Fonds de tiroir
Le 31 mars, en France, la Cour de cassation a
définitivement relaxé Cédric Herrou, figure française
emblématique de la défense des migrants et militant de la
vallée de la Roya, dans les Alpes Maritimes, à la frontière
italienne. Il était poursuivi (entre autres) pour aide à
l'entrée, à la circulation et au séjour irrégulier d'étrangers
en France. En première instance, lorsque Cédric Herrou avait
été condamné (à 3000 euros d'amende avec sursis), la question
avait été transmise au Conseil constitutionnel, de savoir si
la loi concernant l'aide aux personnes en situation
irrégulière est ou non conforme à la Consti-tution. La loi
accordait une immunité pénale limitée à celles et ceux qui
aidaient des immigrants illégaux à préserver leur dignité ou
leur intégrité physique, sans que cette aide ne soit assortie
de contrepartie. Le Conseil constitutionnel avait, le 6
juillet 2018, renforcé cette immunité en consacrant le
principe constitutionnel de fra-ternité : désormais, une
immunité pé-nale sans restriction est accordée à tout acte
d'aide aux immigrants illégaux accompli «dans un but
exclu-sivement humanitaire». Il conviend-rait de s'en inspirer
en Suisse, non ?
Est-ce une Genferei ou une Posterei ? 7000 bulletins de vote pour les votations fédérale, cantonale et municipale du 13 juin ont été abandonnés par la Poste sur le trottoir devant le Service des votations et élections, et y sont restés sans surveillance pendant trois jours. La chancellerie fédérale a été avertie (HerrGott ! noch Genf ?), la Chancellerie d'Etat genevoise assure que c'est la première fois que ça arrive et la Poste a lancé une enquête interne en admettant des «manquements». En effet : le service des votations et élections avait explicitement exclu, dans un courrier à la Poste, une livraison le samedi de Pentecôte, vu le week-end prolongé (de Pentecôte,. juste-ment...). Et la poste n'en a pas tenu compte. Les langues de feu et le don des langues de la Pentecôte, ça la touche pas, la Poste ?
La Chambre genevoise immobilière appelle à rejeter la loi CO2, au pré-texte qu'elle ciblerait méchamment le parc immobilier en lui imposant une réduction de moitié de ses émissions de CO2, ce qui forcerait les propriétaires de 80 % des bâtiments des mesures de rénovation à en répercuter les coûts sur les loyers. L'Association suisse des propriétaires fonciers appelle également à voter «non», avec cet argumentaire d'une parfaite mauvaise foi : la loi renchérirait «le logement pour tous», provoquerait la «résiliation forcée de contrats de location en raison de l'obligation d'assainir les logements» et augmenterait les loyers de 140 francs par mois en moyenne... or la loi n'impose rien de tout cela, et si des baux sont résiliés et des loyers augmentés, ce sera par une décision des propriétaires (ou des régies), et d'eux seuls. Le président de l'association des garagistes genevois, qui rejette aussi la loi, se livre au même petit chantage : si la loi passe, «il n'y a pas d'autre alternative que l'augmentation de nos prestations». Or l'Office fédéral de l'énergie annonce que les locataires devrraient voir leur facture baisser, puisque que les rénovations des bâtiments et le remplacement des systèmes de chauffage devraient réduire les charges accessoires au loyer. Mais ça, évidemment, la Chambre immobilière et les proprios ne vont pas le clamer...
Selon Oxfam, les 26 personnes les plus riches
du monde possèdent autant de patrimoine que les quatre
milliards les plus pauvres. On en déduit quoi ? Que ça nous
fait une classe moyenne de quatre milliards de personnes au
plan mondial ? Faut bien lui donner une définition, à cet
ectoplasme, la «classe moyenne», qui n'est ni une classe ni
une moyenne...
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