Fonds de tiroir

 Donc, trois députés d'«Ensemble à Gauche», rejoints par plus d'une centaine de militantes et de militants, ont lancé en septembre un appel à la constitution d'une liste unique de la «gauche de la gauche» pour les élections cantonales genevoises de 2023. Une telle liste, en effet, tomberait sous le sens, et a d'ailleurs régulièrement été conclue depuis des lustres, puisqu'elle est la condition nécessaire pour passer la barre (antidémocratique, soit dit en passant) du quorum de 7 % pour une représentation parlementaire, barre qu'aucune des composantes possibles d'une liste unique ne peut passer seule au plan cantonal (au plan municipal de la Ville de Genève, SolidaritéS a passé de justesse cette barre, mais pas le Parti du Travail -et c'était avant la dernière scission en date, celle, précisément, de SolidaritéS). Le dernier en date des appels, récurrents, à l'unité électorale de la «gauche de la gauche» pose le principe d'un programme commun de législature. C'est bien, un programme commun, ça nous rappelle des trucs, mais il faut une majorité pour l'appliquer, et s'il n'est conclu qu'entre les composantes de la «gauche de la gauche», et pas avec le PS et les Verts, c'est du flan. Et en plus, un appel à l'unité qui suit une scission (celle de «Résistons» d'avec SolidaritéS), vous trouvez pas que ça fait un peu «on a fait une connerie, on essaie de réparer» ?

L'immobilier de luxe fleurit, à Genève : une villa de Cologny, de 2000m2 sur un terrain de 4400 m2 (chip, le terrain...)  a été vendue pour 60,5 millions de francs le mois dernier, et des transactions immobilières à plus de 50 millions, il y en déjà eu quatre ou cinq à Genève cette année, alors qu'il n'y en avait qu'une seule tous les trois ans. Le crise sanitaire a «dopé le marché résidentiel haut de gamme», savoure le directeur des ventes chez Naef. Alors, les locataires, heureux dans vos HBM?

Encore une pétuffe municipale qui se dégonfle : la droite avait accusé la Ville de Genève, c'est-à-dire le Conseil administratif, d'avoir puisé un mil-lion dans un fonds destiné au service social de la Ville, «et plus particu-lièrement aux personnes âgées», le Fonds Zell, pour financer à la place du budget de la commune des mesures en faveur, effectivement, des personnes âgées, ce qui a permis de dégager des ressources en faveur des sans-abris. Le Bailli cantonal avait estimé qu'elle n'en avait pas le droit car ce pré-lèvement n'allouait pas de nouvelles ressources aux personnes âgées mais ne faisait que financer celles déjà allouées. La Ville a contesté cette position et a fait recours auprès de la Cour de Justice, qui a débouté la Ville au motif que les observations du canton étaient sans effets juridiques contraignants, et qu'on ne pouvait pas faire recours contre une simple observation. En clair, la Ville peut faire ce qu'elle veut de l'observation du Bailli cantonal. Et on espère bien qu'elle en fera ce qu'elle mérite : rien du tout.

A Neuchâtel, y'a une statue d'un nommé David de Pury, grand mécène du XVIIIe siècle, mais aussi acteur du commerce d'esclaves. Le mouvement Black Lives Matter et une pétition signée par 2500 personnes demandait le déboulonnage de la statue, une contre-pétition s'y étant opposée. Les zautorités ont choisi : on ne débou-lonnera pas la statue, mais on la complètera d'une plaque explicative, un parcours multimédia un site web sur le passé colonial de Neuche et des oeuvres d'art conçues pour «dialo-guer» avec elle. Et Neuchâtel rejoindra la Coalition européenne des villes contre le racisme. Voilà : ce n'est pas là réécrire l'histoire, juste l'assumer.


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