Fonds de tiroir

 

Le supplément «emploi» de la «Tribune de Genève» du 25 juin nous prêchait que  «la spiritualité renforce les valeurs éthiques des dirigeants qui ont la foi»... C'est leurs subordonnés qui doivent être contents... La  «Julie», très œcumé-nique, s'appuie sur les témoignages d'une directrice baha'ie d'un institut de langue, d'un patron juif d'une entreprise informatique, du directeur financier chrétien d'une entreprise de transport et du directeur musulman d'un fonds d'investissement. Manquent sans doute un bouddhiste, un païen et quelques autres, mais c'est déjà un bon panel. Reste évidemment à évaluer en quoi les  «valeurs éthiques des dirigeants qui ont la foi» se traduisent concrètement dans la conduite de leurs entreprises et leurs rapports avec le personnel, mais bon, on sortirait du spirituel pour rentrer dans le temporel, là, ça risquerait de troubler le rêve d'une  «spiritualité» qui ferait des patrons autre chose que des patrons. Et faut pas toucher aux rêves.

On pourra, en principe dès l'année prochaine, suivre (du moins sur internet) les débats du Grand Conseil traduits en langue des signes. C'est une excellente idée : ça ne pourra qu'être moins chiant qu'à l'oral. Parce que bon, d'accord, les débats du Conseil municipal ne volent pas toujours (on est euphémique, là) très haut, l'art oratoire n'est pas la chose du monde politique la mieux partagée par les élus locaux mais c'est encore pire au parlement cantonal (et la réglementation des débats aggrave encore les choses), et faut vraiment être passionné par un sujet pour supporter son traitement rhétorique par les députés...

Selon les données de l'Office cantonal de la statistique, les deux prénoms les plus donnés aux nouveaux-nés à Genève en 2019 étaient Emma et Gabriel. Emma cartonne depuis une vingtaine d'années et est aussi la prénom le plus choisi dans le reste de la Suisse. Gabriel a aussi du succès depuis vingt ans en Romandie, mais fait un bide en Alémanie. normal, zaimentpas les anges, les staubirnes. En revanche, en Alémanie comme en Romandie, le prénom irlandais Liam a un grand succès. Et Léon aussi. Là, c'est carrément une renaissance, vu qu'il avait presque disparu des statistiques depuis les années vingt. Les derniers fidèles de Léon Nicole sont contents. Ceux de Léon Trotsky aussi, mais il serait historiquement surprenant que ce soient les mêmes.  Et on termine cet inventaire par deux bonnes nouvelles : la première, c'est la quasi disparition des Kevin chez les nouveaux-nés : c'était le prénom, numéro 1 en 1992, y'en avait tellement les années suivantes dans les crèches et les écoles que quand on appelait Kevin on devait former un service d'ordre pour canaliser la foule. Et la deuxième bonne-nouvelle, c'est que les deux prénoms les plus fréquents à Genève, désormais, tous âges confondus, c'est José et Maria. Grâce évidemment à l'immigration espagnole, portugaise et latino-américaine : 9929 Maria et 3401 José vivent à Genève. Sans compter les José-Maria. En revanche, on n'a plus beaucoup de Théodule et de Cunégonde. Tout fout le camp.

Une bonne et une mauvaise nouvelle pour la rentrée. La bonne nouvelle, c'est que le Salon de l'Auto ne se tiendra pas à Genève en 2021. Et que le Salon est à vendre, la Fondation qui l'organise espèrant trouver un acheteur, si possible Palexpo pour 15 millions, pour éviter (mais faut-il vraiment l'éviter ?) que le salon aille salonner ailleurs qu'à Piogre. Et que le salon pourrait ne plus être seulement de l'auto, mais de la mobilité. La mauvaise nouvelle, c'est que sur la Plaine de Plainpalais, le Cirque du Soleil sera remplacé par la fanzone de l'Euro 2021 de foot. Bref, on renonce à une fête à blaireaux pour en assurer une autre. Faut-il attendre une nouvelle vague pandémique pour se débarrasser de la «grande fêêêête du foot» ? On n'ira pas jusque là. Parce qu'on est pas sûrs que seuls les supporters de ballopied trinqueraient. C'est ce qu'il y a de très con, avec les virus : ils n'ont aucune conscience politique ni culturelle ni sociale, il tapent partout où ils peuvent.