Fonds de tiroir

 

C'est bien la presse locale en été, y'a encore plus d'informations essentielles que le reste de l'année. Tenez, par exemple, dans la «Tribune de Genèv» du 23 juillet, on se penche sur la bière, le café, le pinard et le cardon (le vrai, le g'nevois, l'épineux). Et on apprend des tas de choses. D'abord que si à Genève, on consommait 56 litres de bière par habitant et par an, on en consommait 144 litres à Prague (où elle est bien meilleure), et plus de 100 litres à Varsovie (pour oublier le gouvernement qu'il faut se farcir), 107 à Berlin et 106 à Venise (mais là, c'était grâce aux touristes du nord...). Bon, nous, on est plutôt pinard... On apprend aussi que si on veut se boire un chti kawa au bistrot, faut éviter Zurich : il y coûtait en moyenne 5 francs cinquante la tasse. alors qu' à Genève, il coûtait 3 francs 80. Autant aller à Milan, où il est excellent, et pas cher : un franc soixante. A part ça, on apprend qu'on cultive une centaine de variété des légumes à Genève (on en connaît quelques uns qui siègent au Conseil municipal), dont 120 tonnes de cardon épineux. Et dans la «Julie» du lendemain, c'est des bêtes qu'on cause : à Genève, y'a un chien pour 14 habitants. Et autour du mur de la Treille, on a inventorié en 2010 quatre-vint cinq espèces d'insectes, six espèces d'oiseaux, six espèces de mollusques et une espèce de lézard. L'inventaire a été fait en 2010. Quant juste au-dessus du mur de la Treille y'avait la salle des séances du Grand Conseil et du Conseil Municipal. On ne sait pas à quel ordre animalier ceux qui ont fait l'inventaire ont attribué les élus qui y siègent, mais empiriquement, on se dit qu'on peut facilement les répartir entre les insectes, les drôles d'oiseaux, les mollusques et les lézards.

Jean Charles de Bourbon et Bourbon, ex-Roi d'Espagne ayant abdiqué pour laisser la cuvette... pardon : le trône, à son fils Félipe VI, a foutu le camp d'Espagne, poursuivi par les soupçons de corruption et de fraude fiscale, et par une enquête genevoise pour «blanchiment aggravé») sur ses comptes cachés (100 millions de dollars versés par l'Arabie Saoudite en 2008 sur son compte à la banque Mirabaud). C'est une habitude bourbonienne, la fuite à l'étranger -mais c'est pas la route de Varennes qu'il y prise, le Bourbon espagnol, c'est celle d'Abu Dhabi. On se demande pourquoi tout le monde tient à ce point à se cramer dans ce trou du cul surchauffé du monde... Juan Carlos explique à son fils qu'il est convaincu de rendre «le meilleur service aux Espagnols» en foutant le camp. Ce en quoi il a certainement raison. Il avait été placé sur le trône par Franco (qui avait perdu son successeur désigné, l'amiral Carrero Blanco, abattu par ETA), ce qui en avait fait malgré lui un symbole de la transition démocratique (il n'y était pour rien, mais il était sur le trône), et avait permis de glisser sous le tapis ses aventures extraconjugales (sa maîtresse a aussi reçu 65 millions de dollars en provenance d'Arabie Saoudite), son avidité de pognon, ses copinages avec les potentats du Golfe et son amour de la chasse aux éléphants.  Bon, tout n'est pas désespérant : l'exil du «roi honoraire» rouvre le débat sur la République, et en mai, un sondage donnait 51,6 % d'Espagnol.e.s préférant la République à la monarchie (contre 34,6 % de monarchistes), choix qui est déjà celui de la gauche de la gauche (Podemos), présente au gouvernement, et des nationalistes basques, catalans et galiciens. Les socia-listes se tâtent, mais leur Premier ministre ne veut pas démordre de son soutien au «pacte constitutionnel» de 1978 dont le PSOE a largement profité puisque de Felipe Gonzalez à Pedro Sanchez, il aura gouverné 22 ans contre 20 pour la droite. Tant pis pour les socialistes : s'ils ont oublié Largo Caballero, ou oubliera qu'ils l'ont oublié... ¡Salud!

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