Heures d'ouverture des magasins genevois : Le référendum a abouti. On votera. Non.

Le référendum lancé par les syndicats et les partis de gauche contre la loi (votée par la droite du Grand Conseil)  qui prolongeant jusqu'à 19 heures l'ouverture des magasins le samedi et les autorise à ouvrir trois dimanches par an, facilement et largement abouti, avec 9224 signatures récoltées en un mois et demi, grâce à la mobilisation du personnel de la vente.  Cette loi, passée sans négociation avec les syndicats, modifie un cadre horaire datant de 2002 et qui, lui, avait fait l'objet de longues négociations, et avait abouti à la signature de deux conventions collectives de travail. Dont il ne reste plus qu'une seule, sans force obligatoire, n'engageant que les entreprises qui ont consenti à la signer.  Et le projet de loi voté par le Grand Conseil ne prévoit aucune CCT étendue, alors que c'était une condition posées par la loi. On votera donc sur la loi, et l'élargissement des heures d'ouverture des magasins -et la prolongation des heures de travail de leur personnel. Et on votera NON !

Le personnel de vente n'est-il qu'un cheptel ?

Ouvrir les magasins le samedi jusqu'à 19 heures, comme le propose la majorité de droite du Grand Conseil genevois, c'est réduire encore le temps libre et le temps familial des vendeuses (surtout) et des vendeurs, réduire leurs possibilités de concilier vie professionnelle et vie privée. Ouvrir les magasins quatre dimanches par an, comme le propose aussi la majorité de droite du Grand Conseil genevois, c'est imposer au personnel des horaires insupportables en décembre (la période déjà la plus chargée pour le personnel, et où très vraisemblablement vont se concentrer les ouvertures dominicales et les ouvertures nocturnes) , les priver de toute vie de famille pendant les fêtes. Et étendre les ouvertures des magasins ne profitera, éventuellement, qu'aux plus grands d'entre eux.

La droite genevoise s'obstine ainsi à vouloir prolonger les heures et les jours d'ouverture des magasins, comme si en les prolongeant, on allait y attirer des clients nouveaux (alors qu'on ne fera que répartir sur un temps plus long la clientèle existante) ou faire revenir sur territoire genevois, sans y faire baisser les prix, les clients des commerces français qui passent la frontière parce que de l'autre côté, les prix sont plus bas. Après deux ans d'ouverture des magasins quelques dimanches par an, on peut tirer un premier enseignement de cette expérience : son inutilité.

Au-delà de cette inutilité, il y a ce que dont témoigne cette offensive pour une ouverture prolongée des magasins : la volonté de tout faire pour que l'on consomme constamment, tous les jours, à n'importe quelle heure, et pas seulement par internet ou en France. Peu importent les conditions de vie et de travail du personnel de vente : l'important, ce n'est pas lui, c'est ce qu'il vend. Lui ne serait alors qu'un cheptel.

Le personnel de vente (féminin à 60 %) a été de ceux qui se sont retrouvée en première ligne pendant la coronapandémie. Ses principaux employeurs en ont largement profité : le bénéfice de la Migros, par exemple, a quadruplé. Et le personnel de la vente va servir de cobaye pour des opérations d'allégement des protections, déjà insuffisantes, dont bénéficie le personnel de la livraison, du nettoyage, de la sécurité, des transports.  Ces personnels, on les a applaudi, l'année dernière. Pendant quelques jours. N'était-ce donc qu'une brève posture, n'est-il à nouveau plus qu'un cheptel ?



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