Suppressions du droit de timbre et de l'impôt anticipé : Petits cadeaux entre amis
Encourager la soustraction fiscale ou financer les prestations à la population ?
La Suisse taxe déjà
plus faiblement que ses voisins et que la majorité des pays
de l'OCDE les revenus du capital, elle les taxe encore trop
selon ceux qui en bénéficient le plus. Si
l’abolition du droit de timbre était acceptée par le peuple dans
un mois, les transactions financières ne seraient plus taxées.
Un privilège fiscal de plus accordé aux actionnaires, en
attendant d'autres cadeaux encore, comme celui de l'abolition de
l'impôt anticipé sur les intérêts versés, votée par la droite
majoritaire aux Chambres fédérales. L'impôt anticipé retient 35
% des revenus des capitaux mobiliers, et les restituent si ces
revenus ont été correctement déclarés au fisc. Cet impôt est
donc un instrument de lutte contre la soustraction fiscale. Dont
la droite se plaît à nier même la réalité : "Au XXIe siècle, le
fantasme de l'évasion fiscale a disparu", a affirmé le PLR
genevois Christhihan Lüscher. Le fantasme, peut-être. L'évasion
fiscale, certainement pas. L'abolition de l'impôt anticipé
aurait même pour effet de la faciliter. Et de faire perdre entre
200 et 800 millions de francs par année aux caisses publiques
-on vous laisse deviner par quoi cette perte sera compensée :
par une hausse de l'impôt indirect (la TVA), une hausse de
l'impôt direct sur les plus bas revenus imposables, l'imposition
des revenus actuellement non imposables parce qu'inférieurs ou
tout juste équivalents au minimum vital.. ou la réduction des
prestations à la population ?
La gauche (le PS, les Verts, les syndicats) a donc lancé jeudi le référendum contre l'abolition de l'impôt anticipé, abolition en quoi elle voit un encouragement à la criminalité économique. Un référendum de plus ? Oui, contre un cadeau de plus à des secteurs économiques qui n'en ont pas besoin. Le 13 février, on peut refuser de faire le premier cadeau. En signant le référendum contre l'abolition de l'impôt anticipé, on peut se donner les moyens de refuser de faire le second.
Il est temps d'apprendre aux actionnaires que le Père Noël n'existe pas.
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