Fonds de tiroir
Les élections municipales sont passées, aucune
élection n'est en vue à Genève avant des plombes, on peut alors
prendre un petit temps pour tenter de produire quelque chose
comme un bilan de la «législature» municipale défunte en Ville
de Genève. Un bilan de cinq ans d'une législature carrément
pataphysique. Ou en forme de vaudeville, en trois actes.
Premier acte : les illusions de la droite. Elle croit être
devenue majoritaire. Arithmétiquement, en effet, elle l'est, à
condition d'additionner les sièges du MCG, de l'UDC, du PLR, du
PDC et des indépendants de droite. Mais politiquement, c'est une
autre histoire. Toujours est-il que la droite a entamé la
législature en adressant un ultimatum au Conseil administratif :
voilà notre politique, vous devez la mener, vu qu'on est
majoritaires. C'était doublement idiot : d'abord, parce que
c'est ignorer la répartition des pouvoirs entre l'exécutif et le
délibératif municipaux. Ensuite, parce qu'on s'apercevra assez
vite que la majorité de droite tenait de l'illusion. Bref, le CA
s'est assis sur l'ultimatum de la droite, qui en a conçu une
grande aigreur, ce qui n'a pas amélioré sa capacité de
discernement.
Deuxième acte : la droite tente de passer en force. Elle
additionne ses forces, refuse les projets de budgets du CA
pendant les deux premières années de la législature, impose ses
propres projets... et se fait ramasser en votation populaire,
parce qu'elle avait oublié que quand on modifie un budget, il
est soumis à référendum. En même temps que ces deux tentatives
budgétaires foireuses, la droite tente de faire passer, toujours
en force, ses propositions... et se fait ramasser par la
surveillance des communes, qui en annule ou en réduit à des
résolutions impuissantes une trentaine, pour incompatibilité
avec la loi ou ignorance de la procédure.
Troisième acte : la droite s'éclate. Ou plutôt, la droite
éclate. Et là, on est dans les deux dernières années de la
législature. La droite municipale croyait être majoritaire, elle
a fait semblant de l'être pendant deux ou trois ans, et tout à
fait cessé de l'être pendant les derniers ans. Le PDC a voté de
plus en plus souvent avec la gauche, sur les enjeux sociaux et
sociétaux, l'UDC a passé beaucoup de temps à taper sur le PDC et
le MCG s'est collé au PLR comme un morpion à une couille pendant
que le PLR était réduit à un groupe thérapeutique par l'affaire
Maudet, suivie d'une affaire Brandt.
La dernière année de la législature, jusqu'en mai dernier, a
donc été une année où la droite était totalement éclatée, où les
deux seuls groupes fonctionnels étaient ceux du PS et des Verts,
et où le Conseil administratif gouvernait donc la Ville avec
l'appui du PS et des Verts, pendant qu'Ensemble à Gauche nous
rejouait la Guerre du Feu entre Neanderthal et Cro-Magnon.
Bilan ? Malgré que nous étions minoritaire, nous avons réussi,
en faisant appel au peuple sur les budgets et en comptant sur
l'incompétence de nos adversaires, à maintenir les prestations à
la population, à défendre le statut du personnel, à maintenir
les subventions et les engagements de la Ville dans la culture
et l'action sociale. On s'en félicitera hautement, d'autant que
ça n'a pas été sans influence sur le résultat des Municipales et
la reconquête d'une majorité de gauche. Mais on en félicitera
aussi notre magistrate et notre magistrat, qui ont largement
contribué à ce que le Conseil administratif renvoie dans les
cordes une droite qui prenait ses illusions majoritaire pour une
réalité politique. On les en félicitera d'autant plus qu'elle et
lui ont été les seuls à ne pas avoir été mis en cause dans
l'affaire des «notes de frais» : Sami Kanaan n'y avait été cité
que comme témoin, et Sandrine Salerno a survolé l'affaire comme
une blanche colombe, déposant à temps dans le nid municipal des
budget que la droite s'était résignée à ne pas contester.
Nous sommes donc désormais, avec nos alliés, majoritaires au
Conseil Municipal, et le sommes restée au Conseil administratif.
La question est dès lors de savoir ce que nous allons faire de
cette double majorité -c'est tout de même une question plus
intéressante que celle de savoir comment, minoritaires, nous
avons du ramer pour que la droite ne soit pas réellement
majoritaire, ou que, si elle arrive à l'être, elle se prenne les
pieds dans ses propres tapis.
Nous avons été élus sur un programme, et une volonté exprimée de répondre aux urgences environnementales et climatiques. Il ne nous reste plus que le plus difficile : faire ce que nous avons dit que nous ferions, et pour faire quoi, après tout, nous avons été élus.
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