Fonds de tiroir

 

Ils ont rien dit sur CNN et Fox News des élections jurassiennes... Ce deux poids deux mesures est agaçant. Alors on vous résume cette élection que le complot médiatique pédo-sataniste a passé sous silence : Le PDC, qui déte-nait encore la majorité absolue des sièges du gouvernement jurassien en 2002, en avait ensuite perdu un, puis un autre ce printemps, et voulait en regagner un. C'est raté : les cinq sortant.e.s ont été réélu.e.s. Y compris le sortant chrétien-social David Eray dont le siège était convoité par le candidat démo-chrétien Stéphane Barbey. Un choc de titans entre le centre gauche et le centre droit. Et c'est le centre gauche qui a gagné. Et le gouvernement reste composé de deux socialistes, un démo-chrétien, un PLR et un chrétien social. Ouala. Alors, hein, le dilemme Trump ou Biden, à côté, c'est de la gnognotte.

La carte des votes à la présidentielle américaine, telle qu'elle se dessine quand on la fait comtés par comtés (et il y en a 3143), illustre la coexistence, et la contradiction, de deux Amériques (en assimilant abu-sivement les USA à l'«Amérique» en oubliant le Canada et le Mexique), de deux sociétés étasu-niennes : celle des grandes villes et de leurs banlieues et celle des petites villes et des campagnes. La première vote démocrate (Washington a voté Biden à 93 %...), la deuxième vote républicain. La première a voté Biden, la deuxième a voté Trump. Et lors de l'élection présidentielle, le choix politique d'un Etat dépend en grande partie de la présence ou non d'une métropole sur son territoire, et quand les grandes villes ne font pas la décision de l'Etat, comme au Texas ou en Floride, leur choix reste contraire à celui de l'Etat : le Texas a voté Trump, mais Houston, Dallas, Austin, San Antonio ont voté Biden. Et dans le «Deep South«», qui a voté Trump, Atlanta, La Nouvelle-Orléans, Birmingham, Charleston, Jackson ont voté Biden. Ce n'est d'ailleurs pas une spécificité étasunienne, que ce clivage entre les villes et le reste des territoires : en France, la gauche a emporté les plus grandes villes, dans un pays qui élit le plus souvent à droite. Et même à un échelle plus petiote (qu'on nous pardonne ce soudain accès de modestie), à Genève, les villes sont à gauche quand le canton est majoritairement à droite. Et c'est le poids des villes qui fait basculer une élection ou une votation à gauche. Et on est bien content d'habiter une ville. LA Ville, même (l'accès de modestie fut bref)...

Un tiers des Suisses auraient un penchant pour les thèses conspirationnistes, selon une étude de l'Université de Zurich réalisée en 2019 et présentée dimanche par la Sonntagzeitung. 9000 jeunes et 2000 adultes ont répondu par l'affirmative à des questions du genre «existe-t-il des organisations secrètes qui ont une grande influence sur les décisions politiques?», «pensez-vous que les politiciens ou que d'autres dirigeants sont les marionnettes de forces obscures? Ben ouais, évidemment, pourquoi même poser la question, y'a un doute ? Et ceux qui en doutent, ils feraient pas partie de la conspiration, des fois ?

Dimanche, on était le 18 Brumaire. Et Trump se bunkérisait à la Maison Blanche. Même pas foutu de faire un coup d'Etat cet inculte...

On peut pas dire qu'elle nous manquait, ni qu'on allait l'adopter, mais une typographie «inclusive» a été inventée par un étudiant genevois : l'Inclusif-ve, avec 40 ca-ractères épicènes. Et son inventeur a reçu le Prix «arts humanité» de la Croix-Rouge. La nouvelle typo (qui n'est pas une typo mais seulement une police de caractères, vu que la typo, y'a plus que quelques artisans qui en usent) contient des graphèmes non genrés, en associant plusieurs lettres en une seule permettant de l'utiliser pour des mots féminins et des mots masculins (on a ainsi fu-sionné le M et le P pour pouvoir écrire indifféremment  «père» ou «mère»)... Petit problème : pour des personnes allophones ou mal-voyantes, c'est carrément illisible. Mais on s'en fout, nous, on utilise des polices de caractères genre garamond, vieilles de presque 500 ans, pas épicènes pour deux liards, et on en est très contents...

