15 millions pour aider les plus précaires : Minimum vital...

 


Il est trop tard pour voter par correspondance -si vous ne l'avez fait, et que vous ne renoncez pas à user de vos droits politiques, il vous faudra vous rendre au local de vote de votre commune ou de votre quartier demain matin. Pour, notamment, soutenir la proposition du Conseil d'Etat et du Grand Conseil de consacrer 15 petits millions (moins de deux pour mille du budget cantonal) à aider celles et ceux qui, lors de la première vague de la pandémie, n'ont reçu aucune aide pour compenser la réduction, voire la perte totale, de leur revenu. 660'000 personnes étaient déjà touchées par la pauvreté en Suisse avant la pandémie, rappelle Caritas. Et un rapport du Conseil d'Etat genevois annonçait en 2016 qu'un.e habitant.e du canton sur six vit dans une situation de pauvreté, et un sur quinze recourt à l'aide sociale. C'est ce à quoi la proposition soumise au vote populaire, parce que combattue par un référendum de l'UDC et du MCG (qui l'ont fait aboutir en payant les récolteurs de signatures) , veut contribuer à répondre. Elle aurait pu le faire déjà à la fin de l'année dernière, le référendum en a retardé la mise en oeuvre. Reste donc à l'assurer. Parce que la situation a encore empiré, que les demandes d'aide sociale ont continué à augmenté, que les dégâts de la première vague pandémique ne sont toujours pas réparés, que ces quinze millions ne sont qu'un minimum vital et qu'un référendum dilatoire ne résorbe aucune urgence.

Qu'est-ce que le tiers social ? Rien. Que peut-il être ? Quelque chose.

Dimanche, on aura scellé le destin du fonds de quinze millions proposé par le gouvernement et le parlement genevois, mais refusé par la droite de la droite, soutenue par le PLR. La proposition n'est pas celle d'une aide sociale pérenne, mais d'une indemnisation exceptionnelle pour la perte d'un revenu par des travailleuses et travailleurs précaires, des intermittents de la culture, des salariés n'ayant pas cotisé assez longtemps à l'assurance-chômage... Une partie des bénéficiaires seront des personnes sans statut légal de résidence ou de séjour. Les syndicats dénoncent : "à ces travailleurs.euses précarisé.es, ouvriers.ères temporaires, employé.e.s de maison, "extras" sur appel dans les restaurants, artistes ou autres acteurs.trices culturels, les référendaires ne veulent concéder que la charité et la soupe populaire". Et encore : il faudrait que la soupe populaire ne bénéficie d'aucune subvention publique, parce qu'on ne sait jamais, des sans-papiers pourraient s'y rendre. Car chez ces gens là (les référendaires, donc), dès qu'une prestation, une aide, un service est accessible aux sans-papiers, il convient de la refuser. Cela vaut pour la proposition de Thierry Apothéloz d'un crédit de 15 millions d'aide pour les plus démunis, pour le renforcement par Christina Kitsos des moyens de l'hébergement des sdf, et cela valait déjà pour Papyrus. Du coup, les référendaires accusent la loi d'indemnisation d'"officialiser le travail illégal". C'est évidemment une torsion des faits, pour rester polis : la loi ne fait que constater que d'entre les travailleuses et les travailleurs les plus précaires de Genève, il y en a qui n'ont pas de statut légal. Ils ne constituent qu'un petit tiers des bénéficiaires de l'aide proposée (et refusée par la droite de la droite), mais ce tiers est importun. Un tiers social qui n'est rien et a le droit d'être quelque chose... Le projet de loi ne leur donne pas un statut, il constate qu'ils sont là et contribuent au fonctionnement de la société... et de l'économie. Rien de plus, mais c'est déjà trop pour l'UDC, le MCG et le PLR, parce qu'on passe d'un octroi charitable à un droit social, même s'il n'est qu'exceptionnel, comme la situation à laquelle il veut contribuer à répondre.

Le combat contre le travail au noir, qui suppose des dispositifs de contrôle et de sanction que la droite de la droite refuse, n'est pas un combat contre les travailleuses et les travailleurs que leur situation contraint à s'y livrer, mais un combat contre ceux qui profitent de cette situation pour les y contraindre : leurs employeurs. Dimanche, quel que soit le résultat du vote sur l'aide financière aux plus précaires, le combat contre le travail au noir n'aura ni pas fait un pas de plus, mais on saura si les citoyennes et les citoyens genevois ont fait ou non la différence entre les victimes et les coupables de ce que les syndicats sont les premiers à considérer comme un "fléau". On saura du même coup si, à Genève, on veut en revenir à la charité ou si l'on veut assurer la solidarité.  Sans exclusive.


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