Suppressions du droit de timbre et de l'impôt anticipé : Petits cadeaux entre amis


Dans un mois, la suppression du droit de timbre sera soumise aux urnes. Et dans quelques mois, ce sera au tour de la suppression de l'impôt anticipé. A une offensive fiscale générale de la droite ont déjà répondu deux référenda de la gauche, celui qui a abouti et a provoqué le vote du 13 février contre la suppression du droit de timbre, et celui qui vient d'être lancé contre la suppression de l'impôt anticipé. Car ce qui se cache derrière ces deux suppressions combattues par la gauche, c'est la volonté de la droite d'imposer le moins possible les grosses entreprises et les dividendes et le plus possible la consommation et les salaires pour compenser une partie des pertes de revenus fiscaux qu'entraineraient les petits cadeaux entre amis faits par la droite au patronat et aux multinationales.

Encourager la soustraction fiscale ou financer les prestations à la population ? 

La Suisse taxe déjà plus faiblement que ses voisins et que la majorité des pays de l'OCDE les revenus du capital, elle les taxe encore trop selon ceux qui en bénéficient le plus.  Si l’abolition du droit de timbre était acceptée par le peuple dans un mois,  les transactions financières ne seraient plus taxées. Un privilège fiscal de plus accordé aux actionnaires, en attendant d'autres cadeaux encore, comme celui de l'abolition de l'impôt anticipé sur les intérêts versés, votée par la droite majoritaire aux Chambres fédérales. L'impôt anticipé retient 35 % des revenus des  capitaux mobiliers, et les restituent si ces revenus ont été correctement déclarés au fisc. Cet impôt est donc un instrument de lutte contre la soustraction fiscale. Dont la droite se plaît à nier même la réalité : "Au XXIe siècle, le fantasme de l'évasion fiscale a disparu", a affirmé le PLR genevois Christhihan Lüscher. Le fantasme, peut-être. L'évasion fiscale, certainement pas. L'abolition de l'impôt anticipé aurait même pour effet de la faciliter. Et de faire perdre entre 200 et 800 millions de francs par année aux caisses publiques -on vous laisse deviner par quoi cette perte sera compensée : par une hausse de l'impôt indirect (la TVA), une hausse de l'impôt direct sur les plus bas revenus imposables, l'imposition des revenus actuellement non imposables parce qu'inférieurs ou tout juste équivalents au minimum vital.. ou la réduction des prestations à la population ?

La gauche (le PS, les Verts, les syndicats) a donc lancé jeudi le référendum contre l'abolition de l'impôt anticipé, abolition en quoi elle voit un encouragement à la criminalité économique. Un référendum de plus ? Oui, contre un cadeau de plus à des secteurs économiques qui n'en ont pas besoin. Le 13 février, on peut refuser de faire le premier cadeau. En signant le référendum contre l'abolition de l'impôt anticipé, on peut se donner les moyens de refuser de faire le second.

Il est temps d'apprendre aux actionnaires que le Père Noël n'existe pas.

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