Initiative "99 " : Partie remise

Il s'avère donc que si deux tiers des Suisses et Suissesses croient encore au mariage, deux tiers ne croient pas à l'impôt, mais que «presque un million de personnes se sont prononcées en faveur de l'initiative 99%, une initiative qui remet en question le capitalisme en son cœur. C'est un succès !», réagit la Jeunesse socialiste après l'échec attendu de son initiative "99 %". Et elle a raison : même si nous n'avons pas été 99 % du corps électoral suisse à soutenir son initiative  pour une plus forte imposition des revenus du capital et que nous n'avons été majoritaires que dans les arrondissements de gauche des villes (dont Genève), voire quelques villes (Lausanne...) et pas loin de l'être dans deux cantons (Bâle, le Jura), peu importe dans l'immédiat : ce qui nous meut, c'est de constituer un rapport de force politique -meilleur aura été le résultat de cette initiative dans nos cantons et nos communes, mieux armés serons-nous pour, à ces niveaux-là, défendre et faire accepter des réformes fiscales renforçant la contribution des plus riches, comme le propose l'initiative de la gauche genevoise pour une contribution temporaire de solidarité des grandes fortunes.

A deux petits pas de gagner là où cela nous l'importait

Sur l'initiative "99% de la Jeunesse Socialiste, nous eûmes un pur vote gauche-droite, avec un résultat national qui correspond assez fidèlement au rapport des forces entre la gauche et la droite  : deux contre un (65/35%) au plan fédéral. mais l'initiative obtient tout de même plus de 40 % des votes dans les cantons de Berne, Neuchâtel, Genève, près de 47 % dans le Jura et plus de 48 % à Bâle-Ville. Avec un soutien à l'initiative qui ascende à 42 % au plan cantonal genevois et à presque 49  % en Ville, le combat pour un renforcement de la fiscalité directe sur les hauts revenus et les grosses fortunes peut se poursuivre : hier, on a été à deux petits pas de le gagner là où on le menait, et il nous importait de le gagner. En Ville de Genève, par exemple, l'initiative est acceptée dans tous les locaux de gauche, refusée dans tous les locaux de droite, et finalement refusée au plan communal (pour 1100 suffrages sur 45'000 ) du fait de la différence des taux de participation (59 % à Florissant-Malagnou, 41 % à Mail-Jonction), quand à Lausanne, Vevey, La Chaux de fonds, Delémont, Fribourg, Renens, en revanche, l'initiative était acceptée... Affaire de mobilisation, donc. Et surtout d'explication du lien entre l'impôt et le financement des prestations...

L'initiative 99 % voulait réduire les inégalités dans un pays où elles s'accroissent, et renforcer le travail par rapport au capital, le revenus de l'un par rapport à ceux de l'autre, "rendre à ceux qui travaillent (les fameux "99 %) une partie de la richesse qu'ils ont contribué à créer", résume Matthew Meyer, de la Jeunesse Socialiste genevoise. Et presque un million de citoyennes et de citoyens l'ont soutenue, contre une campagne massive de la droite qui, vainquant sans péril, triomphe sans autre gloire que celle de s'être mobilisée contre la gauche, dans un pays où elle est, la droite,  très largement majoritaire et peut sans autre effort que celui de peindre le diable bolchévik sur la muraille de la banque du coin faire voter le "99 %" pour soutenir le "1 %" qui le spolie. Les prélèvements indirects (la TVA, l'assurance-maladie, les loyers) pèsent de plus en plus lourd sur les revenus les plus modestes, tandis que l'imposition s'allège sur les hauts revenus et les grosses fortunes. Les caisses publiques pouvaient gagner de cinq à dix milliards par an grâce à la surtaxe des plus hauts revenus du capital proposée par l'initiative. Ce ne sont pas elles qui ont besoin de cet apport supplémentaire, ce sont les prestations qu'elles financent. Et les gens qui en ont besoin.

 

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