Election partielle au Conseil d'Etat genevois : Fabienne et les sept...

 


On sait donc qui sont candidats (sept) et candidate (une seule) à l'élection partielle au gouvernement de Piogre : A droite, l'ex-PLR Pierre Maudet, le PLR Cyril Aellen, le Vert libéral Michel Matter, l'UDC Yves Nidegger (sous l'étiquette "Genève autrement") et le PBD Yann Testa. 
Si avec tout ce monde à droite, Pierre Maudet n'arrive pas à se hisser au deuxième tour, c'est vraiment qu'il l'aura fait exprès... A gauche, les Verts présenteront Fabienne Fischer, qui sera également soutenue par les socialistes puisqu'ils disposent déjà de deux sièges et n'en revendiquent pas un troisième, et le Parti du Travail fera un petit (premier) tour de piste (SolidaritéS y a renoncé), avec Morten Gisselbaek,
avant sans doute de se rallier à la candidate verte au second tour en ayant peut-être, empêché son élection au premier.  Le huitième candidat s'appelle Olivier Pahud, magicien professionnel et promoteur de jeux. Des qualifications en effet idéales pour siéger au gouvernement genevois. En fait, les seuls enjeu du premier tour de cette élection (un éventuel deuxième tour aurait lieu le 28 février) pourraient bien être l'élection ou non de Fabienne Fischer au premier tour, le score de Pierre Maudet et son maintien ou non au second tour... après qu'il soit passé devant le tribunal de police pour le procès de ses errements divers et variés.

Un peu plus qu'une formalité, autre chose qu'un fantasme

Vous voulez vous faire une idée des projets, des ambitions, de la culture politiques des candidats et de la candidate à l'élection partielle au Conseil d'Etat genevois, le 7 mars ? ne comptez pas sur la presque pleine page que le GHI du 7 janvier consacre aux réponses qu'elle et ils ont donné à la question, en effet "toute simple", que la journaliste Marie Prieur leur a posée : dans quel but être vous candidat.e ? A une exception près, celle de l'UDC Yves Nidegger, on a de réponses qu'un florilège de lieux communs proférés en pure langue de bois : le candidat PLR Cyril Aellen veut "restaurer la confiance" car "l'heure n'est plus à la mésentente,  la candidate verte Fabienne Fischer veut "soutenir les entreprises locales dans le respect de l'environnement et de la justice sociale, de l'égalité et de la diversité", le candidat du Parti du Travail Morten Gisselbaek veut "construire une autre société, ouverte, solidaire, égalitaire et écologique", le candidat verte libéral Michel Matter veut "une Genève ouverte, progressiste, innovante et solidaire, au service du bien commun, des libertés et de la transition écologique" et le candidat de Pierre Maudet, c'est-à-dire Pierre Maudet, veut "soutenir entreprises et commerces pour préserver les emplois et l'entreprenariat". Reste le sixième candidat, Yves Nidegger,: ans doute valait-il mieux qu'il n'exprimât pas ses convictions profondes s'il voulait rassembler un électorat plus large que le dernier carré des trumpistes genevois, mais on saluera tout de même l'effort de style, de vivacité et d'humour de sa réponse : "je ne peux me résoudre à laisser Poggia détruire nos emplois et Dal Busco notre mobilité pendant qu'Hodgers bétonne la campagne, Fontanet creuse la dette, Apothéloz atomise le social et Torracinta déprime l'école (pendant qu'on paie) Maudet à ne rien faire. Il reste huit semaines de campagne. On espère lire et entendre des six autres candidate et candidats à un siège au Conseil d'Etat autre chose que des truismes. ça aurait même dû faire partie de leurs bonnes résolutions de début d'année.

Si le PLR va évidemment tenter de récupérer le siège de son ex-Conseiller d'Etat, d'entre les partis gouvernementaux seuls les Verts et les socialistes le lui contestent : le PDC soutiendra le candidat PLR en attendant un échange de bons procédés aux élections normales de 2023, où il tentera de récupérer sur la gauche ou sur le MCG le siège perdu par Barthassat et le MCG, représenté (croit-il) par Mauro Poggia, ne présentera personne (malgré la tentative d'Eric Stauffer de se faire présenter par le parti qu'il avait lui-même quitté avec fracas) mais pourrait aussi faire semblant de soutenir soit le PLR (par détestation des Verts), soit l'UDC (qui a décidé de présenter une candidature après que le PLR ait refusé de s'engager à s'allier à elle pour les élections cantonales de 2023). Les Verts libéraux présenteront la candidature de Michel Matter, pour, comme le Parti du Travail faire un petit (premier) tour de piste pour se montrer, avant de se rallier à la candidature la plus proche d'eux (peut-être celle du PLR si Maudet ne lui grille pas la politesse, les Verts libéraux étant bien plus libéraux que verts) ou de laisser courageusement à leurs électeurs une liberté de vote dont ils disposent de toute façon... Comme si un parti politique n'avait pas d'autre moyen de se faire entendre que présenter des candidatures "de témoignage" lors d'élections qu'il n'a aucune chance de gagner... D'ailleurs, même le PBD présente un candidat, pour rappeler qu'il existe encore, pour quelques mois encore, avant sa fusion avec le PDC.

Interrogé (innocemment) par "Le Courrier", le nouveau président du Cartel intersyndical de la fonction publique, le député de SolidaritéS Olivier Baud ne manifeste pas un enthousiasme délirant pour "une campagne où la gauche aura de la peine à renverser la majorité, vu que les poids lourds chez les Verts ne veulent pas y aller" et rappelle que, même si la gauche devait prendre un siège au PLR et gagner la majorité aun gouvernement, "la dernière majorité rose-verte" au Conseil d'Etat (David Hiler, Charles Beer, Laurent Moutinot, Robert Cramer) "n'a pas laissé de bons souvenirs". On ne fera donc pas de cette élection partielle le moment possible d'un renversement fondamental du rapport des forces politiques. Ce qui ne signifie toutefois pas qu'elle soit sans importance : une majorité gouvernementale n'est certes que l'une des trois (avec la parlementaire et la populaire) qu'il faut gagner pour "changer vraiment les choses", mais la prendre peut permettre de se préparer à gagner les deux autres, et en attendant, de lever des obstacles à des propositions issues du parlement (même s'il reste à droite jusqu'aux élections suivantes) ou du peuple (par voix d'initiative), et d'affaiblir la capacité de la droite à imposer ses vues, notamment sur les questions fiscales et sociales. Fabienne Fischer a plaidé, devant l'Assemblée du PS pour l'établissement d'un revenu de base universel, pour une transition climatique et une fiscalité écologique, et pour une révision à la hausse des taux d'imposition des entreprises. Un vrai programme de gauche, donc. Ce qui n'empêche pas qu'elle ait reçu un cadeau de Noël inespéré,  de l'UDC, qui, en annonçant la candidature d'Yves Nidegger aurait, selon la "Tribune de Genève", exprimé le voeu qu'"à l'issue du premier tour, toute la droite se rallie derrière celle ou celui qui aura obtenu le plus grand nombre de voix". "Celle" ? ça ne peut-être que la candidate des Verts et du PS, Fabienne Fischer, seule femme candidate. Qui a toutes les chances de se retrouver en tête du premier tour. Au point qu'il n'est pas totalement absurde d'espérer qu'elle y soit élue, à la majorité absolue requise. Il ne nous reste qu'à nous en donner les moyens.  C'est plus qu'une formalité, c'est autre chose qu'un fantasme : un enjeu politique.

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