Fonds de tiroir

 

Rubrique «y'en a point comme nous (ou presque)» : selon l'indice de déve-loppement humain, qui mesure qua-litativement le niveau d'un territoire en fonction de trois indcateurs : le PIB, l'espérance de vie à la naissance et le niveau d'éducation, la Suisse se classe deuxième sur 189 pays, et n'est devancée que par la Norvège. Dans les dix premiers du classement, on trouve sept pays européens, dont trois scandinaves (la Norvège, l'Islande et la Suède), deux territoires asiatiques (Hong Kong et Singapour) et l'Australie. Quant aux dix derniers (du 180ème au 189ème rang), ils sont tous Africains et subsahariens. On parle bien des pays, là, pas des gens. Et on s'autorise à se demander ce qu'il en aurait été de ce type de classement si on l'avait établi il y a un, deux, ou cinq siècles, quand la Suisse et les actuels pays scandinaves étaient des pays pauvres, dont les habitants émi-graient (ou se faisaient mercenaires) et que de grands empires florissaient en Afrique... ou il y a mille ans, quand la Chine avait des siècles d'avance sur le reste du monde... Ouais, ben comme disait le camarade Héraclite, tout change tout le temps...

Un lecteur de la «Tribune de Genève» a tenté, dans l'édition du 21 octobre, de ressusciter la vieille lune de l'abolition de la commune de Genève, avec une argumentation tout à fait digne d'un tel projet : de gros contribuables de la Ville qui ne résident pas en Ville mais y paient une partie de leurs impôts, du fait du partage de l'impôt entre la commune de résidence et celle de travail, ne peuvent pas voter en Ville, ce qui assu-rerait à la gauche une majorité «arti-ficielle» au Conseil municipal et au Conseil administratif. Que de petits contribuables, ou des gens qui n'ont mê-me pas un revenu assez élevé pour être contribuables, ne peuvent pas non plus voter en Ville parce qu'ils n'ont le droit de vote nulle part, ça ne l'émeut pas -ce qui l'émeut, c'est que de gros contri-buables votant à droite doivent voter à Cologny, à Vandoeuvres, à Collonge-Bellerive ou à Anières mais ne puissent pas aussi voter à Genève (et avoir ainsi un double droit de vote -bonjour le suffrage censitaire). Pour ce nostalgique de la Genève d'Ancien Régime, celle qui avait aboli la commune de Genève en 1815, l'existence de la Ville comme entité politique est «artificielle» (elle a pourtant été imposée par une révolution et ratifiée par le peuple à chaque fois qu'il a adopté une constitution, mais ça, il s'en fout, notre nostalgique) et ne repose que sur une «idéologie» (ouais : la démocratie...) «qui avait sa justification en 1842 quand cette commune a été créée» (en fait, elle a été créée en 1798 : en 1842, elle n'a été que recrée parce qu'on s'était rendu compte de l'absurdité de la situation faisant de Gy ou de Céligny des communes de plein droit mais le niant à Genève...), mais n'en aplus aucune aujourd'hui. D'où son rêve étrange et pénétrant : «faire gérer l'agglomération ville de Genève par l'ensemble du canton». Ce qui au-rait pour conséquence de priver 40 % des citoyens du canton (ceux qui votent en Ville) de tous leurs droits politiques municipaux (élections, votations, ini-tiatives municipales), et tous les étran-gers habitants de la Ville qui y disposent du droit de vote et d'élection, de la totalité de leurs droits politiques, puisqu'ils n'ont que les droits politiques municipaux. Mais bon, ça, ce sont des critères démocratiques, on comprend que notre taborniau nostalgique s'en foute... et qu'il se foute par conséquent de la règle, tout aussi démocratique, qui veut qu'on ne peut pas supprimer une commune sans que les citoyennes et les citoyens de ladite commune l'acceptent...

C'est le « Matin Dimanche » qui nous l'apprenait le 20 septembre : La Poste, toujours à l'affût des innovations intelligentes, teste dans deux villages, Bassecourt (Jura) et Aesch (Bâle-campagne) la distribution hebdomadaire du courrier, au lieu de la distribution journalière. Le syn-dicat dénonce un « mauvais signal ». Il a tort, c'est un excellent signal. De l'état du service public.

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