Fonds de tiroir

 Au cas où vous sentiriez en vous une irrésistible envie de reconversion dans la bibine, le canton de G'nêve appelle à candidature pour la gestion et l'exploi-tation de la buvette de son Grand Conseil (et du Conseil municipal de la Ville), dès le 15 janvier. Une affaire qui devrait tourner toute seule... Hips...


Nouvelles du sport, école du «vivre ensemble», et on commence de l'autre côté de la Sarine, à Winterthur, en 2019, lors d'un match de Challenge League : des supporters de l'équipe du FC Schaffhouse, qui affrontait l'équipe du coin, invitait fièrement à «baiser et tabasser les femmes de Winterthur». La police de Winterthur avait ouvert une enquête pour provocation publique au crime ou à la violence. Pas pour connerie, c'est pas un délit. Et en septembre dernier, le tribunal de district a acquitté les prévenus : ils n'auraient été coupables que d'une innocente «provocation envers les supporters de l'équipe adverse». Quand au sexisme, le tribunal ne l'a pas vu. Et de toute façon, les injures sexistes, comme celles homophobes et racistes, sont si nombreuses dans les compétitions sportives qu'on ne va pas perdre son temps, son énergie et l'argent de la justice à les poursuivre. On ne poursuit pas la connerie. Le problème, c'est qu'on ne peut pas non plus la soigner.
On repasse à Genève pour le deuxième épisode : le 10 juin 2018, une rencontre de 4ème ligue de foot, entre les FC Versoix2 et Kosova2 s'achève à la 88e minute  dans une rixe générale avec passages à tabac : un joueur de Versoix est la cible d'une injure raciste, il y répond par un coup de tête, il est passé à tabac par des joueurs du Kosova et s'écroule sous les coups. L'épisode s'est retrouvé il y a une semaine au tribunal correctionnel, où trois joueurs et un supporter kosovars comparaissaient (d'autres ont déjà été condamnés par ordonnance pénale), l'un pour tentative de meurtre et de lésions corporelles graves, les autres pour rixe et lésions corporelles simples. L'un des cogneurs dit ne pas pouvoir expliquer pourquoi il a cogné, un autre, accusé d'avoir sauté pied en avant sur des joueurs à terre ne se souvient de rien et évoque une «perte de contrôle», un autre encore (ou le même, on ne sait plus) admet avoir donné un coup de pied au visage d'un joueur de l'équipe adverse, mais ne voit pas de violence dans ce coup... Après le match, l'équipe Kosova2 a été exclue de tout championnat pendant deux saisons par l'association cantonal de foot. Mais trois mois après le match Kosova-Versoix c'est un arbitre qui est agressé dans un match opposant cette fois Tordoya à Satigny. L'association genevoise des arbitres de foot déclenche alors une grève de l'arbitrage qui fait annuler tous les matches amateurs et juniors pendant plusieurs semaines, et la Ville et le canton de Genève organisent, en novembre 2018 et avril, des «Etats généraux du sport». qui ne débouchent pas sur une révolution mais sur une dizaines de mesures. Et le 11 octobre, alors même que les quatre cogneurs de 2018 se retrouvaient au tribunal, le canton et la Ville de Genève tenaient conférence de presse sur le thème, aguicheur, de la «violence dans le football amateur : mise en oeuvre des mesures de prévention». Ces mesures s'articulent sur quatre axes : la formation, la communication, la prévention... et les sanctions. Car, reconnaissait l'avocat d'un des plaignants (d'une des victimes, donc) du «match de la honte», «un terrain de football n'est pas une zone de non-droit»... Ben non, c'est un  terrain de foot. Une zone de droit du plus fort. Et parfois du plus con. Un terrain de sport, quoi...
Troisième épisode, enfin, : le 21 août dernier, le gardien du FC Sion, Timothy Fayulu, se fait traiter de «singe» par des supporters saint-gallois.
Et pendant ce temps, au Qatar, hôte de la prochaine Coupe du monde de ballopied, «des travailleurs se tuent à construire dans le désert des stades climatisés, où viendront s'ébattre des hooligans vaccinés», résume «Le Matin Dimanche» du 29 août. Qui rappelle que la dernière Coupe du monde a réuni 3,6 milliards de téléspectateurs. Bah, ça fait quand même quatre milliards de non téléspectateurs ou de téléspectateurs d'autre chose. Ya encore de l'espoir, quoi...

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