Fonds de tiroir

 Si elle n'est pas très bien portante en ce moment, la droite genevoise n'est pas morte, ce qui permet à quelques Diafoirus se pressant à son chevet de la gratifier d'incantations propitia-toires, telle celle lancée dans le dernier GHI par Le Journaliste, appelant à  «reconstruire la droite, sur les décombres» -ce qui, soit dit en passant (au large) n'est pas ce qu'on fait de mieux comme fondations pour un édifice solide -surtout si on attend une reconstruction de tout «l'espace compris entre la gauche et l'UDC», ce qui comprend le PDC (pardon : le Centre) et les Verts libéraux, dont il ne nous semblait pas qu'ils soient candidats à une reconstruction de la droite. Surtout sous la forme prêchée d'une «droite de la rue»... Boulanger, Poujade, revenez, on a besoin de vous à Piogre !

Le débat fait rage entre patrons à propos du soutien de la Chambre de commerce et d'industrie à Pierre Maudet. Dans la «Tribune» de mercredi,  «Pour faire barrage à la gauche, il faut une locomotive» s'exclame un patron maudétiste (le boulanger Stéphane Oberson). A qui répond sur la même page, un patron antimaudétiste, Eric Dubouloz, qui condamne la recommandation de vote de la Chambre de commerce et d'industrie «pour une caricature de patronat, un patronat à l'ancienne, masculin (bien évidemment), mettant en avant le copinage et le retour d'ascenseur, manipulateur, ayant une conduite autgoritaire et désordon-née» : Pierre Maudet, donc, qui «ne fait pas honneur à l'économie», pas plus que «la décision déplorable de vendredi ne fait honneur à la CCIG». Fermez le ban. Euh, non, pardon, pas tout de suite : Boris Siegenthaler, patron et cofondateur d'Infomaniak exprime, «en tant que chef d'entrepri-se depuis 25 ans», son soutien à Fabienne Fischer, «seule candidate à même de répondre à l'urgence climatique et d'accélérer la révolution verte qui sera source d'empois locaux et durables». Bon, ben on va le garder, notre fournisseur d'accès internet... 

«Le Courrier» vendredi, «la Tribune» samedi, ont publié un débat entre les candidats et les candidats au Conseil d'Etat. Les quatre ? Ouais, dans «Le Courrier», vu que dans la «Tribune», y'en avait que trois : Fabienne Fischer, Delphine Bachmann et Pierre Maudet. Et Yves Nidegger, alors, il sent le pâté ? Faut croire : il sera interviewé tout seul, sous prétexte qu'il était retenu à Berne pour la session parleme-taire. Il avait pourtant pris part au débat retranscrit dans «Le Cour-rier«» et avait été présent au débat sur «Léman Bleu»...  Mais bon, faut pas mélanger le torchon avec les serviettes dans la «Tribune»...

Au terme d'une campagne électorale hors norme, où ses partisans se sont comportés et comportées comme des groupies de chanteurs à minettes des années soixante du siècle dernier, il faut en convenir : Pierre Maudet marche sur les eaux (qu'il change en vin), ressuscite les morts (même lui), redonne la vue aux aveugles, fait gambader les paralyti-ques et guérit les écrouelles. Fabienne Fischer, non. C'est même pour cela que c'est elle qu'il faut élire au Conseil d'Etat. Parce que la place des thaumaturges, c'est dans les temples, pas dans les gouvernements.

Le co-président et la coprésidente du PS, et l'ancien président du Conseil d'Etat Laurent Moutinot, sont montés au front pour démentir toute discorde au sein du parti sur le soutien à Fabienne Fischer dans l'élection partielle au Conseil d'Etat. Ce qui, incidemment, laisse précisément supposer que discorde il y a, sans quoi on aurait pas besoin de démentir qu'il y ait (vous suivez ? pas le PS, apparemment). C'est toujours comme ça qu'on entretient les doutes quand on se démène pour dire qu'il n'y en a pas . A part ça, Laurent Moutinot a plaidé pour l'élection de Fabienne Fischer afin d'éviter la crise institutionnelle que provoquerait la réelection de Pierre Maudet. Quand on vous disait que ce type était le fils naturel de Bakounine et de Louise Michel... Bon, d'accord, ni lui ni elle ne l'ont reconnu et il a passé toute sa jeunesse dans une famille d'accueil radicale genevoise, les Fazy-Favon, mais chassez le naturel, il revient au galop...

Fabienne Fischer, à l'appel du parti du Travail, a exprimé son soutien au projet d'initiative populaire de la gauche et des syndicats pour une hausse de l'impôt sur les fortunes de plus de trois millions de francs, s'est engagée à s'opposer, en tant que Conseillère d'Etat, à tout expulsion par vol spécial à partir de Genève (et là, son élection serait décisive, puisque socialistes et verts seraient majoritaires dans le gouvernement d'un canton qui est responsable de l'exécution des renvois de requérants d'asile déboutés), et s'est engagée à soutenir la mise en place de contrôles réguliers et impromptus dans les entreprises afin de lutter contre les abus patronaux et faire respecter es droits des apprentis. Bref, Fabienne Fischer est une candidate de gauche. Damned !

Après sa condamnation à 300 jours-amende avec sursis pour «accepta-tion d'un avantage», les avocats de Pierre Maudet ont annoncé faire appel. Ils ne seront pas seuls dans cet exercice : le Ministère public aussi, fera appel : il avait requis 14 mois de prison et voulait que Maudet ne soit pas seulement condamné pour un escapade abudhabesque, mais aussi pour un sondage qu'il s'était fait offrir par des copains. Le procès repart donc de zéro pour aboutir on ne sait pas vraiment à quoi, et se tiendra devant la Chambre pénale d'appel et de révision. D'ici là, Maudet est à nouveau présumé innocent. Comme l'agneau qui vient de naître, pas comme le bouc émissaire qui va mourir. Tiens, c'est pas mal, comme fable, ça, «L'agneau et le bouc», faudrait la rédiger et l'enseigner dans les zécoles, en cour d'instruction civique. Ah merde, c'est vrai, y'en a plus, des cours d'instruction civique.

Allez, à la demande générale, un chti sondage vachement crédible pour vous préparer au résultat de l'élection partielle au Conseil d'Etat genevois.  Echantillon du sondage : une personne, totalement représentative d'elle-même (mais pas avant 14 heures). Résultat : Fabienne Fischer, autour de 40 % des suffrages. Pierre Maudet, autour de 30 %. Delphine Bachmann et Yves Nidegger, autour de 15 %  chacun.e. Marge d'erreur : 100 %.

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