A Genève, l'application du salaire minimum de 23 francs, accepté en votation populaire, oppose syndicats et Conseil d'Etat -qui a décidé de ne pas augmenter les salaires dans l'agriculture (il restera à 17 francs de l'heure dès le 1er janvier) et la floriculture (où il stagne à 15 francs 60 de l'heure). Ce qui fait dans les 3500 francs par mois pour 45 heures de travail. Pour les hauts salaires des cadres des entreprises fédérales des entreprises publiques, le gouvernement fédéral a été bien plus clément que le gouvernement cantonal : il refuse de les plafonner... à un million par an. Les dirigeants des CFF, de Ruag, de La Poste, de la Suva, de Swisscom, de Skyguide et de la SSR pourront continuer à être payés plus que leurs conseillers fédéraux de tutelle. Et vingt ou trente fois plus qu'un salarié de l'agriculture ou de la floriculture genevoises. Ben ouais, quoi, pas toucher aux droits acquis, c'est toujours un principe syndical, non ?

 « Nous devons créer une loi sur les unions civiles afin que les personnes homosexuelles aient une couverture légale. Les homosexuels sont fils de Dieu, ils ont droit à une famille », a donc déclaré le pape François. Et ça fait un beau buzz. Il avait d'ailleurs défendu la même idée en 2010, quand il n'était qu'archevêque de Buenos Aires. Les organisatgions LGBT ont salué le courage du pape. En oubliant toutefois qu'il ne suggérait qu'une union civile, sans oser toucher au sacrement du mariage comme union hétéro a destination procréatrice. Mais bon, il est pape, quand même, François, il doit bien lui rester un fond de conservatisme catho, déjà que sa prudente défense d'un union civile entre homos lui a valu d'être accusé par son prédécesseur, Benoît XVI, devenu  «pape émérite», de favoriser l'arrivée de l'Antechrist, il veut quand même pas finir sur le bûcher...

Chronique du sport comme école du «vivre ensemble» (on ne s'en lasse pas) : après un match de 5e ligue (on ne savait même pas que ça existait) entre les deux clubs vaudois de Chêne-Aubonne et d'Echandens III, un joueur d'Echandens a été passé à tabac dans les vestiaires par six joueurs de l'équipe adverse, et a dû recevoir des soins à l'hôpital. La licence des agresseurs a été suspendue et leur club, qui a écopé d'une petite amende de 720 balles, les a interdit d'entraî-nement. Ouala. Mais après tout, c'est vrai que se cogner dessus, c'est une manière de «vivre ensemble», non ?

Le 22 août 2014, une fusillade devant la mosquée de Saint-Gall fait un mort. Le Conseiller national UDC valaisan Jean-Luc Addor jubile : « on en redemande !» poste-t-il sur Twitter et Facebook. Il sera condamné pour discrimination raciale par le Tribunal de Sion, à 60 jours-amende avec sursis et 3000 francs d'amende. Il fait appel, le Tribunal cantonal du Valais confirme sa condamnation. Il refait appel, le Tribunal fédéral confirme la confirmation. Il a eu beau expliquer qu'il avait pratiqué l'antiphrase, qu'il a dit le contraire de ce qu'il pensait, les tribunaux ne l'ont pas cru : son « on en rede-mande  » correspond trop, au fond, à de multiples déclaration islamo-phobes de sa part pour qu'on ne puisse y voir de l'ironie. Seulement une franchise malencontreuse. C'est l'avantage des cons : ils dissimulent mal leur connerie.

Il faut s'inquiéter, surtout en ce moment, de la situation matérielle des personnes âgées. On s'inquiétait donc de la situation matérielle de Christoph Blocher (80 ans). On est rassurés : il va toucher rétro-activement cinq ans de retraite de Conseiller fédéral (c'est un an de plus que le temps qu'il a passé à cette fonction avant de se faire lourder par le parlement) et ça devrait lui faire un petit million, en plus de ce qu'il va toucher normalement  : plus de 200'000 balles par an, quand même, soit 50 % de son salaire de ministre). C'est bon de savoir qu'on a réussi à sauver un possible nouveau pauvre de la misère...


Commentaires

Articles les plus consultés