Notre refus du projet de parking "Clé-de-Rive" : "dynamique et convivial"
Vous n'avez plus que demain. de dix heures à midi pour voter, dans votre local de vote,
si vous habitez en Ville de Genève, sur le projet de
parking "Clé-de-Rive". On a dit "projet de parking" ?
Mille excuses : non, ce n'est pas un parking dont des
privés veulent gratifier les abords du rond-point de Rive,
sans avoir eu à se soumettre à une étude d'impact
environnemental : c'est, insistent-ils dans toute leur
campagne, un "hub de mobilité". De six-étages en sous-sol,
pour 500 voitures et 400 deux-roues motorisés. C'est vrai
qu'on pourrait confondre avec un parking... Mais ce n'est
pas un parking, c'est un "pôle de mobilité ultramoderne"
grâce à quoi "convivialité et animation seront au
rendez-vous, avec la présence de terrasses et d'un marché
permanent". Après des années de travaux, quand même, mais
que sont des années de travaux quand on vous promet "une
zone piétonne digne de ce nom". Digne de quel nom ?
"Clé-de-Rive apportera dynamisme et convivialité" assurent
ses promoteurs. Quoi de plus dynamique et convivial, en
effet, qu'un parking ? Le refuser, certainement...
Produire un vote
utile, contre un projet inutile
Sur quoi vote-t-on, en Ville de
Genève ? Sur un projet, Clé-de-Rive, qui manifeste la volonté de
continuer à favoriser l'accès en bagnole
au centre de la ville, une zone qui
dispose déjà de plus de places de
stationnement que nécessaire. Cet accès
au centre-ville, un tel projet veut la
favoriser pour les automobilistes
résidant hors de la Ville, puisqu'en
vingt ans (de 2000 à aujourd'hui), la
part des ménages non-motorisés en Ville
de Genève a augmenté de 50%, passant de
30 à au moins 43 %, ce qui réduit encore
le nombre nécessaire de places de
stationnement au centre pour les
habitantes et habitants de la Ville.
Le
projet "clé-de-Rive"s'inscrit pleinement dans
une division de l'espace entre celui voué à la
bagnole et celui laissé aux piétons. Certes,
dans les grandes villes européennes (Genève n'étant à
l'échelle européenne qu'une ville moyenne), on construit
aussi des parkings, en sous-sol ou non. Mais on les
installe à l'entrée des villes, pas au centre. On les
installe là où pour entrer dans la ville, on prend les
transports publics ou un vélo en libre-service. Ici, on
veut l'installer au plus proche des commerces du centre.
Pourtant, selon une
enquête sur les habitudes de
consommation dans la Grande
Genève de 2018, seuls 23 % des
achats réalisés en Ville de
Genève étaient effectués par des
consommateurs arrivés en ville
en véhicules individuels
motorisés (essentiellement des
automobiles), 19 % arrivant en
transports en commun... et 58 %
en vélo ou à pied.
Que nous
dit-on pour justifier cette
installation d'un parking
supplémentaire dans une zone où
sept autres parkings restent le
plus souvent sous-occupés ? Que
les commerçants en ont besoin.
Les commerçants, pas les
habitants. Or un parking de plus au
centre-ville ne changera rien aux
difficultés des commerçants (sauf à les
aggraver pour ceux qui subiront des
années de travaux) : ce qui les
étrangle, ce sont les charges
incompressibles, et en particulier les
loyers. Ainsi,
on continue à vouloir attirer au centre-ville les
consommateurs de la périphérie, dans le même temps où on la
farcit de centre commerciaux destinés aux consommateurs du
centre. Et on se prend à croire qu'en développant
l'accessibilité du centre-ville en voiture, on va soutenir les
commerces, petits ou grands de ce centre, alors que ce qui
désormais les menace le plus c'est le commerce en ligne -pour
lequel aucune bagnole n'est nécessaire puisqu'on peut s'y livrer
avec son portable depuis son plumard ou assis sur la cuvette des
chiottes.
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