Genève : il faut sauver les soldats PLR et EàG

Coup de sac !

Mercredi soir, le PLR tenait assemblée virtuelle à huis clos. La clôture des huis des assemblées politiques, à Genève, est déjà toute relative quand elles se tiennent normalement, avec de vraies gens réunis dans une vraie salle -alors imaginez ce qu'il peut en être lorsqu'elles sont virtuelles : il ne se passe pas deux heures sans qu'on en ait un compte rendu sur facedebouc et touitère, et pas six heures sans qu'il soit complété dans la "Tribune" ou dans "Le Courrier", les deux quotidiens s'étant intelligemment  répartis l'étude ethnologique des tribus politiques locales, à la première celles de droite, au second celle de gauche. Bref, de l'assemblée virtuelle à huis clos du PLR, si on ne sait pas tout, on sait l'essentiel. Et on peut d'ores et déjà en tirer l'enseignement que nous en tirerons ici : un vigoureux coup de sac s'impose au loto politique genevois, ne serait-ce que pour sauver les soldats PLR et d'"Ensemble à Gauche", Champel et la Jonction, de la désespérance, et notre paysage politique de leur disparition.

Pour une grande coalition rénovatrice : "Ensemble à gauche.droite.ailleurs"

Debriefing défoulatoire au PLR genevois mercredi soir "Il y a le feu dans la maison (...). Nous sommes pourris par les conflits, on s'enferme dans nos clans", se plaint l'ancien président du parti, Alain-Dominique Mauris. Sur quoi, on passe au choses sérieuses : aux réglements de mécomptes post-électoraux et aux rêves d'alliance. Première cible : le président du parti, Bertrand Reich. C'est à ça que ça sert, un président de parti quand le parti est en crise : de punchingball. L'un réclame une "présidence de transition", l'autre veut virer le président actuel, Bertrand Reich, un troisième veut la présidence d'une "cheffe de guerre" (à recruter chez les Kurdes ?), une présidente "nommée pour son caractère" (Lise Girardin ?), une quatrième récuse toute proposition d'une co-présidence (un.e radical.e et un.e libéral.e ?), "contraire à notre ADN", un cinquième veut "refonder le parti"... mais comme changer une tête ne suffit pas à sortir le corps du bourbier, on passe à la haute stratégie : plusieurs plaident pour une grande alliance de la droite, du PDC à l'UDC en passant par les Verts libéraux... et Pierre Maudet... Plusieurs invoquent la nécessité de se battre sur des projets plus que sur des candidats, l'un voit dans l'abolition de la taxe professionnelle l'horizon irisé de l'avenir radieux,  les quotas rhétoriques fusent (le changement de paradigmes, la classe moyenne, l'ordre de marche "faut aller de l'avant"...), et les invitations (aux entrepreneurs, et la Conseillère d'Etat Nathalie Fontanet  n'a plus qu'à conclure en exprimant l'espoir que "nous acceptions à nouveau de ne pas être d'accord entre nous"... La routine, quoi.  Et un grand manque : personne n'a évoqué la référence qui aurait dû s'imposer à cette alliance de droite dont le PLR serait le pivot : "Ensemble à Gauche". Parce que s'il est un courant politique qui, à Genève, a acquis une maîtrise consommée (voire consumée) des désaccords, des scissions, des recompositions, des rebaptêmes, c'est bien la gauche de la gauche.

En son sein aussi, un élan radical (mais au sens étymologique, dans ce cas là) a poussé son brâme pour la procréation d'un Grand Parti Populaire de la Gauche Radicale : ses promoteurs genevois, issus de SolidaritéS,  appellent à la création de «résistonS» pour «construire une organisation populaire de la gauche radicale genevoise» qui, elle, «devra poser les bases d'un véritable parti». Une politique des petits pas, quoi... Et les promoteurs de «résistonS» (taine et tonton), matrice de tout ce qui doit suivre, forcément suivre, , d'expliquer qu'il est «urgent de sortie de l'entre-soi à "gauche" et de fonder nos résistances sur une organisation politique large et démocratique». En commençant «dans l'immédiat» par «défendre un programme d'urgence»... qui ressemble comme un petit frère aux programmes d'urgence déjà développés, à défaut d'être mis en œuvre, par à peu près toute la gauche et une partie non négligeable de la droite. Qu'importe, puisque «les organisations de gauche et écologistes n'apportent pas de réponses satisfaisantes à la crise actuelle et aux besoins de la population», réponse qui, évidemment, ne peuvent être apportées que par l'OPGRG d'où naîtra le PPGRG, qui, évidemment, n'aura rien à voir avec les sociaux-traîtres du PS et les écolo-traîtres des Verts qui, «lorsqu'ils ne se résolvent pas à gérer le consensus majoritaire avec la droite, se contentent de la politique du moindre mal» pendant que «la gauche combative, repliée sur elle-même, maintient paresseusement ses petites chapelles». Auxquelles il est donc indispensable d'en ajouter une. En commençant par affaiblir la principale organisation de la coalition «Ensemble à gauche», au sein de laquelle "Résistons" entend bien rester, parce que brâmer tout seul dans son coin, au bout d'un moment, ça commence furieusement à ressembler à un plaisir solitaire.. Résumé par le candidat du Parti du Travail à l'élection complémentaire au Conseil d'Etat, Morten Gisselbaek : «quand on commence par annoncer qu'on veut faire une grande formation à la gauche du PS et qu'on réussit à séparer en deux son plus grand parti, c'est mal barré». En effet, mais ça fait cinquante ans qu'on y joue, à ce jeu là, à la gauche de la gauche. Y'a de l'immuable, là-dedans. Du rassurant. Un paysage connu. Auquel, justement, celui de la droite genevoise en général et du PLR en particulier commence furieusement à ressembler.

Alors, "changez de paradigme", les gars et les garces, à gauche comme à droite, "allez de l'avant" (pour défendre la classe moyenne, forcément), et nous vous en lançons l'appel  : constituez avec le Parti du Travail, SolidaritéS, "Résistons", le DAL, l'Elan radical, le Caribou centriste et le Gnou vert libéral (le dugong socialiste s'abstiendra de s'y convier) la grande coalition rénovatrice dont Genève, le GHI et "Genève à Chaud" clament de concert l'urgence et l'exigence inclusive : "Ensemble à gauche.droite.ailleurs". 

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