Fonds de tiroir
On résume l'Eurofoot : la coupole continentale du foot-pognon a fait tenir des matches à Bakou, en Azerbaïdjan, gouverné par un clan familial corrompu et va-t-en guerre, mais a interdit à la Ville de Munich d'éclairer son stade en arc-en-ciel... quant au Mondial, il se tiendra au Qatar, dans des stades construits au prix du sang des travailleurs im-migrés. Alors, hein, les résultats des matches, le sort de l'équipe de Suisse et les couinements des supporters, on vous dit pas où on se les met...
La Suisse a peur. Et elle vote donc pour être rassurée. Par la
police fédérale. 56,6 % des votants et des votants ont donc
approuvé la nouvelle loi fédérale contre le terrorisme. C'est
une approbation claire, une mise en péril de la présomption
d'innocence. mais pas un plébiscite. Et c'est une approbation de
dix points plus molle que celle, en 2016, de la nouvelle loi sur
le enseignement. D'ailleurs, contrairement à la Confédération et
au canton de Genève, mais comme celle de Bâle, la Ville de
Genève a refusé la loi «antiterroriste»... Il y a donc eu
résistance à la loi, et cette résistance signifie que, lors même
que la loi a été approuvée, elle ne l'a pas été sous la forme
d'un blanc-seing. Le Conseiller national genevois Christian
Dandrès (PS) propose la mise sur pied d'un observatoire «pour
surveiller l'application de la loi et alerter la population en
cas d'abus, car nous assistons à une érosion claire des libertés
fondamentales dans notre Etat de droit». La loi d'application,
qui entrera en vigueur en 2022, donnera à la police fédérale,
sur demande d'un canton ou d'une commune, le pouvoir d'obliger
un suspect dès l'âge de 12 ans à se présenter régulièrement
auprès d'un poste de police ou d'un autre service de l'Etat, de
lui interdire de contacter certaines personnes, de se rendre
dans certains quartiers ou localités, de se rendre à l'étranger,
de lui confisquer son passeport, de l'assigner à domicile (s'il
a plus de 15 ans), de localiser son téléphone portable, de lui
poser un bracelet électronique. La plupart de ces mesures
pourront être prises sans que la justice ait à les autoriser, et
toutes seront valables six mois, et reconductibles une fois.
Elles pourront être contestées auprès du tribunal administratif
fédéral. Selon un sondage Tamedia, les trois quarts des
partisans de la loi veulent que les moyens qu'elle donne à la
Police fédérale soient prioritairement utilisés contre les
islamistes, un peu plus de la moitié veulent qu'ils le soient
aussi contre les extrémistes de droite, et un peu moins de la
moitié contre les extrémistes de gauche, les sympathisants UDC y
ajoutant souvent les activistes du climat. Tant qu'à faire,
pourquoi pas les défenseurs du «mariage pour tous» et les
partisans des zones piétonnes, hein, pourquoi ?
Dans un communiqué de presse reçu hier, le Conseil administratif (de gauche) de la Ville (de gauche) de Genève annonce qu'«à ce stade de l’élaboration du projet de budget 2022 de la Ville de Genève, les perspectives fiscales ne permettent pas au Conseil administratif de garantir l’octroi des annuités, tant pour le personnel de la fonction publique municipale que pour le personnel du domaine de la petite enfance», et propose aux partenaires sociaux signataires de la Convention collective de la petite enfance de la dénoncer. Bon, heureusement que le même Conseil administratif (de gauche) de la Ville (de gauche) de Genève rappelle que «La décision finale quant au versement des mécanismes salariaux sera prise lors du vote du budget 2022 par le Conseil municipal». De gauche. Et qui avait refusé l'année dernière la même proposition du Conseil administratif de suspendre les mécanismes salariaux... Faut jamais désespérer des réflexes de la gauche. Mais faut toujours s'en assurer.
Commentaires
Enregistrer un commentaire