Deux ans attente de plus pour obtenir un logement social à Genève
Mauvais coup de droite...
La bouée de sauvetage offerte au MCG par la
droite "bourgeoise" genevoise, qui a besoin de l'apport de ce
parti en déshérence et qui confirme, s'il en était besoin où il
campe politiquement, ne s'est donc pas dégonflée : La loi
cantonale genevoise qui double le temps d'attente pour pouvoir
s'inscrire sur la liste, d'attente elle aussi, d'obtention d'un
logement social (HBM, HLM, HM) a été fort malencontreusement, à
une majorité de 1500 voix (sur plus de 111'000 votantes et
votants), acceptée en votation, hier. Les villes de Genève (à
52 %, jusqu'à 61 % à la Jonction...) et de Carouge (à 53 %), ont
voté contre, les Suisses de l'étranger aussi (ils sont
directement visés par une mesure qui leur impose deux ans
d'attente de plus pour pouvoir retrouver un logement à Genève),
mais ce fut insuffisant : les communes résidentielles de
droite ayant massivement voté pour la loi (plus de 66 % à
Vandoeuvres...), le
défaut de mobilisation de la gauche a fait le reste. A
Genève, le taux de logement vacant est d'un misérable 0,5 %, et
entre 7000 et 8000 demandes de logement social sont sur liste
d'attente. Une attente qui dure en moyenne trois ans (sauf cas
d'urgence, c'est-à-dire d'absence de logement) auxquels vont
donc s'ajouter deux ans d'attente pour pouvoir s'inscrire sur
une liste d'attente. La droite prétendait que sa loi allait
réduire la liste d'attente d'un logement ? Elle allongera encore
celle des demandes d'aide sociale : "cette loi est antisociale
parce qu'elle impacterait fortement des gens que nous
accompagnons", résumait avant la votation le directeur du Centre
social protestant. Le conditionnel n'est plus de mise, le futur
s'impose : elle "impactera"...
Un coup politique quoi qu'il en coûte socialement.
Un sale coup.
Le "marché" du logement, comme tout marché,
exclut celles et ceux qui n'ont pas les moyens d'y concourir. Or
le logement n'est pas, ne devrait pas être, ne devrait pas
redevenir, une marchandise, dès lors qu'on l'a reconnu comme un
droit. Et le seul moyen d'en faire réellement un droit, de
rendre concrète la proclamation de ce droit dans les
constitutions et les lois, c'est de construire et d'offrir des
logements accessibles à toutes et tous. Y compris aux plus
modestes. C'est le rôle des logements sociaux. Or la droite
auteure de la funeste loi 12752 ne condescend à cette offre que
si elle est en nombre le plus limité possible. D'où leur
insuffisance, en comparaison de l'offre de logements en loyers
libres, en propriété par étage, en pure propriété. Allonger de
deux ans la période de résidence exigible pour pouvoir obtenir
un logement social, comme la droite le proposait et que son
électorat a fait accepter, n'augmentera évidemment pas l'offre
de tels logements, ni n'en réduira la demande, mais, enen
dissimulant l'ampleur, ne fera qu'accroître es obstacles à
franchir pour la satisfaire. Et les plus précaires se
retrouveront devoir rester là où ils sont contraints de se
loger, ou de gésir : à la rue, à l'hôtel, en foyer, en
sous-location, pendant que les Genevois qui avaient quitté le
canton pour ne pas avoir réussi à rester s'y loger continueront
d'attendre pour pouvoir y revenir. Vous habitez à dix minutes de
train ou cinq minutes de tram de la limite du canton ? Restez-y
deux ans de plus. Pourquoi ? Parce que. ça produira de la
précarité, ça créera des frontaliers (une population qui ne
trouve pas à se loger à Genève peut en effet le trouver en
France voisine) ? tant pis : à droite, on cherchait à faire un
coup politique. On l'a fait. Un coup politique quoi qu'il en
coûte socialement. Un sale coup.
Pour décrypter le résultat du vote, finalement, une sorte d’algorithme absurde est disponible : moins il y a de logements sociaux dans une commune ou un quartier, plus on vote pour y restreindre l'accès. A Vandoeuvres, la loi imposant deux ans d'attente de plus pour pouvoir s'inscrire sur la liste de demande d'un logement social a été plébiscitée par plus des deux tiers des votantes et des votants... Il y a combien de logements sociaux, déjà, à Vandoeuvres ?
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