Les applaudir ne suffisait pas : le peuple soutient les infirmier.e.s
Un acte politique fort, encore à concrétiser
L'initiative "pour des soins infirmiers forts" a été soutenue par une part très largement majoritaire (61 %) du corps électoral suisse, chez les hommes comme chez les femmes, dans toutes les classes d'âge, toutes les régions linguistiques, tous les cantons et la majorité des sympatisants des partis (sauf ceux de l'UDC et du PLR) même de ceux qui, comme "Le Centre", officiellement la combattent, apparemment sans arriver à faire comprendre pourquoi). L'engagement du corps infirmier pendant toute la crise covidienne a marqué l'opinion publique, la sympathie qu'elle lui a témoigné s'est traduit en un acte politique fort. Que les Chambres fédérales doivent cependant concrétiser -or elles sont, majoritairement, composée d'élues et d'élus qui combattaient l'initiative.
Accepter l'initiative, ce n'était que rendre
justice au personnel de santé
Le succès, acquis contre la droite, contre les Chambres fédérales et contre et le Conseil fédéral, de l’initiative pour des soins infirmiers forts est difficilement contournable : la volonté de la population de renforcer le personnel des soins, de défendre ses conditions de travail et de salaires est claire. Un peu plus, pour user d'un euphémisme, que celle de la majorité du parlement d'en tenir totalement compte. Politiquement, elle y est tenue -ne pas s'y tenir serai un déni de démocratie- mais elle peut traîner les pieds pour aller le moins loin possible dans le sens donné par le texte approuvé par le peuple, voire s'en tenir au contre-projet indirect que l'adoption de l'initiative a rendu caduc.
Une part de l'initiative ne devrait pourtant pas
poser de problème : celle qui veut assurer un nombre suffisant
d'infirmiers et d'infirmières diplômé.e.s, ce que le
contre-projet (indirect) prévoyait déjà. En revanche, une autre
part de l'initiative continue de hérisser la droite,
arque-boutée sur les compétences cantonales : l'amélioration des
salaires et des conditions de travail de la profession. Or là
aussi, là surtout, il y a urgence : 2400 professionnelles et
professionnels de la santé, dont un tiers ont moins de 35 ans,
quittent leur métier chaque année en Suisse. Et entre 10 et 15 %
depuis le début de la pandémie. Des mouvements d'humeurs ? Fin
octobre, 5000 soignantes et soignants manifestaient à Berne pour
de meilleures conditions de travail et pour dénoncer l'état de
nécessité dans lequel se trouve le secteur de la santé, en
particulier le manque de personnel qualifié. Et ce n'est pas
seulement pour elles et eux que les soignants et les soignants
manifestaient : c'est aussi pour nous. Accepter leur initiative,
ce n'était en somme que leur rendre justice après que leur
engagement dans la lutte contre la pandémie ait été déterminant,
et qu'ils et elles l'aient assumé sans compter ni leur temps, ni
leur disponibilité, ni leurs forces, alors que depuis des
années, le système de santé comptait, lui, les lits à supprimer
et plafonnait les engagements de personnel en deçà du
nécessaire.
C'est aussi pour cela que la victoire de
l'initiative est une victoire de la gauche : parce qu'elle est
une défaite des politiques de santé menées, ou soutenues, par la
droite et par toutes les forces qui veulent appliquer à des
services publics aussi essentiels que ceux de la santé les
critères qui prévalent pour des entreprises privées...
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