Fonds de tiroir

On sait désormais que les autorités suisse savaient que les dispositifs de cryptage vendus dans le monde entier par une entreprise zougoise étaient conçus de manière à pouvoir être lus par les services de renseignement américains et allemand, et que ces services étaient les propriétaires réels de cette entreprise «suisse». Mais comme le dit en souriant un diplomate cité dans «Le Matin Dimanche», «il aurait plutôt fallu s'inquiéter si nos services n'en avaient pas eu connaissance». Finalement, on n'est pas si cons que ça : on est vérolés par la CIA, la NSA et le BND, mais on sait qu'on l'est. Et on a même profité des renseignements acquis grâce à ce vérolage d'un dispositif vendu comme inviolable... Quant aux enquêtes menées par la police fédérale dans les années nonante, on a mis des mois pour en retrouver les dossiers providentellement égarés. On notera au passage que tout le monde politique n'avait pas été mis au parfum. Ainsi, Ruth Dreifuss, Conseillère fédérale de 1993 à 2002, période de l'enquête ouverte par la police fédérale sur Crypto, témoigne  : «je ne suis pas au courant et je ne sais pas pour quelles raisons je ne suis pas au courant». Femme, socialiste, syndicaliste, ça te va, comme raisons ? 


Inventaire de la démocratie municipale genevoise (on ne s'en lasse pas) : à Choulex, Troinex et à Chancy, les maires ont été élus tacitement (et à Chancy et Troinex, les adjoints aussi). Mais à Troinex, les socialistes et les Verts libéraux ont présenté des listes de candidates et candidats. Tout fout le camp. 


Le PLR, qui exclut que son candidat au Conseil administratif se retire au deuxième tour de l'élection au cas, pas vraiment invraisemblable, où il arriverait loin derrière les candidates et candidats de gauche, voire les candidates du PDC, en appelle à «une alliance la plus large possible» pour le placer là où il veut le placer. Une alliance contre qui ? contre la gauche ou contre le PDC ? Et une alliance avec qui ? évidemment pas avec le PDC puisque c'est son siège que convoite le PLR... alors avec l'UDC et le MCG, pour être repoussé encore plus au fond à droite qu'il est déjà en Ville ? Non, en fait, le PLR va proposer une alliance avec les morceaux épars d'Ensemble à Gauche. On sait pas trop ce que ça vaudrait électo-ralement, mais ça mériterait en tout cas une subvention du fonds de soutien à l'innovation. Ce serait déjà ça de pris. 


On parle toujours majoritairement suisse-allemand et allemand en Suisse, mais moins qu'avant : la part du tudesque est passée de 66 % à 62 % de la population entre 1970 et 2018, alors que celle du français est passée de 18 à 23 % dans le même temps. Mais les parts de l'italien et du romanche ont baissé et celle des langues non-nationales a augmenté. Et l'anglais devient la troisième langue d'usage au travail derrière le suisse-allemand (pas l'allemand, le schwyzertütsch) et le français. Bof, c'est pas bien grave. Si le français progresse de 5 % tous les 48 ans pendant que l'allemand recule de 4%, dans deux siècles, le français sera la langue majoritaire de ce pays. Si ce pays et cette langue existent toujours, évidemment. Ou alors, la Suisse sera une région autonome de la PGC (Plus Grande Chine) et tout le monde parlera mandarin. Mais ça ressemble à quoi, le mandarin, avec l'accent bernois ? 


« Défendre les places de sta-tionnement est un acte progressiste », proclame le journal du TCS, pour justifier son référendum contre la modification de la loi cantonale d'application de la loi fédérale sur la circulation routière, modification assouplissant l'obligation (idiote) de compenser en totalité les places de stationnement supprimées en surface par de nouvelles places de sta-tionnement en sous-sol. Ouais, c'est ça. Défendre les places de sta-tionnement est un acte progressiste, surtout dans une ville où désormais la moitié des ménages n'a plus de voiture. Et couper des arbres pour construire des parkings est un acte écologiste. Et rouler en 4x4 en ville est une manière de mobilité douce. La vague verte charrie de drôles d'épaves rhétoriques... 


La Ville de Genève, à l'initiative de sa bonne Maire, propose de débaptiser seize rues, avenues, places, chemins, et de remplacer leurs noms d'hommes par des noms de femmes. Une bonne idée. Y'a pas de raison que seules 7 % des personnes dont on a pris le nom pour le coller à des espaces publics soient des femmes. Faut juste bien choisir les noms de femmes qu'on va substituer aux noms d'hommes. Et sur les quatorze propositions de la Ville (c'est pas elle qui décide, en effet, c'est le Conseil d'Etat, sur proposition d'une commission cantonale de nomenclature), y'en a guère que deux qui nous posent un chti problème : celle de substituer la violoniste Maggy-Breitmayer au compositeur Frank Martin -on n'en a pas des masses, des compositeurs genevois à célébrer, et celui-là est un grand. Et celle de substituer une Baulacre cheffe d'entreprise à un Baulacre pasteur érudit. C'est pas qu'on porte un amour immodéré aux pasteurs, mais on voit pas pourquoi il faudrait préférer une patronne à un érudit. Pour le reste, bienvenue aux rues Lise-Girardin (première femme Maire de Genève, première femme Conseillère aux Etats) et Grisélidis-Réal (écrivaine et prostituée), à la place Ruth-Bösiger, militante anarchiste, à la rue des Trois-Blanchisseuses et au chemin de la Flore-des-Dames. Et pendant qu'on y est, faisons l'inventaire des rues portant les noms d'hommes dont le seul mérite est d'avoir été propriétaires fonciers dans le coin. Mais bon, si on renonçait purement et simplement à coller des noms de personnes aux voies et espaces publics, et qu'on se contentait, comme naguère, à leur donner des noms de métiers, de fleurs, de lieux-dits (genre rue des Chaudronniers, des Acacias, des Pâquis...), on réglerait le problème des nomenclatures genrées, non ? 


L'épidémie de Covid-19 nous permet de parfaire notre connaissance : grâce à elle et à un grand artic-le du « Monde », nous avons appris l'existence de la ville russe, dont on ignorait totalement l'existence, de Blagovechtchensk, sur l'Amour, à la frontière chinoise. 230'000 habitants quand même, plus que Genève. A quoi elle tient, quand même, notre culture géographique : à un Pangolin séropositif au SARS-CoV-2 vendu sur un marché chinois... 


Le Parti du Travail a saisi la justice de l'utilisation par SolidaritéS de l'éti-quette « Ensemble à Gauche », alors que la coalition ne coalise plus, depuis le départ du PdT, que SolidaritéS et un appendice, le DAL. Bon, reste la question qui tue  :  le but d'une campagne électorale, c'est quoi ? de gagner (ou au moins surnager) ou de couler avec ses ex ?


Commentaires

Articles les plus consultés