Fonds de tiroir

 La Chambre administrative genevoise a validé la décision des Hôpitaux uni-versitaires (HUG) de ne pas re-connaître «Avenir Syndical» comme partenaire social. La Chambre accuse le nouveau syndicat-qui-n'est-pas-un syndicat-tout-en-étant-quand-même-un-syndicat d'avoir tenté «d'obtenir (sa) reconnaissance par la force», notamment «en instiguant et organi-sant deux grèves» aux HUG en septembre 2020 et mars 2021. Du coup, l'une des conditions d'une reconnaissance du syndicat par les HUG, sa loyauté, n'est pas remplie et fait douter de sa capacité «à se comporter de façon conforme aux règles gouvernant le dialogue social». Parce que faut pas déconner, le dialogue social est gouverné par des règles. Sinon c'est l'anarchie... bon, d'accord, le tribunal ne le dit pas comme ça, mais c'est bien ce que ça veut dire . «Avenir Syndical» est issu d'une scission du SSP. Il est présent aux HUG (il affirme même y être le premier syndicat), dans des EMS, dans la fonction publique municipale de la Ville de Genève, dans l'enseignement et à l'aéroport, et compterait un mil-lier de membres, dont 300 siphonnés du SSP. Le Cartel intersyndical de la fonction publique et la Communauté genevoise d'action syndicale refusent de le reconnaître, et lui qualifie les autres syndicats (le SIT et le SSP, notamment) de «structures conven-tionnelles, prises par leurs querelles internes et des besoins le plus souvent liés aux appareils syndicaux eux-mêmes»,  On se croirait à  «Ensemble à Gauche», dis donc... 

Deuxième saison judiciaire de l'«Affaire Maudet» (troisième si on compte l'épisode de l'élection partielle au Conseil d'Etat). Et dire qu'on ne s'en lasse pas serait hypocri-te, vu que ça commence a sentir sérieusement la répétition dans le scénario, les répliques et les acteurs (sauf que le personnage principal n'est plus Conseiller d'Etat). Repre-nons, comme à la téloche, par un résumé de l'épisode précédent : en février, Maudet sort de la salle d'audience de première instance avec une condamnation à 300 jours-amende (avec sursis, quand même, alors que le Ministère public requérait 14 mois de prison) pour acceptation d'un avantage : un voyage à Abu Dhabi tous frais payés par les potentats locaux. Il en sort aussi en traînant le poids d'un mensonge  (il avait affirmé à tout le monde, son parti, ses collègues, les media, la population, que ce voyage était purement privé) et de la tentative de dissimuler les preuves de sa faute. Ce jugement ne satisfaisait personne : ni Maudet, condamné, ni le Parquet, puisque la condamnation était moindre qu'espérée. Et donc, le 11 octobre, Maudet, son ancien bras droit Patrick Baud-Lavigne (qui s'était pris 360 jours d'amende avec sursis) et ses deux copains entrepreneurs, Antoine Daher et Magid Khoury, se retrouvaient devant la Chambre pénale d'appel pour obtenir leur acquittement. Pour dire la même chose que ce qu'ils disaient il y a dix mois : «mes intentions étaient louables», répète Maudet; «Je suis quelqu'un qui aime aider les gens», re-plaide Antoine Daher; «je vivais une situation personnelle difficile», explique Patrick Baud-Lavigne... Il se confirme que le dialoguiste de la série n'est ni Henri Jeanson ni Michel Audiard... Joël Dicker, peut-être ? Le verdict du procès en appel n'est pas attendu avant plusieurs semaines. Et l'élection d'un nouveau Conseil d'Etat, aura lieu en 2023. Avec ou sans une candidature Maudet. Avouez que ce serait dommage de s'en priver...

18 des 27 Conseillères municipales et Conseillers municipaux de Versoix (des Verts et du PLR), ont demandé au Conseil d'Etat d'enquêter sur le fonctionnement de l'administration communale, de l'Exécutif et celui du Secrétaire général et directeur de l'administration. Les signataires de la demande, s'appuyant sur des témoignages de membres du personnel, dénoncent une situation «délétère» provoquant une «souffrance au travail». Au sein de l'Exécutif de trois membres, deux (un PDC, une socialiste) nient tout problème, une (la Maire, Verte) appelle à une enquête externe et indépendante, et à la suspension du Secrétaire général le temps de l'enquête. «Le Courrier» a fait sa petite enquête, et rend compte de «situations conflictuelles ayant mené à plusieurs départs» au sein de l'administration (par licenciement ou démission), de pressions tenant de l'«acharnement» et de «sentiment de peur». Ambiance... Le Conseil d'Etat, autorité de surveillance des communes, a donc été sollicité. Faut pas qu'il hésite à faire intervenir le Service de surveillance des com-munes, le bailli cantonal : le temps qu'il passera a essayer de régler les conflits internes de la Ville de Versoix, c'est toujours du temps qu'il ne consacrera pas à chercher des poux dans la tête de la Ville de Genève...

Interrogation existentielle chez les cathos romains et les évangéliques suisses : le peuple a accepté le «mariage pour tous», c'est-à-dire le droit de personnes de même sexe de se marier. Mais il s'agit du mariage civil (le seul, à vrai dire, qui ait des effets). Quid, alors du mariage religieux ? Le refuser aux homosexuel.le.s, est-ce compatible avec le principe constitutionnel de non-discrimination, y compris au pré- textre de l'orientation sexuelle ? A priori, non, évidemment (pas plus d'ailleurs que refuser d'engager une femme comme prêtre). Mais les communautés religieuses relèvent du droit privé, sauf quand on leur accorde un statut de droit public. Et de toute façon, quelqu'un à qui on refuserait un mariage religieux avec une personne du même sexe ne pourrait porter plainte contre l'église qui le lui refuserait, mais seulement le curé, le pasteur, l'imam, le rabbin qui manifesterait ce refus, en ne faisant que ce que son église ou sa communauté lui demande de faire (ou, en l'occurrence, de ne pas faire), comme l'église catholique romaine l'exige de ses prêtres. Elle refuse même le mariage religieux de personnes divorcées, alors, pensez, un mariage entre personnes du même sexe. Et l'Etat ne pourrait sanctionner une église qui refuserait de célébrer un mariage religieux, pour quelque raison que ce soit, sans contrevenir à un principe fondateur de la laïcité : l'Etat n'a rien à dire sur les rites religieux (tant qu'ils ne perturbent pas la paix civile). Bon, maintenant, on n'a plus qu'à se poser qu'une seule question : quand donc l'Eglise catho romaine acceptera-t-elle de célébrer l'union religieuse de deux curés divorcés ?  Ou d'une bonne soeur et d'une évêque ?



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