Fonds de tiroir

 Les deux initiatives antipesticides ont donc été refusées, il y a deux semaines, par le peuple et les cantons. Une victoire pour le Conseil fédéral, la droite et le parlement, mais surtout pour le lobby agroalimentaire, qui avait tout à craindre d'une campagne fondée sur les effets des pesticides sur la santé, les eaux et la biodiversité, et qui a réussi à la faire tourner  en une campagne pour ou contre l'agriculture. Nous avons toutes et tous des paysans dans nos familles, ou en tout cas nos ancêtres (Il y a un quart de siècle, un sondage donnait 40 % de Suisses.ses revendiquant leur lien avec le monde paysan. C'était dix fois plus qu'il n'y avait réellement de paysans dans la population) Du coup, on n'a plus voté contre les pesticides, on a voté pour nos pépés et nos mémés. Bien joué, le lobby, bien joué...

Deuxième tour des élections régionales et départementales françaises : à  moins de dix mois de l'élection présidentielle, les deux tiers des électrices et électeurs s'abstiennent (même si en Corse cette abstention tombe à 42 %, sans même qu'on ait renoué avec la tradition du vote des morts) comme ils l'avaient fait au premier tour. Résultat : «le dégagisme a été dégagé», résume l'ancienne ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem. Les premiers du premier tour gagnent au second, les Républicains (et leurs dissidents, tels Xavier Bertrand et Valérie Pecresse) et les socialistes gardent les régions qu'ils gouvernaient, les Verts progressent, le PC se refait une petite santé, la «France Insoumise» se prend une gamelle, le Rassemblement (ex-Front) National ne gagne aucune région, pas même celle où il était favori (Provence-Alpes-Côte d'Azur) et les macronistes sont distancés par le PS, les Verts, les Républicains et le Rassemblement National.  Pourtant, l'hypothèse d'un duel Macron-Le Pen au deuxième tour de la présidentielle ne perd pas de sa crédibilité, même si un candidat (ou une candidate) de la droite républicaine peut espérer troubler le jeu (Fillon n'y est pas arrivé lors de la précédente présidentielle, parce que plombé par son «affaire»). De toute façon, si Le Pen faisait des Régionales un marchepied pour la Présidentielle, Macron, lui, s'en battait probablement le coquillard, ne cherchant pas à avoir vraiment derrière lui un parti fort, avec qui il faudrait forcément compter : une petite cour et un grand fan club lui suffit. Quant à la gauche, même si le PS a gardé toute ses régions et si la gauche a gagné la Réunion, la seule situation où elle ne serait pas a priori hors jeu, c'est celle où elle serait capable de présenter une candidature unique rouge-verte-rose. Et ce n'est de loin pas l'hypothèse la plus vraisemblable : les listes d'union de la gauche n'ont pas fait de bons résultats aux régionales, et à la présidentielle, Mélenchon est déjà candidat, le PCF a déjà décidé de présenter sa propre candidature, le NPA a déjà décidé de re-présenter Philippe Poutou et les Verts et le PS se tiennent par la barchichette en se disputant la prééminence (et la candidature unique) d'une liste rose-verte... Bref, les conneries continuent.     

Commentaires

Articles les plus consultés