Election partielle au Conseil d'Etat genevois : A dans deux ans !
Genève, Lausanne, Yverdon, Nyon, Renens, Moutier, et même en Valais -et en plus, il faisait beau : on a passé un beau dimanche... Pour en revenir au centre du monde,contrairement aux craintes de beaucoup et aux espoirs de quelques uns, on n'a "pas peu" voté, à Genève, hier (42,74 % de participation). Et vu le résultat, on s'autorisera à ajouter qu'on a "bien voté", dans une élection qui, au terme d'une étrange campagne, et pour un étrange enjeu, a plus mobilisé qu'attendu. Au premier tour de cette élection partielle au Conseil d'Etat, la participation avait déjà dépassé 48 %, un record depuis 25 ans -mais on se prononçait sur une palanquée d'objets, dont un objet fédéral (l'initiative "antiburqa") et un objet municipal (le parking de Rive) mobilisateurs. Et lors de l'élection générale du Conseil d'Etat, en 2018, la participation n'avait été que de 35 % au second tour. Vendredi, on l'avait déjà dépassée... On a donc repourvu par Fabienne Fischer le siège laissé vacant par la démission de Pierre Maudet, qui entendait bien s'y rasseoir. Mais on ne l'a repourvu que pour deux ans. Toutes les cartes de ce jeu de bataille seront rebattues en 2023, avec, aujourd'hui, une gauche à 41,8 % (mais à plus de 50 % dans ses bastions de la Ville, comme les Pâquis, la Jonction, Plainpalais, les Acacias, Saint-Gervais) et une droite à 58.2 % (toutes familles recomposées ensemble, mais les scores de Delphine Bachmann et d'Yves Nidegger sont presque anecdotiques...). Des trois majorités qui nous sont nécessaires pour pouvoir vraiment "changer les choses", on en gagné une, la gouvernementale. Nous restent donc les deux autres à conquérir, dans les urnes et dans la rue : la parlementaire et, surtout, la populaire. A dans deux ans !
Même minoritaire, un camp uni est plus fort qu'un camp désuni
La campagne un tantinet délirante
des groupies de Maudet ne lui aura pas permis de rattraper son
retard du premier tour. Elle aurait plutôt aidé Fabienne
Fischer à maintenir son avance, et on s'autorisera donc à
saluer leur dépit d'une légère schadenfreude, alors que toute la droite entonne le refrain ""59% des
voix exprimées sont de droite, 41% de gauche. Et c'est
pourtant la candidate de gauche qui est élue !". Un point
sur lequel les groupies de Maudet et le président du PLR
semblent tomber d'accord. Comme si l'incompétence politique
de la droite délégitimait la victoire de la gauche... comme
si dans tous les récents scrutins référendaires (salaire
minimum, multinationales responsables, port de la burqa,
élections fédérales, et on en passe) la gauche n'avait pas
été majoritaire... ou comme si empiler les électorats de
Maudet, Bachmann et Nidegger sur l'un, l'une ou l'autre des
trois était concevable, quand deux des trois ne cessaient de
proclamer leur détestation du troisième, que Nidegger disait
pis que pendre des deux autres, que Bachmann ne cessait de
vouloir se différencier du reste du trio et que Maudet
jouait au "ni gauche ni droite" pour tenter de capter une
partie de l'électorat de gauche... Il y a certes de
l'arithmétique, dans une élection, mais elle ne se réduit
pas à des additions.Et on ne peut réprimer un léger sourire
à entendre la présidente de l'UDC genevoise, Céline
Amaudruz, plaider pour l'union de "toute la droite" après
avoir qualifié le PDC de parti de gauche... et après que
l'UDC ait balancé son propre candidat contre le mieux placé
des candidats de la droite au premier tour... "La droite en miette devra être entièrement
reconstruite", savoure, faussement apitoyé, le candidat
UDC Yves Nidegger, qui expliquait sa candidature par la
nécessité pour l'UDC, "qui veut peser dans cette
reconstruction (...) de montrer sa force électorale".
C'est fait : 11 % des suffrages.
Nul n'est besoin de convoquer
Clausewitz et Sun Tzu pour concevoir que même
minoritaire, un camp uni est plus fort qu'un camp
désuni, même majoritaire. Et que sa victoire n'est
pas rendue moins légitime par l'incompétence des
défaits. En tout cas,
pour l'union de toutes les droites genevoises du PDC à
l'UDC, en passant sans doute par le MCG, voire les Verts
libéraux, c'est assez mal parti après l'élection de
dimanche : les soutiens de Bachmann, Nidegger et Maudet se
répandent dans les rézos pour ne clamer la nécessité de
l'unité qu'après avoir injurié copieusement leurs putatifs
alliés : des traîtres, des diviseurs, des irresponsables,
des fourriers de la gauche... continuez comme ça les gars
(on vous épargne le féminin), la prochaine fois, on n'aura
même pas besoin de 40 % des suffrages pour gagner, 20 %
suffiront.
La prochaine fois ? c'est dans deux ans.
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