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 Poutine est un magicien : il a ressuscité l'OTAN, renforcé l'Union Européenne

Poutine était certain de ne pas déclencher de riposte militaire "occidentale" s'il envahissait l'Ukraine : les USA, l'OTAN, l'UE avaient assuré qu'ils n'entreraient pas en guerre. Mais il avait sans doute sous-estimé le risque de réactions militaires indirectes (les livraisons d'armes) et non-militaires (les sanctions) qui aillent au-delà de postures. Il pouvait croire qu'Européens et Américains étaient prêts à sacrifier l'Ukraine comme les Européens avaient il y a troiquarts de siècle sacrifié la Tchécoslovaquie "pour sauver la paix". Il n'avait sans doute pas compris que sans entrer en guerre, ils allaient tout faire pour qu'elle lui soit, et soit à la Russie, la plus coûteuse possible (en hommes, en matériel, en ressources financières), tout en étant d'un coût acceptable pour l'Europe et les USA. Poutine est un magicien : il a ressuscité l'OTAN, renforcé l'Union Européenne, va y faire adhérer l'Ukraine, poussé la Suisse à s'aligner sur les sanctions européennes et à s'interroger sur le sens du mantra neutraliste,et va même sans doute faire réélire Macron sans qu'il ait besoin de faire campagne. 

La guerre s'arrêtera quand le sol russe, celui de la société russe, de dérobera sous Poutine

D'entre les plus admirables performance du magicien du Kremlin, il y a celle-ci, qui n'a peut-être pas bouleversé l'ordre mondial (quoique...) mais qui a été relevée dans les media du monde entier (ou presque) : la Suisse s'est totalement ralliée aux sanctions prononcées par l'Union Européenne contre Poutine et la Russie. ça n'était pourtant pas gagné : certes, dans un premier temps, la Suisse, par le biais du DFAE avait condamné "dans les termes les plus forts l'invasion russe de l'Ukraine", appelé Moscou à cesser "immédiatement l'agression militaire" et à retirer ses troupes du territoire ukrainien., mais elle traînait les pieds quand il s'agissait de prendre des sanctions. On devait attendre plus de notre "démocratie-témoin", elle vient de le faire en s'associant totalement aux sanctions européennes. "La neutralité n'est pas synonyme d'indifférence", a fini par déclarer le président de la Confédération. Parce qu'enfin, c'est quoi, et elle vient d'où, la neutralité suisse ? C'est, essentiellement, depuis 1815, se tenir hors de toute alliance militaire. Mais pas forcément de toute alliance politique : pendant toute la guerre froide, la Suisse se tenait, de toute évidence, dans le "camp occidental" -mais cela ne l'a pas empêché d'être l'un des premiers Etats occidentaux à reconnaître la Chine populaire.

Il fallait prononcer des sanctions -mais les seules sanctions qui se justifient sont celles qui frappent le pouvoir russe, les potentats russes, les oligarques russes -et d'entre l'appareil de sanctions européennes à laquelle la Suisse a adhéré, certaines sont précisément de ce type. Mais d'autres ont des cibles beaucoup plus larges, et plus indistinctes. Et puis, s'il ne faut pas sous-estimer l'ampleur des sanctions prononcées contre la Russie, et leur impact symbolique et psychologique, du blocage des avoirs russes à la suspension de toute relation aérienne avec la Russie, il n'en faut sans doute pas attendre qu'elles fassent plier le pouvoir russe. Elles étaient nécessaires, elles ne sont pas suffisantes : l'Iran est sous sanctions depuis des années, le régime islamiste n'est pas tombé

Les promoteurs des sanctions affirment vouloir isoler Poutine et la Russie, mais ce sont tous les Russes qui seront isolés, ceux qui s'opposent à la guerre comme les oligarques dont les comptes en Suisse sont bloqués. Or si la clef de la fin du conflit, c'est certainement en Russie qu'il faut la chercher, ce n'est pas au Kremlin. Ce sont bien les Russes, pas les "Occidentaux", qui peuvent arrêter la guerre. Les Russes qui dès le déclenchement de la guerre se sont mobilisés contre elle, ont manifesté contre elle, l'ont dénoncée.  Et si nous pouvons, ici, faire quelque chose, dire quelque chose, proposer à nos parlements communaux, cantonaux, nationaux, de dire et de faire quelque chose, au-delà de l'adhésion aux sanctions européennes, c'est de soutenir les mouvements sociaux qui, en Russie s'opposent aux guerres de Poutine, de soutenir les derniers media libres de Russie, de soutenir les intellectuels, les artistes, les sportifs, les simples citoyens et citoyennes qui depuis des jours affirment, à leurs risques et périls, en manifestant leur opposition à Poutine et pour certains, en démissionnant de leurs fonctions officielles pour ne plus rien avoir à faire avec le pouvoir qui les a nommés.

La guerre s'arrêtera quand le sol russe, celui de la société russe, de dérobera sous Poutine. 

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