Fonds de tiroir

 

Avis de naissance : Il avait fallu des décennies pour que la Suisse accouche d'un congé-maternité. Et une palanquée d'interventions parlementaires, puis d'une initiative, pour qu'elle accouche hier d'un bref congé-paternité. Combien de temps de gestation faudra-t-il pour que naisse un congé-parental ? D'entre toutes les qualités indispensables à l'action politique, y'a la patience. Il nous en fallu, il nous en faut, il nous en faudra encore. Pour le congé parental, donc, mais aussi pour la diminution du temps de travail, le partage des tâches domestique, éducatives et de soins. Il y a un début à tout, le congé-paternité adopté dimanche en est un. Un petit premier pas d'une marche qu'on ne souhaiterait tout de même pas trop longue... parce que forcément, des fois, on fatigue...

Rien de tel qu'une bonne pandémie pour qu'à la suite du virus ou du bacille coupable se mettent à proliférer les âneries, les remèdes foireux (on parle pas de la chloroquine, là... quoique...), les conseils imbéciles. On sera donc avec retard reconnaissant au «Temps» de nous avoir, déjà en mars, dessillés :  non, les huiles essentielles ne servent à rien contre la covid-19, vu que le virus ne se balade pas dans l'air comme celui de la tuberculose, mais se trouve dans des gouttelettes. Non, se mettre au soleil ne sert qu'à choper un coup de soleil : le virus s'en fout, il se porte très bien en Californie. Non, boire chaud ne lui fait ni chaud ni froid, au virus. Non, manger de l'ail ne protège pas du coronavirus (sauf que ça aide à maintenir la distance sanitaire, si on en mange beaucoup). Et non, se faire des gargarismes ne sert à rien non plus, même si on s'en fait avec de l'eau tiède, salée ou vinaigrée. Et si vous vous gargarisez en public et que vous l'avez, le virus, vous risquez même de diffuser des gouttelettes infectées... Et se gaver de nicotine, ça inhibe pas le mécanisme de l'infection, contrairement à ce qu'on croyait. Et prier, alors, ça sert à quelque chose ? euh... le pangolin se marre...

Comme tous les cinq ans, la Ville de Genève a désigné ses représentants (celles et ceux du Conseil municipal, celles et ceux du Conseil admi-nistratif) au Conseil de fondation du Grand Théâtre. Un cénacle presti-gieux (la preuve : on y a sévi) et donc fort prisé. Le choix des augustes conseillères et conseillers fait donc jaser. Comme celui de Rémy Pagani comme l'un des sept représentants (un par groupe) du Conseil municipal. Et comme, depuis avant-hier, celui de Sandrine Salerno comme représentante du Conseil administratif -au sein duquel elle siégea pendant 13 ans. Le Conseiller administratif Sami Kanaan et la Conseillère administrative Frédérique Perler y siégeant comme membres de droit, on voit avec ces quatre magistrats en place ou tout juste rangés des voitures officielles municipales que la place Neuve est encore plus proche du Palais Eynard que la Roche Tarpéienne du Capitole. Le Conseil administratif a encore désigné le fiscaliste et avocat Xavier Obserson (il fut celui de Pierre Maudet) pour présider la Fondation. Voilà. C'était notre carnet mondain. ça manquait à cette feuille, un carnet mondain. Pour l'horoscope, le mot croisé et le sudoku, on verra plus tard.

On croit généralement que le coronavirus du Covid-19 a été transmis aux humains par un pangolin qui l'avait chopé d'une chauve-souris. Calomnies que tout cela, innocents comme des boucs-émissaires, le pangolin et la chauve-souris : le coupable, c'est le raton-laveur. Dont même le nom anglais (racoon) est l'anagramme de corona. La preuve ? il passe son temps à se laver les mains, le raton-laveur.

Comme on le sait, l'initiative «Zéro pertes» n'a été acceptée qu'avec une avance de 70 voix. Mais ça, ce n'est que de l'arithmétique. En fait, son acceptation résulte d'un vote clair en sa faveur en Ville de Genève (56 % de « oui ») et dans les autres villes du canton (avec un record à 58 % à Vernier). On a niqué les ploucs...

A Vandoeuvres, Cologny, Collonge-Bellerive et Anières, le salaire minimum a été refusé à plus de 60 % des suffrages. On serait curieux de connaître le salaire ou le revenu moyen des votantes et des votants de ces communes friquées.

Faut pas croire tout ce qu'on dit sur la HSPG (la haute société protestante genevoise) : son église (l'Eglise protestante genevoise, donc) est fauchée comme les blés, au point qu'elle en est réduite à demander du pognon aux pauvres dans notre genre, sous le prétexte parfaitement frauduleux qu'on serait un «membre engagé» de la communauté protestante genevoise. Engagé, on veut bien l'être, mais on ne l'a jamais été là. Ou alors, on était bourrés. Bref, elle nous réclame des sous, l'église. Pour restaurer ses temples, en nous rappelant que «depuis 1907, les frais de fonctionnement et de protection des temples ne sont plus financés par l'Etat». Ouais, la laïcité, ça a un coût, les églises doivent désormais elles-mêmes entretenir leurs lieux de culte, et c'est un gouffre à pognon, ces trucs. Donc, si on veut (comme nous le dit l'église dans son papillon d'appel aux dons) pouvoir entendre «le son harmonieux des orgues», admirer «une horloge, une façade, des vitraux», découvrir en nous promenant «la beauté et la sobriété des temples protestants genevois» (et pas seulement les dorures de l'église russe), payez votre obole, aidez votre église (ou l'église qui n'est pas la vôtre, on s'en fout, on cause patrimoine, pas religion) à réparer les fissures du Temple de Carouge et les tapisseries du Temple de Vernier (les toits de ces temples ont des fuites qui font des dégâts), défloquer les voûtes du Temple de la Madeleine, consolider la structure et restaurer le Temple de la Fusterie (y'en a carrément pour 15 millions de travaux, mais là, la Ville et l'Etat peuvent aider, comme ils l'ont fait pour l'église russe et la basilique catho de Cornavin, vu que ce ne serait pas une aide cultuelle mais patrimoniale)... en gros y'en a pour 25'000 balles pat temple, et y'en a 48, et le budget de l'église pour leur entretien est de 1,2 million par an, et ça suffit pas... Ouala, on a fait notre BA. Parce qu'après tout, nombre de temples valent d'être entretenus. Et que c'est pas antilaïque que d'entretenir un patrimoine qui en vaille la peine. Même s'il est constitué d'édifices religieux ? Ouais, même. C'est l'avantage d'être irréligieux : on peut considérer un temple pour sa valeur historique en se contrefoutant de son usage cultuel. D'autant que comme les temples protestants ne sont pas des lieux consacrés, on peut les considérer comme n'importe quels autres lieux qui ont une histoire : un cinéma, un manège, une maison d'habitation, un bistrot... C'est ça, la laïcité : l'indifférence absolue à la fonction religieuse d'un édifice, l'intérêt absolu à sa valeur architecturale, historique, mémorielle. Et puis, comme on a affaire à des lieux protestants, on risque pas de se voir proposer une indulgence en échange de son obole...

Commentaires

Articles les plus consultés