Brèves de comptoir

 On votera à Genève sur un enjeu fondamental : la retraite des Conseillères et Conseillers d'Etat. Actuellement, après douze ans de fonction, elles et ils, et la Chancelière ou le Chancelier, et les magistrats de la Cour des Comptes, touchent pleine pension à vie. Mais ça va se terminer, et le bon peuple des cotisants aux caisses de retraite va pouvoir choisir entre deux solutions : celle proposée par une initiative des Verts libéraux et celle proposée par le Grand Conseil. L'initiative propose de réduire la retraite des Conseillers et Conseillères d'Etat à une rente annuelle équivalant à 70 % du dernier traitement pendant deux ans, le temps de se trouver un autre boulot ou de se mettre à la retraite. Le projet de loi du Grand Conseil prévoit, lui, l'affiliation des futur.e.s élu.e.s à la Caisse de retraite du personnel de l'Etat (il toucheront donc une rente à leur prise de retraite, ou pourront partir avec leur pactole aux conditions, restrictives, du 2e Pilier), et une indemnisation de fin de mandat équivalant à 50 % du dernier traitement (35 % pour les magistrat.e.s de la Cour des Comptes), pendant trois à cinq ans. On sent qu'il va être passionnant, le débat avant la votation. Surtout que tout ça, c'est un héritage de l'«Affaire Maudet», d'aucuns trouvant tout à fait scandaleux qu'un magistrat inculpé de divers délits, condamné en première instance, démissionnaire puis non réélu, puisse se goinfrer une retraite à vie équivalant à plus du double du salaire moyen genevois (lequel est le plus élevé de Suisse, où le salaire moyen est déjà l'un des plus élevé au monde...). Un débat passionnant s'annonce, on vous dit. Avec un peu de pot, on l'aura pas longtemps avant les élections générales de 2023. Où Maudet sera peut-être à nouveau candidat. On en salive d'avance.

Dans le canton de Vaud, un comité, soutenu par la gauche de la gauche, les Jeunes Verts et l'association «Acidus» de défense du service public la Grève du Climat et l'AVIVO lance une initiative pour des transports publics gratuits et une desserte équitable dans tout le canton. Des initiatives comparables sont lancées à Frivourg et Neuchâtel. Et à Genève, alors, on roupille ? Une motion au Conseil municipal de la Ville est bien en discussion, mais faute de pouvoir impooser la gratuité des transports publics dans le canton, le Ville ne pourrait en effet que l'assurer à ses habitants, en compensant d'une manière ou d'une autre son coût pour les TPG. Le but en serait le même que celui des initiatives populaires cantonales vaudoise, neuchâteloise,  fribourgeoise : défendre le pouvoir d'achat des ménages les moins friqués, aider au déplacement des personnes âgées, favoriser le transfert modal de l'automobile privée vers des modes de déplacement plus respectueux de l'environnement et de la qualité de vie... Des objectifs de gauche, tout ça, non ? On dit ça, hein, on dit rien...

Il fut le chef du syndicat de la communication (Syndicom), puis celui du parti socialiste, il a été nommé président du Conseil d'administration de La Poste, contre laquelle il ferraillait quand il était syndicaliste : Christian Levrat a été nommé patron de La Poste par Simonetta Sommaruga. ça se passe entre camarades, quoi. Il succédera au PDC Urs Schwaller, qui avait été nommé par Doris Leuthard, et dont il affirme défendre «la vision» du développement de La Poste. ça se passait entre collègues. Les traditions ne se perdent pas : les partis politiques servent toujours d'offices de placement. Bon, c'est vrai que Las Poste, il la connaît Levrat. Mais de là à piloter la privatisation de PostFinance, à laquelle il faudra bien que le syndicat qu'il dirigeait et le parti qu'il présidait s'opposent, et à défendre les fermetures d'offices postaux dont les socialistes des villages et des quartiers concernés défendent le maintien, y'a comme un problème. Surtout que patron de La Poste ou pas, il devra bien faire et faire faire ce que le Conseil fédéral (à majorité de droite) a décidé qu'il fallait faire. «Je ne pouvais pas refuser», s'excuse presque Levrat... mais si, t'aurais pu... Et il est à deux doigts de demander qu'on le plaigne : «pour la première fois de ma vie, je n'ai pas dormi des nuits entières». Mais ça sera pas une raison pour roupiller, même sur un fauteuil présidentiel, quand le service public postal sera menacé par des décision du Conseil fédéral ou du parlement, et on se réjouit déjà de voir le président du Conseil d'admi-nistration de La Poste les combattre publiquement...

Le 15 février 2013, une petite fille de neuf ans, Ella Adoo-Kissi-Debrah, habitant un quartier populaire de Londres, mourait. Près de huit ans plus tard, la justice britannique concluait que «la pollution de l'air a contribué au décès d'Ella». Comme, selon l'OMS, celui d'au moins douze enfants par année rien qu'à Londres, et de sept millions de personnes dans le monde, des suites de crises d'asthme à cause de l'air toxique. Selon l'immunologue et pharmacologue Stephen Holgate, «si les niveaux de pollution de l'air n'avaient pas dépassé les limites légales, Ella ne serait pas morte». Mais on se dit qu'il doit quand même y avoir des taborniaux pour croire que las pollution de l'air, c'est comme le réchauffement climatique ou la Covid-19, un mythe. D'entre ces taborniaux, il y avait (ou il y a encore ) d'ailleurs l'actuel Premier ministre britannique Boris Johnson, qui avait retardé de trois ans, quand il était Maire de Londres, l'extension de la zone à faible émission de pollution due à la circulation automobile... ce qui, déclare le coroner adjoint qui a rendu le jugement sur la mort d'Ella, «a sans doute contribué au décès d'Ella», vivant dans un quartier que «Bojo» avait décidé de ne pas protéger mieux des saloperies qu'elle respirait -et qui l'ont tuée. Ouala. C'était notre jolie histoire à raconter aux chtis nenfants pour les endormir et qu'ils fassent de beaux rêves. En crachant leurs poumons.

La population suisse s'est accrue de 0,7% en 2020, et atteint 8'667'100 habitants. Un peu plus que la population d'une banlieue de Shanghai. 76'000 personnes de plus qu'en 2019 (+12,1%) sont mortes en 2020, et l'espérance de vie moyenne a reculé. Le nombre d'immigrants (-3,9%) et d'émigrants (-15,6 %) aussi. Mais la vie continue, et y'en a toujours point comme nous. 

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