Fonds de tiroir
Donc, pour la troisième fois à Genève, et la première fois depuis 2005, la gauche est majoritaire au Conseil d'Etat. Et pour la deuxième fois, sans l'être au Grand Conseil (la première fois, c'était entre 1933 et 1936, avec le gouvernement Nicole). Que faire de cette majorité gouvernementale sans majorité parle-mentaire, et avec une majorité populaire qui se dessine pour les votations, mais pas les élections ? Parce que si la droite a, factuellement, raison de rappeler que la majorité des électrices et des électeurs s'est prononcée dimanche pour l'une ou les autres candidats de droite, elle oublie que précédemment, cette majorité s'est prononcée, lors de votations, comme la gauche le lui recommandait. C'est comme ça, la mémoire, ça a toujours des trous. Opportuns, les trous.
Le candidat UDC Yves Nidegger, sorti quatrième du deuxième tour
et en recul de 2,3 points et de 4600 suffrages par rapport au
premier tous, n'a aucun regret, même s'il espérait mieux, et
réfute l'accusation d'avoir contribué à la victoire de la gauche :
«la gauche aurait de toute façon gagné» et le droite «ne pouvait
l'emporter». On voit mal en effet l'électorat UDC se reporter
massi-vement sur un candidat (Maudet) qui revendique fièrement
avoir contribué à la régularisation de 3000 «sans-papiers»
(l'opération «Papyrus»). Et Nidegger d'en appeler à une
«recomposition des alliances à droite». Genre alliance PLR-UDC ?
Ouais. Mais sans le PDC et les Verts libéraux, elle ne pèserait
guère que la moitié de l'alliance de la gauche. Et on la voit mal
intégrer les Verts libéraux, dont les Jeunes ont appelé à voter
pour la candidate de la gauche, et Pierre Maudet, dont la moitié
du PLR ne veut plus entendre parler. Ce qui n'empêche pas le chef
du groupe PLR au Grand Conseil, Yvan Zweifel (dit «la chips») d'en
appeler à l'organisation «rapide d'assises entre le PLR, le PDC,
l'UDC et les Vert'libéraux (il a oublié le MCG... et Maudet) pour
trouver un accord commun». Bonne chance les gars, continuez à
nous distraire...
Le Grand Conseil genevois a refusé à une voix de majorité la
proposition de la gauche et du PDC (mais abandonnée par une partie
du groupe PDC) d'accorder aux étrangers établis dans le canton le
droit d'éligibilité au plan municipal (où ils disposent depuis
2005 du droit de vote), et de vote et d'éligibilité au plan
cantonal, où ils ne disposent d'aucun droit politique à Genève.
«Il est temps de rendre notre démocratie plus représentative», a
plaidé, en vain, la socialiste Xhevrie Osmani : non, on est assez
représenta-tifs comme ça, a voté la droite, pour qui un parlement
élu par moins du quart de la population est bien assez
représentatif tant qu'elle y est majoritaire... et si, pour Pierre
Vanek (Ensemble à gauche) donner le droit de vote à tous les
résidents adultes est «une question de démocratie élémentaire»,
pour la droite, c'est le début de la fin des haricots du terroir.
Bon, va falloir remettre l'ouvrage de la démocratie sur le métier
du parlement. Et du peuple. Après tout, il a fallu presque 60 ans
pour que les femmes les obtiennent, les droits politiques, en
Suisse. Et 250 ans pour qu'à Genève les hommes pauvres,
catholiques ou juifs les obtiennent ... Patience est mère de
vertu, d'accord. Mais des fois, la vertu, c'est chiant.
Il est toujours bon que dans notre monde en perpétuel changement, des fondamentaux le restent et que des dogmes résistent à la réalité : le 15 mars, la gardienne de ceux de l'église catholique romaine, la Congrégation pour la doctrine de la foi, a réaffirmé que l'homosexualité était un «péché», que les sacrements du mariage de-vaient rester réservés à l'«union in-dissoluble d'un homme et d'une fem-me» (et pas d'un curé et d'un enfant de choeur), que cette union est vouée «en soi à la transmission de la vie» et que l'église ne pouvait bénir des unions de personnes du même sexe. Et si ça vous plaît pas, allez voir chez les protestants si c'est mieux. Déjà que chez eux, y'a des femmes prêtres (des prêtresses, donc), des prêtres mariés et des prêtresses mariées, même que des fois ils et elles sont mariés ensemble.... Mais bon, ces gens là, c'est des héré-tiques, alors ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent avec qui ils veulent, ils iront en enfer. Ensemble. Et mariés.
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