Fonds de tiroir

Faut pas croire que l'épidémie de Covid-19 soit une catastrophe pour tout le monde. Tenez, par exemple, le président brésilien Bolsonaro : son gouvernement, les chercheurs d'or et les bûcherons clandestins  s'en donnent à coeur joie pendant que tout le monde regarde ailleurs. L'épidémie a atteint les zones indigènes et menace d'en exterminer purement et simplement les habitants, dénués de défense immunitaire contre cette saloperie. L'Institut national de l'environnement avait lancé une campagne pour virer d'Amazonie les chercheurs d'or et les abatteurs d'arbres ? le ministre a viré le directeur de l'institut. Dans le premier trimestre 2020, on a déboisé 51 % de plus qu'au premier trimestre 2019. Chouette, les incendies de forêt vont pouvoir reprendre : eux aussi, ils déboisent. Et comme les Indiens se sont repliés dans la forêt pour fuir l'épidémie, les incendies iront les y chercher. Et on les ramènera dans les villes, où ils choperont le Covid-19. Faut dire qu'il n'aime pas les Indiens, Bolsonaro. Alors s'ils crèvent, il pleurera pas. Pas plus que nous si Bolsomachin chope le Covid.

Des crises on peut tirer enseignement, et même décisions pertinente. Non, on vous parle pas du coronavirus, mais de la crise survenue dans les milieux syndicaux genevois après les révélations (par ses victimes) des comportements harceleurs d'un permanent syndical, licencié après une enquête interne du syndicat. La Communauté genevoise d'action syndicale a créé un « groupe de confiance », dont les membres seront extérieurs au milieu syndical,  auquel les employées et employés des syndicats de la CGAS (qui regroupe tous les syndicats genevois) pourront faire appel en cas de harcèlement moral ou sexuel. En outre, la CGAS a décidé de mettre en place une formation obligatoire de trois jours pour le personnel syndical, ouverte aux militantes et militants, sur le féminisme, le harcèlement sexuel, les violences sexistes et les aspects juridiques de l'enjeu. Enfin, la CGAS a créé une commission féministe (non mixte). En marge de la crise suscitée par l'«affaire», un membre de Solida-ritéS en a démissionné (ou poussé à en démissionner) après avoir adhéré à un comité de soutien au syndicaliste impliqué et licencié. «Les actes sexistes n'ont pas leur place à SolidaritéS, ni ailleurs, et la tolérance zéro doit être appliquée». On en connaît deux qui doivent être très heureuses de l'apprendre.

Depuis le 16 mars, 55'000 personnes qui tentaient d'entrer en Suisse ont été refoulées par les garde-frontières, et 150 amendes distribuées par jour, annoncent les douanes suisses. Et c'est qui, ces 55'000 personnes ? des individus qui ont traversé la frontière sans faire partie des personnes autorisées à le faire : des « touristes d'achat » qui ont tenté de contourner les barrages et les postes-frontières fermés ou qui se sont échangé des marchandises par-dessus les barrières, ou des évadés du confinement de l'autre côté de la frontière, ou des travailleurs frontaliers illégaux, ou des trafiquants, ou des Suisses habitant en France sans y être légalement domiciliés... La porte-parole de la douane précise que «dans le canton de Genève (...) les nouvelles dispositions sont moins bien respectées» que dans le reste de la Suisse. Y'en a décidément point comme nous. 


Y'en a qui ne perdent pas le nord en période de lutte contre l'épidémie : les opposants au congé-paternité, par exemple : « nous sommes en situation de crise financière et il faut mettre des priorités », et le congé paternité, qui coûterait 230 millions de francs par an et serait financé par les allocations pour perte de gain, n'en est pas une, susurre le Conseiller national UDC Jean-Pierre Grin. Ouais, d'ailleurs les udécistes et l'Union patronale, qui sont opposés au congé paternité tel que proposé, vont sûrement rejoindre le comité opposé à l'achat de avions de combat : eux coûteraient carrément six milliards... Bon, bref, avec tous ceux qui vont se mobiliser pour repousser le congé-paternité, ou en réduire a durée, ou en saboter le financement, on est bien parti pour l'attendre aussi longtemps qu'il a fallu attendre l'AVS ou l'assurance-maternité...

Bon, depuis hier, les coiffeurs, les barbiers, les esthéticiennes et les fleuristes peuvent ouvrir et oeuvrer. Mais toujours pas les librairies. Et si les libraires nous faisaient la barbe, ou nous offraient des fleurs, ou nous faisaient des papouilles, ils pourraient ouvrir ?

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