Solidarité avec les syndicats indépendants de Biélorussie et d'Algérie
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"Le régime a entrepris de se venger sur ceux qui
ont osé dire "Non""
Lors des "printemps" tunisien et égyptien, comme plus tard lors du "hirak" algérien, les syndicats autonomes étaient parmi les rares organisations préparées à résister à la répression. A laquelle ils sont toujours, avec les mouvements dont ils sont partie prenante, confrontés. Et c'est également le cas en Biélorussie. En Algérie comme en Biélorussie, de nombreux syndicalistes se retrouvent donc ciblés par la répression. Et lorsque les mouvements sociaux ont dû quitter la rue pour cause de pandémie, et se réfugier sur les réseaux sociaux, la répression les a suivis.
En Algérie, le mouvement populaire, le "hirak", a deux ans. Né du refus d'accepter l'annonce de la candidature du président Bouteflika, subclaquant,. à un cinquième mandat, il s'est élargi et approfondi, notamment grâce à une participation massive des femmes, en un mouvement revendiquant un profond changement des institutions et de la société. Auto-organisé, refusant toute délégation de pouvoir et toute subordination à une organisation existante, occupant la rue dans de gigantesques manifestations dans tout le pays, il a, dès le départ, pu compter sur la participation des militantes et militants des syndicats indépendants, et sur le soutien de ces syndicats, dans la mesure de leurs moyens. L'arrivée du coronavirus a interrompu les manifestations de rue, mais le mouvement a alors investi les réseaux sociaux. Le régime en place, sous ses masques successifs, a intensifié la répression, surveillé les media en ligne et les réseaux sociaux, poursuivi blogueurs et blogueuses, journalistes, syndicalistes. La surveillance de l'Etat se renforçant, la formation des activistes à la sécurité numérique, à la protection de leurs messages et de leurs appareils, devient d'autant plus nécessaire : c'est à cette formation que le SOLIFONDS apporte son soutien, et qu'il nous appelle à apporter le nôtre.
Ce qui vaut pour l'Algérie vaut pour la
Biélorussie, où le mouvement populaire de protestation est né de
la proclamation de la réélection du président Loukatchenko à
l'issue d'un scrutin truqué, auquel ont immédiatement répondu
des manifestations de rue et des grèves dans les entreprises
publiques. Là encore la répression s'est abattue sur le
mouvement, plus brutalement encore qu'en Algérie : des centaines
de manifestants ont été blessés, des dizaines tués, des dizaines
de milliers arrêtés, emprisonnés, poussés à l'exil, certains torturés. Et d'entre
eux, nombre de syndicalistes. "Le régime
a entrepris de se venger sur ceux qui ont osé dire "Non"",
résume la syndicaliste Lisaveta Merliak, elle-même arrêtée en
août dernier. Quittant le syndicat officiel à la botte du
pouvoir, des milliers de travailleuses et de travailleurs ont
rejoint les syndicats indépendants, dont des centaines de
membres ont été licenciés, et beaucoup poursuivis, pour avoir
manifesté leur refus d'accepter la rééelection frauduleuse de
Loukatchenko.
En Algérie comme en Biélorussie, les syndicats
indépendants ont été créés il y a bientôt trente ans, la la
faveur de la brève éclaircie démocratique survenue en Algérie à
la fin du régime du parti unique et en Biélorussie à la chute de
l'Union Soviétique. Et en Algérie comme en Biélorussie, il n'a
fallu que quelques mois pour que la répression s'abatte sur eux,
dès le début de la "décennie noire" en Algérie, dès l'élection
de Loukatchenko, en 1994, en Biélorussie. Pour autant, ils sont
toujours là, ces syndicats indépendants, même non reconnus par
les régimes en place. Toujours là dans les luttes syndicales, et
dans le mouvement démocratique. Et ils ont plus que jamais
besoin de notre soutien.
Renforcer l'organisation syndicale indépendante à
partir de la base pour renforcer sa capacité à résister à la
répression, et renforcer la capacité des militantes et des
militants à user en toute sécurité des réseaux sociaux, tel est
l'enjeu de la solidarité à laquelle le SOLIFONDS nous appelle.
SOLIFONDS mail@solifonds.ch www.solifonds.ch
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