Une motion pour la gratuité des transports publics en Ville de Genève


Pour toutes et tous, sans privilège

A Zurich, à Fribourg, à Neuchâtel, dans le canton de Vaud, des pétitions, des initiatives populaires ou parlementaire lancées par la gauche (la Jeunesse socialiste à Zurich, la gauche de la gauche dans le canton de Vaud, le PS à Fribourg, les jeunes du Parti du Travail à Genève) ont porté la revendication de la gratuité des transports publics, pour tout ou partie de la population, sur le territoire cantonal ou celui de la ville-centre. Ces initiatives font souvent suite, comme dans le canton de Vaud, à des refus des parlements de même seulement étudier la possibilité de la gratuité. Ainsi, le comité d'initiative vaudois, issu de la gauche de la gauche (le POP, SolidaritéS) et soutenu notamment par les Jeunes Verts, le Parti Pirate, la Grève du Climat et l'Avivo, a-t-il décidé de faire appel direct au peuple. A Genève, exceptionnellement, on est plus modestes : on se contente d'une motion au Conseil municipal. Pour l'instant.

S'accorder à soi-même un droit que l'on refuse aux autres, cela s'appelle un privilège...

A Genève, comme dans les autres grandes villes suisses, les tarifs des transports publics sont fixés au sein d'une communauté tarifaire. Il ne peuvent donc pas être modifiés par la commune seule. En revanche, il est possible à la commune d'instaurer la gratuité dans tout ou partie de la première zone de la communauté tarifaire (Unireso, à Genève) en assurant aux TPG une compensation financière équivalant à la perte de billetterie qu'entraînerait l'instauration de la gratuité des TPG sur un territoire donné (par exemple celui du territoire de la Ville ou en prenant en charge l'abonnement général de toute personne détentrice d'une Carte d'Habitant de la Ville, que nous proposons aussi d'instaurer.  La motion qui sera déposée cette semaine au Conseil Municipal de la Ville de Genève demande au Conseil administratif d'étudier l'instauration de la gratuité de l'usage des transports publics genevois sur le territoire de la Ville et les modalités de compensation des pertes de billetterie (1) que cela entraînerait pour les TPG et d'en évaluer le coût pour la Ville.

Nous sommes partisans de la gratuité des transports publics en zone urbaine et périurbaine. Nous en sommes partisans pour des raisons sociales  : libérer les usagers les moins argentés de la charge du paiement du transport ou de celle de la punition de ne pas l'avoir payé (on saluera à ce propos l'intervention de notre camarade Sylvain Thévoz au Grand Conseil : https://www.facebook.com/psgenevois/videos/135830458514555). Nous le sommes également pour des raisons environnementales (accélérer le transfert modal du transport automobile individuel vers les transports publics) )et rationnelles : économiser la charge de toute l'instrumentation de perception du prix du transport par les usagers, de tout le personnel de contrôle de l'acquis de ce prix, de toutes les procédures de recouvrement de ce prix quand il n'a pas été payé, voire de punition de son non paiement. Hors de Suisse, on notera que le Luxembourg a instauré la gratuité des transports publics le 1er mars 2020, en expliquant qu'elle aurait notamment pour effet d'accroître le pouvoir d'achat des personnes à faible revenu. En France, sept villes ont fait le choix de la gratuité. A Dunkerque, après l'instauration de la gratuité, la fréquentation des transports publics a augmenté sur l'année de 85,5 %, et de 120 % les week-ends, le trafic automobile a diminué de 7 % au centre-ville et 10 % de celles et ceux qui l'envisageaient ont renoncé à acheter une voiture. 

A ces raisons s'en ajoute une de principe :   plusieurs centaines de personnes, peut-être plusieurs milliers, bénéficient déjà, de facto, de la gratuité de l'usage des TPG grâce à la prise en charge de leurs abonnements par une collectivité publique, une entreprise publique ou une entreprise privée. D'entre ces personnes... les Députées et Députés, les Conseillères et Conseillers municipaux.. à qui il n'est donc finalement proposé que d'accorder à tous les autres ce qu'ils se sont déjà accordés à eux-mêmes (et qu'ils ont toujours, jusqu'à présent, refusé d'accorder à celles et ceux qui les élisent et dont ils se présentent  (dont nous nous présentons...) comme les représentants et représentantes... S'accorder à soi-même un droit que l'on refuse aux autres, pratique qui, en bon français s'appelle simplement : un privilège...

De sorte que notre proposition pourrait se résumer en ce slogan : la gratuité des transports publics, pour toutes et tous, sans privilège !

(1) A Zurich, le Conseil d'Etat a calculé que la gratuité ferait perdre aux entreprises de transports publics, si elle était instaurée dans tout le canton, 314 millions par an en perte de billetterie. mais dans un canton de plus d'un million trois cent mille habitants. Dans le canton de Vaud (800'000 habitants), la billetterie des transports publics rapporte 200 millions par an mais ne couvre que 35% du coût des transports publics.





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