiser des décisions prises au-dessus d'elles. Et il leur faudra obtenir les moyens financiers et le personnel nécessaires. Le Conseil administratif actuel, dont le mandat se termine le 31 mai, a pris des décisions importantes, dans les limites des compétences communales à Genève : suspension de l'obligation de s'acquitter des loyers commerciaux de la GIM, suspension du paiement des frais de crèches, élargissement de l'hébergement d'urgence, maintien des subventions accordées pour des spectacles spécifiques qui ont été annulés. Les conseils municipaux ont été élus pour cinq ans -mais s'ils tiennent les cordons de la bourse, ils ne disposent de quasiment aucune capacité de décision immédiatement concrétisable : ce pouvoir, à Genève, est en mains de l'Exécutif municipal -Conseil administratif, maires et adjoints-, ce fut d'ailleurs assez heureux dans les cinq années que nous venons de passer, et de subir, en Ville de Genève. Comme l'a rappelé le Conseiller d'Etat Thierry Apothéloz dans une lettre aux membres des exécutifs communaux et aux présidentes et présidents des Conseils municipaux, la loi autorise les exécutifs à " prendre toutes les mesures provisionnelles dont l’urgence est commandée par les intérêts de la commune" (LAC art. 48.m). Sans Conseils municipaux pouvant se réunir, tout le pouvoir municipal est donc aux mains des Conseils administratifs, des Maires et des adjoints-e-s. D'ailleurs, comme le relève en souriant le Conseiller administratif (sortant) vert carougeois Nicolas Walder, même en temps normal, le pouvoir réel, au sein des communes, c'est le Conseil administratif qui le détient et l'exerce... les Conseils municipaux sont des parlements, et dans un parlement, on parle. C'est sans doute une manière d'agir, mais ce n'est pas celle qui compte, sur le terrain : "On a débattu pendant des heures du port de l'arme par les policiers municipaux, et on se rend compte maintenant qu'ils n'ont pas de masque", résume le candidat Vert au Conseil administratif de la Ville, Alfonso Gomez. 

Il faut donc aux communes un Exécutif capable d'assumer le pouvoir réel, non sur les gens mais sur les choses. Et comme nous sommes encore en démocratie, même si quelques unes de ses formes ont été suspendues (il faudra d'ailleurs s'assurer de leur retour), il faut que ces exécutifs soient élus. Et qu'ils puissent, tant que l'urgence sanitaire n'a pas disparu (et elle ne disparaîtra pas avant des semaines, non plus d'ailleurs que l'urgence sociale et climatique avant des années ) distinguer les décisions à prendre tout de suite, et les prendre, de celles qui peuvent attendre. Cette distinction est un acte éminemment politique, comme l'ont été toutes les décisions prises par tous les exécutifs de ce pays, du Conseil fédéral aux Municipalités, depuis un mois. Et comme le seront toutes celles qu'il faudra prendre, et appliquer dans deux mois. Or si on peut les faire prendre par des Conseils municipaux ou par le peuple, il leur faut aux uns et à l'autre des délais qui, en ce moment, excèdent ceux de la nécessité, qui eux ne peuvent être assumés que par des exécutifs qu'on préfère voir élus dimanche prochain que maintenus en place au-delà de leur Migros-Data, dans deux mois.

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