Brèves de comptoir

 L'institut Gfs a analyé les résultats des élections des parlements cantonaux depuis octobre 2019. Verdict : c'est le PS qui a perdu le plus de sièges (-1,7 %), suivi du PLR (1,5 %), de l'UDC (-1,3 %) et du PDC, devenu «Le Centre» (-1,1%). Et si y'en a qui perdent, c'est qu'y'en a qui gagnent, c'est un jeu à somme nulle, et donc les Verts progressent de 2,5 % et les Verts libéraux de 2,8 %. Autrement dit, la progression des Verts fait plus que compenser le recul du PS et compense en outre celui de la «gauche de la gauche» (-0,8%) la progression des Verts libéraux compense celle du PLR et de l'UDC, (mais pas celle du PDC), et au final, la gauche progresse, avec un rééquilibrage en son sein : le PS y reste nettement la première force (contrairement aux pays voisins), mais les Verts cessent d'en être un partenaire mineur. On vient de réinventer la gauche plurielle, quoi.

On a retrouvé dans nos trucs à lire qu'on avait pas encore eu le temps de lire un chouette article du «Temps» du 20 février, nous faieant le portrait d'une charmante bour-gade vaudoise de 550 habitants, qui se proclame être une ville, et qui se trouve être l'une des communes suisses les plus à gauche alors qu'elle est en plein dans un bastion UDC, au pied du Jura : Romainmôtier, fondée il y a 1500 ans autour d'un monastère. L'esprit continue d'y souffler : L'initiative pour des multinationales responsables y a obtenu 80 % des suffrages... Les 100'000 visiteurs qui s'y rendent chaque année ont bien raison de s'y rendre : d'abord, c'est très joli, Romainmôtier. Et le cadre naturel, avec la rivière du Nozon et la forêt, l'est tout autant. Et ensuite, y'a une bonne ambiance. Et en plus, à 35 kilomètres de Lausanne, c'est à deux pas. On vous dit ça, c'est pour votre édification, on n'a pas été payé pour par l'Office du tourisme, hein...

La Conseillère fédérale Viola Amherd a présenté la semaine dernière le rapport de son Département de la Sécurité, et qui fait état des menace pesant sur la sécurité de la Suisse : tensions politiques, cyberattaques, change-ments climatiques, catastrophes naturelles, pandémie, fake news, tout y est, avec ce constat : la situation «est devenue plus instable et moins sûre dans le monde entier et aussi en Europe». Le rapport insiste notamment  sur l'impor-tance de lutter contre les «fake news (...) qui sont devenues en quelques années des menaces bien réelles pour l'Etat, l'économie et la société». Bon, ben reste plus qu'à expliquer en quoi l'achat de nouveaux avions de chasse va améliorer la lutte contre les «fake news», le réchauf-fement climatique, les pandémies, les catastrophes naturelles et les cyberattaques...

Nous pend au nez une nouvelle réforme des retraites : Le Conseil fédéral propose une «flexibilisation» de l'âge de la retraite, qui pourrait être prise de 62 à 70 ans, avec un âge de référence unique de 65 ans, pour les femmes comme pour les hommes, ce qui équivaut à repousser d'un an l'âge de la retraite des femmes. Avant peut-être que de repousser l'âge de la retraite de toutes et tous de deux ans (c'est le projet de la droite), voire plus encore : les jeunes PLR proposent d'ajuster l'âge de la retraite à l'espérance de vie... bonne idée, ça, mais qui mérite d'être poussée au terme du raisonnement qui la sous-tend : vers la fixation de l'âge de la retraite à l'âge du décès...

Un gardien de prison, syndicaliste, délégué syndical avait participé le 15 novembre 2018 à une manif de la fonction publique en considérant que le temps qu'il y avait passé correspon-dait à un congé syndical. Sa hiérar-chie n'était pas de cet avis et avait retranché ce temps de celui des heures supplémentaires qu'elle lui devait. Le gardien de prison syndicaliste avait recouru devant la Chambre admi-nistrative, qui lui a donné raison en avril dernier, deux ans et demi plus tard : une manifestation syndicale est une activité syndicale, à laquelle un délégué syndical participe en tant que tel et qui peut donc être couverte par son congé syndical. Bon, maintenant, reste plus qu'à trouver le moyen d'étendre cette décision en faveur d'un gardien de prison aux détenus qui manifestent contre les conditions de leur détention en refusant de regagner leurs cellules, et qui finissent au mitard.

Comme on le sait, ou devrait le savoir, le Musée d'Ethnographie de Genève entend changer de nom, pour mieux éclairer l'histoire de ses collections, leur provenance, leur mode d'acquisition. Son projet muséal entend aussi rompre avec la tradition héritée de l'époque coloniale, dont la Suisse participait pleinement lors même qu'elle n'avait pas de colonies. L'ethnographie n'étant plus ce qu'elle était, et le mot même ne disant pas grand chose au «grand public», les musées qui lui étaient dédiés peuvent ne plus s'y référer dans leur nom sans que cela fasse scandale. Et l'acronyme du musée genevois, MEG, ne dit pas grand chose à grand monde. Bref, le MEG veut changer de nom et s'en donner un qui soit, selon les mots de son directeur, Boris Wastiau, «ambas-sadeur du Musée en tant que lieu engagé et dynamique». Le futur ex-MEG a sollicité ses collaborateurs et ses partenaires, il sollicite aussi la population : elle était appelée à participer à un sondage en ligne , et entre le 25 mars et fin avril, plus 1400 personnes ont fait 1500 propositions de nouveau nom. Dont la «Maison de l'Usage du Monde». Rien de tel qu'un peu de Nicolas Bouvier pour l'éclairer, notre usage du monde, non ?

Le Conseil administratif de le Ville de Genève a doté le Conseil municipal d'une interface de visioconférence lui permettant de passer intégralement en mode virtuel. Et il est très fier d'annoncer que Genève dispose ainsi potentiellement du premier parlement virtuel d'Europe, et qu'il a été testé dans une séance fictive. Ouais. On y a brièvement participé, c'était le petchi et y'a au moins une dizaine d'articles du règement du Conseil municipal qui rendent impossible une séance purement virtuelle. Mais ça fait rien., faudrait être très fiers de d'envisager de pouvoir un jour le faire. En priant qu'on n'y soit jamais réduits.

«Invité» de la «Tribune de Genève» du 13 avril dernier, le Conseiller d'Etat Antonio Hodgers brise une lance contre ce qui tient lieu de «débat virtuel» sur les rézos. Et il a parfaitement raison, et toutes les raisons de le faire Antonio Hodgers, après que l'élection de Fabienne Fischer au Conseil d'Etat ait suscité moult commentaires «sexistes, inju-rieux et vulgaires», souvent postés sous pseudos. Elargissant le propos, Antonio Hodgers dénonce «la place démesurée que prend la vindicte haineuse d'une minorité d'inter-nautes (les trolls) qui apparemment n'ont rien d'autre à faire de leurs journées». Pouvant mesurer sur notre propre blog, à un plus petit volume de ce genre d'excrétions, la trans-formation d'espaces de débat en «espaces de déversement de la frustration sociétale», on saluera le coup de gueule du Conseiller d'Etat. Sans illusions sur ses effets, mais tant pis... on se contentera de trier les messages qu'on reçoit et de ne publier que ceux qui méritent de l'être. Question d'hygiène, en somme...

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