Votations et élection fédérales, cantonales, municipale : Tous nos "non", tous nos "oui"
Nous sommes le 8 mars. Et c'est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Et c'est un lendemain de votations, qui ont produit des résultats pour le moins contrastés. De ces résultats, on glosera plus en détails dans les jours qui viennent, on se contentera aujourd'hui de se féliciter des votes cantonaux (y compris le prononcement sur les enjeux fédéraux) et du vote municipal genevois : c'est "non" à tout ce à quoi nous nous opposions, et "oui" à ce que nous soutenions : "non " à l'initiative udéciste sur l'interdiction de se dissimuler le visage (dite "antiburqa"), à l'accord de libre-échange avec l'Indonésie, à la loi sur l'identité électronique et, massivement, au parking Clé-de-Rive. Et c'est un "oui" tout aussi massif à l'indemnisation sans discrimination des travailleurs et travailleuses précaires. Que du bonheur ? N'exagérons pas : nos orgasmes politiques sont plus genevois que suisses. On notera que la multiplicité des objets a sans doute contribué à gonfler la participation : à Genève, elle a dépassé les 50 % pour les objets fédéraux et cantonaux, et, sans y arriver pour l'objet municipal en Ville, y atteint un record pour une votation municipale... Cette hausse de la participation, assez inattendue en période covidienne, a certainement eu un effet sur les résultats -et sur chaque résultat, spécifiquement. Deux résultats méritent en tout cas qu'on s'y attarde déjà un peu aujourd'hui, avant que d'y revenir : l'initiative dite "antiburqa", mollement acceptée au plan national et mollement refusée à Genève, et le premier (bon) tour de l'élection partielle au Conseil d'Etat genevois.
"C'est pas le moment de mollir"
    
A la veille d'une journée de mobilisation féministe, les Suisses (surtout) et nombre de Suissesses ont décidé de dire aux femmes comment ne pas s'habiller. Mais ils l'ont dit beaucoup plus timidement que les sondages l'annonçaient et le "oui" s'est constamment rétracté au fur et à mesure que le débat se tenait, et que la parole féministe contre les prescriptions vestimentaires imposées aux femmes le réduisait à une petite majorité populaire et une majorité de cantons construite d'abord dans les cantons habitués aux votes ultraconservateurs et xénophobes : à Genève, l'initiative est clairement rejetée dans les arrondissements de gauche, avec des majorités dépassant parfois les 60 % en Ville. Et si la disposition constitutionnelle proposée par l'UDC (dont c'est la première victoire depuis des années) a été acceptée, elle n'a cependant aucun effet concret : il faudra attendre les lois cantonales d'application (puisque on reste dans une compétence cantonale) pour qu'elle en ait, et on aura certainement encore à se prononcer sur ce sujet, ces lois d'application étant soumise à référendum.
Pendant ce temps, à Genève, seule femme en lice
        pour occuper le siège de Pierre Maudet, et candidate commune des
        Verts et du PS, Fabienne Fischer sort clairement en tête du
        premier tour de l'élection partielle au Conseil d'Etat, plus de
        9000 voix devant Pierre Maudet, qui a cassé la baraque de la
        droite  au terme d'une campagne électorale dont il a été le
        principal animateur, mais qui fut noyée dans les campagnes sur
        les autres objets soumis à la sagacité citoyenne, en particulier
        l'initiative udéciste sur la dissimulation des visages et le
        projet de parking Clé-de-Rive. Derrière Fabienne Fischer et
        Pierre Maudet, le PLR Cyril Aellen prend un bouillon, l'UDC Yves
        Nidegger fait un excellent résultat, le vert libéral Michel
        Matter n'a pas à verdir du sien, ni le candidat du Parti du
        Travail, Morten Gisselbaek à rougir du sien et la droite est
        éparpillée façon puzzle face à une gauche qui sera rassemblée
        derrière sa candidate. On
          est bientôt à Pâques, on dresse la table pour la Cène, il faut
          juste attendre de savoir qui, à droite,  sera Judas... cela posé, Il s'agit d'une élection partielle : qui
        la gagnera ne sera en fonction que pour deux ans, mais pendant
        ces deux ans, si Fabienne Fischer est élue, la majorité
        gouvernementale aura passé à gauche. Ce n'est pas une
        révolution, mais ce n'est tout de même pas rien. Il convient
        donc de ne pas se démobiliser : la participation au premier tour
        de l'élection a été dopée par les enjeux des votations, mais au
        deuxième tour il n'y aura rien d'autre à se mettre sous la dent
        que cette élection. Et pour la gauche comme pour la droite,
        l'enjeu est désormais le rassemblement. A gauche, ça ne devrait
        pas poser de problème mais à droite, ça va être un tantinet plus
        compliqué  et on se
          réjouit déjà d'entendre le PLR, le PDC, le MCG et l'UDC
          appeler à voter pour Pierre Maudet... ou expliquer pourquoi
          ils ne s'y résolvent pas. 
      
En attendant quoi, à gauche, comme disait Yvette Jaggi, "c'est pas le moment de mollir"...



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