Fonds de tiroir
Il doit être bien content, Pierre Maudet : il a gagné une procédure judiciaire. Et au Tribunal fédéral, encore. Elle l'opposait à la télé publique alémanique qui, le 3 octobre, dans un reportage sur «L'Affaire» et une «piste de l'or» menant aux Emirats arabes unis, suggérait une possible corruption, notamment en lien avec l'attri-bution d'un marché de l'Aéroport à une entreprise émiratie. La télé avait été désavouée par l'autorité indépendante de plaintes en matière de radio-télévision, mais avait fait recours au TF contre ce désaveu, que les juges du TF ont donc confirmé en estimant que Pierre Maudet n'avait pu suffisamment faire «contrepoids» aux hypothèses sug-gérées par l'émission, et lui ont accordé 3000 balles d'indemni-sation, sauf que pour obtenir gain de cause, Maudet aura claqué 10'000 balles en frais d'avocat. Les recours au TF, ça eut payé, ça paie pu. Faut qu'il change d'avocat, Maudet, y'en a des moins chers. Est-ce qu'on prend des avocats, nous, quand on fait des recours au TF ? Non. On les rédige nous-mêmes. On relocalise, quoi. On est dans la nouvelle économie, circulaire Sois moderne, Pierre, sois moderne...
En 2016, le Grand Conseil genevois, pourtant à
majorité de droite, avait donné cinq ans au Conseil d'Etat pour
«réinternaliser», c'est-à-dire remettre à l'Etat, la tâche du
convoyage des détenus dans le canton, tâche qui avait été
sous-traitée à une société privée, Securitas, par Pierre Maudet,
du temps où il prenait des décisions et qu'il était en charge de
la Sécurité. Maudet ne fout plus rien, mais le Conseil d'Etat
assume son héritage : début septembre, il a adopté un projet de
loi qui réintroduit la possibilité de déléguer une partie des
tâches de surveillance et de convoyage des détenus hors des
établissements de détention, sous prétexte que «la situation
budgétaire actuelle et future ne permet pas d'engager le
personnel nécessaire à la reprise de ces activités». Quelque
chose nous dit qu'on va l'entendre souvent, cet argument, quand
on proposera de réinternaliser des tâches qui ont été
externalisées par les exécutifs cantonal et municipaux. Ce qu'on
vient de proposer pour le nettoyage des locaux et des
installations de la Ville. Mais bon, pas de panique, en Ville,
l'exécutif est de gauche, comme le Conseil municipal, donc on
compte sur lui pour mener une politique de gauche. Parce que
sinon, on se demanderait à quoi pourrait bien nous servir un
parlement et un exécutif de gauche...
A Cressy, un projet immobilier veut abattre un
cordon de 26 arbres (dont certains centenaires de plus de 26
mètres) pour couler la dalle de béton d'un parking pour des
immeubles en PPE. Un vrai cas d'école, y'a tout concentré : les
arbres abattus, le béton, le parking, la propriété par étage.
Et en plus, le plan localisé de quartier initial qui prévoyait
le maintien des arbres a été bousillé pour que 21 dérogations
soient accordées aux propriétaires. Quand même, un tel concentré
de conneries, ça mérite un salut bien bas. Ou un prix Genferei.
On cherchait un effet positif de la coronapandémie au Brésil (où elle fait des ravages), il s'en trouvé un : les médecins cubains que le navrant Bolsonaro avait fait rapatrier par Cuba (forcément, des Cubains, des rouges, quoi) sont revenus au Brésil, pour contribuer à combler les lacunes béantes de la lutte contre la pandémie telle que la conçoit le gouvernement bolsonarien. Des milliers de médecins cubains oeuvraient au Brésil, dans le cadre d'un programme «Mais Medicos» (plus de médecins) lancé par le président Lula et le Parti des Travailleurs. 8300 se sont retrouvés interdits d'exercer et sont repartis à Cuba, 1800 sont restée au Brésil, exerçant clandestinement dans les favelas ou les communauté indigènes d'Amazonie. Et début mars, le gouvernement brésilien s'est plié à l'évidence et a réintégré les Cubains au programme «Mais Medicos». La pandémie n'a certes pas rendu le président Bolsonaro plus intelligent, ni plus démocrate, ni plus fréquentable. Seulement un peu moins triomphaliste et mégalomane. C'est toujours ça de pris.
On a eu un gros coup de nostalgie, jeudi 17,
quand on a lu dans toute la presse de Piogre l'annonce que le
Conseil d'Etat se proposait d'investir 157 millions dans un
projet maousse de patinoires, de locaux commerciaux et de
parking au «Trèfle-Blanc», du côté de Plan-les-Ouates. Un
premier crédit d'étude devrait aboutir au Grand Conseil autour
de noël. Ce qui ferait une première occasion de référender.
Parce que ça nous a rappelé furieusement un vieux combat d'il y
a une bonne vingtaine d'années : celui, perdu (mais seuls les
perdants peuvent être magnifiques...) contre le stade de la
Praille. D'où la nostalgie. C'est un doux sentiment, la
nostalgie. On remercie donc nos gouvernants de la susciter. Et
de nous rajeunir de vingt ans.
Ouaa, c'est fait, on a été informés de la hausse (forcément, des baisses, faut pas rêver, même en temps de pandémie) des primes d'assurance-maladie. A G'nêêêêve, elles augmentent en moyenne d'un franc nonante pour les moins de 26 ans et de un franc vingt au-delà. On pouvait pas s'en passer, d'une augmentation pareille, ça aurait risqué d'habituer les bons cons d'assurés à ne pas être plumés chaque année un peu plus. Et puis, bon, quand même, elles ont baissé, les primes pour les moins de 19 ans. De dix centimes, elles ont baissé.. Zêtes trop bon...
Le président (vert) de la commission des finances
considère, dans la « Julie» qu'il y aurait un «manque de
cohérence à voir la collégialité» du Conseil admi-nistratif de
gauche «rompue dès le premier budget» par une socialiste... On
répondra qu'il y aurait plus d'incohé-rence encore à ce que la
gauche, majo-ritaire au Conseil administratif et au Conseil
municipal, oublie en octobre ce qu'elle promettait en avril :
répondre à la crise et l'urgence sociales...
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