Abandon du projet de "Cité de la musique" à Genève : Requiem. Aeternam ? dona eis, popule...
C'eût été de l'acharnement thérapeutique que s'y accrocher : le projet de la «Cité de la Musique» est abandonné, a annoncé le Conseil de la Fondation idoine, hier. Elle le fait «avec tristesse», son ancien président, Bruno Mégevand, est "affligé" le Conseil d'Etat en prend acte avec"regrets", déplore que "la culture s'oppose à la culture", évoque un renoncement "douloureux" et au passage reproche au "Courrier" ses "prises de positions critiques à l'égard d'un projet qui se voulait fédérateur", et qui de toute évidence n'a guère "fédéré"... On comprend la tristesse de la fondation, vu les efforts qu'elle a déployé pour tenter de faire accepter son projet, mais on n'y compatit pas : on était opposés au projet et on avait appelé à voter «non»... La fondation explique qu' après le préavis négatif donné par les électeurs et électrices de la Ville de Genève au le plan localisé de quartier (PLQ) de la Cité de la Musique le 13 juin 2021, elle a tenté de susciter un «souffle nouveau» et de donner au projet toutes les chances d’aboutir au lieu-dit «les Feuillantines», en changeant le nom du projet, en modifiant ses statuts, en nommant de nouveaux membres (issus des collectivités publiques et des musiques actuelles) du Conseil de fondation, en élaborant un nouveau programme en concertation avec les acteurs et actrices des milieux musicaux et culturels, en réduisant les coûts de construction et le nombre d'arbres abattus. De son côté, le département cantonal de la cohésion sociale (et de la culture) lançait une série de concertations auprès des milieux musicaux et culturels sur le projet de Cité de la musique aux Feuillantines. Las ! comme l'écrit la Fondation, «à l’issue de ces concertations, il apparaît que nombre d’entre (les acteurs consultés) continuent d’exprimer majoritairement de fortes résistances à l’endroit du projet. C’est en particulier le cas du Conseil consultatif de la culture qui à l’unanimité de ses membres a demandé le 25 novembre dernier au Conseil d’État, qui caressait l'idée d'ignorer le préavis de la Ville, de stopper le projet de la Cité de la musique». La conclusion s'imposait d'elle même (du moins à la Fondation) : même modifié, le projet des Feuillantines, même rebaptisé en "Cité de toutes les musiques" «ne rencontre pas une adhésion suffisante" et «les conditions nécessaires à une poursuite sereine du projet ne sont aujourd’hui pas réunies». C'est bien vu. Mais tardif : le temps perdu à tenter de maintenir en vie un projet aux Feuillantines, c'est du temps que le canton n'a pas consacré à trouver un lieu unique pour la Haute école de musique, éclatée : cela, et pas de s'acharner à soutenir un projet condamné, c'est son boulot.
On ne s'assied pas sur un vote populaire, fût-il municipal
Si
                                                          consultatif
                                                          qu'il fut, le
                                                          préavis de la
                                                          Ville contre
                                                          le projet de
                                                          "Cité de la
                                                          Musique",
                                                          donné en vote
                                                          populaire, a
                                                          donc été
                                                          finalement
                                                          décisif, et on
                                                          en sera ici
                                                          fort
                                                          satisfait.
                                                          D'autant que
                                                          le Conseil
                                                          administratif
                                                          lui-même,
                                                          pourtant
                                                          partisan du
                                                          projet, avec
                                                          appelé le
                                                          canton au
                                                          respect du
                                                          verdict des
                                                          urnes
                                                          municipales
                                                          alors que ce
                                                          verdict était
                                                          contraire à sa
                                                          propre
                                                          recommandation.
                                                          On ne s'assied
                                                          pas sur un
                                                          vote
                                                          populaire,
                                                          fût-il
                                                          municipal,
                                                          surtout quand
                                                          ce vote a été 
                                                          acquis après
                                                          un long débat
                                                          public. Pourtant,
                                                          la votation de
                                                          la Ville sur
                                                          la Cité de la
                                                          musique a été
                                                          le prétexte à
                                                          entendre, à
                                                          réentendre, à
                                                          surentendre
                                                          jusqu'à la
                                                          lassitude une
                                                          vieille
                                                          plainte, une
                                                          vieille
                                                          frustration :
                                                          "il n'y a que
                                                          la Ville qui
                                                          vote, or la
                                                          Cité de la
                                                          Musique est un
                                                          projet
                                                          d'importance
                                                          cantonale, il
                                                          faudrait que
                                                          tout le canton
                                                          vote". On eu
                                                          beau rappeler
                                                          que ce vote se
                                                          faisait sur un
                                                          préavis
                                                          municipal sur
                                                          un plan
                                                          localisé de
                                                          quartier
                                                          (PLQ), qu'on
                                                          n'avait pas
                                                          fait voter
                                                          tout le canton
                                                          sur le Théâtre
                                                          de Carouge ou
                                                          le Forum de
                                                          Meyrin, rien
                                                          n'y a fait et
                                                          du tréfonds
                                                          des villas de
                                                          Vandoeuvres et
                                                          des caves de
                                                          Satigny a
                                                          continué à
                                                          monter ce cri
                                                          de douleur :
                                                          "Il n'y a que
                                                          la Ville qui
                                                          vote, ce n'est
                                                          pas juste, on
                                                          devrait voter
                                                          aussi"... Or
                                                          bien que les
                                                          communes
                                                          soient sans
                                                          doute de
                                                          taille,
                                                          d'importance,
                                                          de population
                                                          et de poids
                                                          politique
                                                          différents,
                                                          elles ont les
                                                          mêmes droits.
                                                          La Ville de
                                                          Genève a les
                                                          mêmes droits
                                                          de se
                                                          prononcer
                                                          seule sur ses
                                                          propres
                                                          préavis que
                                                          n'importe
                                                          quelle autre
                                                          commune.
                                                          D'ailleurs, 
                                                          faire voter
                                                          tout le canton
                                                          sur des
                                                          préavis
                                                          municipaux de
                                                          la Ville de
                                                          Genève
                                                          impliquerait
                                                          de faire voter
                                                          aussi la Ville
                                                          de Genève sur
                                                          les préavis
                                                          municipaux
                                                          d'autres
                                                          communes, ce
                                                          qui, vu le
                                                          poids
                                                          démographique
                                                          de la Ville de
                                                          Genève,
                                                          reviendrait à
                                                          la faire
                                                          décider
                                                          elle-même de
                                                          ce qui
                                                          concerne les
                                                          autres
                                                          communes ...
                                                          On peut douter
                                                          cela suscite
                                                          l'enthousiasme
                                                          à Russin et à
                                                          Cologny...
                                                          Enfin,  passer
                                                          d'un vote
                                                          municipal à un
                                                          vote cantonal
                                                          revient à
                                                          priver 30'000
                                                          personnes du
                                                          seul  droit
                                                          politique dont
                                                          elles
                                                          disposent,
                                                          c'est-à-dire
                                                          le droit de
                                                          vote dont les
                                                          étrangers ne
                                                          disposent
                                                          qu'au plan
                                                          municipal. 
                                                          
Il fallait rappeler ces trois évidences, et on les a rappelées, mais on ne se souvient pas de la réponse. On ne se souvient même pas d'en avoir reçu une qui, politiquement, tienne debout, ne soit pas faite que d'aigreurs, et tienne compte de l'invraisemblable disproportion des engagements culturels respectifs de la Ville et du canton...


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