Brèves Troubles

 C'est un bon jour pour faire un discours, le 1er août. Et nos dirigeants ne s'en privent pas. Il y a un mois, not'bon président de la Confe, Guy Parmelin, nous l'a joué sur le mode pépé gâteau soucieux de l'unité de la famille. Et le chef de son parti, Marco Chiesa, sur le mode tonton grincheux, dénonçant les membres de la famille qui selon lui vivraient aux crochets des autres, la gauche caviar au crochet de la droite röstis, les villes aux crochets des campagnes, les im-migrants (des «parasites sociaux») aux crochets des Suisses et les «écolos-mora-lisateurs» aux crochets des... euh... on sait pas de qui, mais on soupçonne Chiesa de se mettre dans le camp des exploités par les villes de gauche. On n'en fera pas une maladie, des délires de Chiesa. On se contentera de lui rappeler (mais c'est sans doute parler à un sourd) que les cantons de montagne sont subventionnés par les cantons de plaine, la campagne par les villes, les retraités suisses par les travailleurs immigrés et les röstis par le caviar. Avec à la clef une question existentielle : nous, on préfère les röstis : est-ce qu'on fait quand-même partie de la « gauche caviar» ?

Indispensable rappel de mémoire, dans «Le Courrier» du 18 juin dernier (bien choisie, la date de parution...) et la «Tribune de Genève» du lendemain : au moins 466 Suisses (dont 13 Suissesses) se sont battus pour la libération de la France entre 1940 et 1945 (et d'autres, en nombre encore indé-terminé, pour celle de l'Italie). Un sur dix (45) étaient Genevois. Ceux qui ont survécu à cette lutte, dans laquelle plus de 50 sont morts, n'ont pas été honorés par la Suisse, mais condamnés à leur retour par la «Justice» militaire (dont on sait qu'elle est à la justice ce que la musique et la cuisine militaires sont à Mozart et Curnonski). L'historien bâlois Peter Huber a dressé un premier mémorial de ces combat-tants d'une juste cause, et les parle-mentaires fédérales Lisa Mazzone et Stéfanie Prezioso demandent au parlement de les réhabiliter (à titre posthume, hélas), comme il l'a fait, tardivement, en 2009 pour les combattants suisses de a Guerre d'Espagne. Ils avaient en moyenne 28 ans en 1940. Toutes et tous sont morts aujourd'hui. La moitié d'entre eux servaient avant la guerre dans la Légion et ont rejoint la France Libre après 1940, les Forces françaises libres après 1941, sans grande conscience politique, contrairement aux autres, l'autre moitié, qui ont rejoint la Résistance en France même, dans les maquis ou les réseaux, par conviction politique, francophilie ou antifascisme, ou parce qu'ils étaient binationaux franco-suisses. Les Romands et les ouvriers ou fils d'ouvriers sont surreprésentés, un tiers d'entre eux avaient eu affaire à la justice (pour des délits ne comportant pas de violence sur des personnes) avant leur engagement dans la Légion, les FFL ou la Résistance. Plusieurs d'entre eux avaient déjà combattu en Espagne. Seul.e.s un.e sur cinq habitaient en Suisse au moment de la guerre. Et toutes et tous nous rappellent que la neutralité suisse n'est (quand encore elle est respecté) que celle de l'Etat, qu'elle ne s'impose pas aux citoyens et aux citoyennes, et qu'on peut toujours choisir son camp. Ceux là et celles-là ont choisi le bon. Contrairement à leur pays, qui n'en a choisi aucun, sinon, quand leur victoire ne faisait plus de doute, celui des vainqueurs.

Le 26 septembre, les Jeunes PLR genevois avaient en assemblée virtuelle, décidé par 15 voix contre 12 d'appeler, avec les intégristes religieux, à refuser le «mariage pour toutes et tous». Lundi, ils ont changé d'avis et désormais le soutiennent. Bon, il leur reste encore trois semaines pour se laisser la liberté de vote. Sur le «divorce pour toutes et tous».

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