Permanence du racisme aux USA... mais pas chez nous ?
Le 25 mai
dernier, George Floyd
mourait à Minneapolis, étouffé sous le pied d'un policier connu
pour sa tendance à la brutalité, et considéré pour cela même
comme un bon policier. Le nom de George Floyd a rejoint la
longue liste de victimes afro-américaines (mais aussi
amérindiennes) de violences policières aux États-Unis, où les forces de police ont été impliquées
dans la mort de plus de 1000 personnes en 2019 et de 1200
afro-américains depuis 2015. La mort de Georges Floyd a
soulevé les ville américaines, et a eu un écho considérable
partout dans le monde... sauf à la Maison Blanche. Fidèle à la
fois à sa ligne politique et à sa nature, Trump a versé de
l'huile sur le feu (en menaçant d'appeler l'armée et d'inscrire
les antifascistes sur la liste des groupes terroristes -ce dont
il n'a pas le droit), tout en se préservant de l'incendie en se
terrant un moment dans un bunker quand les manifestants
s'approchèrent trop près de la présidence où il s'était
barricadé. Pendant quoi la Garde nationale a été déployée et des
couvre-feux imposés. Et un restaurateur afro-américain a été
abattu par la police dimanche à Louisville. Et deux voitures de
police ont foncé sur la foule à New-York -où des policiers ont
mis un genou en terre à côté des manifestants, pour protester
avec eux.
Tout est beau pour tout le monde dans le meilleur des mondes possibles, le nôtre, vraiment ?
Les Etats-Unis
sont nés d'un génocide (celui des Amérindiens) et d'une
déportation et d'un asservissement (ceux des Africains). Sans
doute l'Europe n'est-elle innocente ni de l'un ni des autres
(commis par des colons européens et leurs descendants), et
a-t-elle commis sur son proipre sol ou celui d'autres colonies
d'autres génocides, d'autres déportations, d'autres
asservissements, mais du moins n'en est-elle pas née, si elle en
fut coupable. Les USA, eux, en sont nés. Et bientôt 250 ans
après cette naissance, n'en ont toujours pas réglé l'héritage.
Ils n'ont aboli l'esclavage qu'en 1865 -quatre ans après que la
Russie tsariste ait aboli le servage... et ne l'ont aboli que
pour y substituer la ségrégation raciale. Qu'ils n'ont
formellement abolie qu'un siècle plus tard...
Pour autant,
peut-on, ici, ne voir dans le racisme et de la violence que l'on
voit à l'oeuvre dans les comportements policiers nord-américains
(quelle que soit la couleur de peau des policiers) qu'une sorte
de tradition exotique ? Qu'il n'y a qu'aux USA qu'on considère
comme un délinquant en puissance toute personne n'ayant pas
l'apparence d'un indigène modèle ? Peut-on assurer qu'un
Africain ou un Rrom soit traité, ici, chez nous, dans nos rues,
nos commissariats et nos prisons, comme nous le sommes
nous-mêmes, Helvètes de souche plus ou moins récente mais pâles
de peau et décrépés de tignasse ? Que le "délit de faciès" est
ignoré en nos contrées ? Qu'on peut dénoncer le racisme aux USA
comme on dénonce une barbarie à laquelle nos villes seraient
totalement étrangères et que tout est beau pour tout le monde
dans le meilleur des mondes possibles, le nôtre, où l'on n'est
pas plus contrôlé par la police quand on est plus basané que le
policier moyen ?
"Nous sommes horrifié.e.s et écœuré.e.s par la
mort de cet homme sous le genou d’un policier de Minneapolis.
Nous ne devrions toutefois pas penser que ces pratiques sont
limitées aux USA et le racisme un produit US. Ce dernier est
endémique en Suisse et en forte augmentation (+25% de plaintes
l’an passé)" commente le PS de la Ville de Genève. Utile
questionnement... auquel la police genevoise a répondu en
interdisant un rassemblement en hommage à Georges Floyd. Avant de mourir le cou sous le genou du policier qui le tuait, Floyd répètait, en appelant à une aide qui n'est pas venus,
I can't breathe. Si notre propre société n'est pas capable de regarder ses propres pratique en face, et se contente d'un haut-le-coeur devant celle des cops américains, nous non plus, nous ne pouvons pas respirer.
Commentaires
Enregistrer un commentaire