Brèves de comptoir

 Samedi, une messe catholique a été célébrée à Genève au Temple protestant de Saint-Pierre, ancienne cathédrale catho dépapisée par la Réforme. Et non, ce n'est pas la conséquence d'une offensive victorieuse de la Garde Suisse du Vatican pour reconquérir la «Rome protestante», c'est une initiative de la paroisse protestante elle-même, et c'est supposé être un événement «ponctuel» pour célébrer le travail œcuménique mené à Genève (siège du Conseil Oecuménique des Eglises, dont pourtant l'Eglise catholique romaine n'est pas membre). Mais ce que peuvent les protestants, puisque leurs temples ne sont pas consacrés, les catholiques peuvent plus difficilement se le permettre : les églises cathos, en effet, sont consacrées, et donc (oublions le préfixe) sacrées. Et que les non cathos ne peuvent prendre part à une eucharistie qui y serait célébrée, alors que l'eucharistie protestante est ouverte à qui veut, cathos compris. D'ailleurs, y'en avait une, samedi, à la messe catholique, puisqu'elle était célébrée dans un temple protestant. Vous suivez ? Vous devriez. Parce que ça pourrait donner des idées à la gauche de la gauche, l'inclusion des sectes dans un office commun...

On avait, en octobre dernier, déposé au Conseil municipal de Genève une motion qu'il avait acceptée, deman-dant au Conseil administratif de s'inspirer de l'exemple lausannois des «budgets participatifs» pour qu'un petit budget (200'000 francs par an pendant deux ans) soit accordé à un «projet pilote» permettant aux habitants de la Ville de proposer des projets à réaliser dans leur quartier, pouvant être réalisés par les habitants eux-mêmes et pouvant bénéficier d'une petite subvention (de 25'000 balles au maximum). C'était pas le lac à boire, pensions-nous ? Ben si, c'était le lac à boire, si on en juge par la réponse alambiquée que le Conseil administratif a donné à notre motion. Bon, c'est vrai que demander à un exécutif genevois de s'inspirer d'un exemple vaudois, fût-il lausannois, c'était peut-être sous-estimer l'atteinte à l'amour-propre que cela pouvait com-porter, mais quand même, répondre à une proposition de budget participatif en expliquant qu'on en a déjà et en en donnant comme exemples des ateliers de coloriage, découpage ou modelage pour les enfants, des marches explora-toires pour enfants de 8 à 12 ans,  une évaluation participative de la pause de midi dans le parascolaire, c'est tout de même un peu se foutre de la gueule du monde : un budget participatif, c'est un budget utilisable par toute la popula-tion des quartiers pour des projets qu'elle propose elle-même... Il va donc falloir remettre l'ouvrage sur le métier, reproposer de vrais budgets partici-patifs, et expliquer au Conseil administratif qu'il y a une différence entre un budget participatif et un atelier de coloriage...

La Conseillère nationale UDC Céline Amaudruz plaide, comme le Conseiller national PLR Christian Lüscher, pour une vaste union des droites pour reprendre et garder la majorité au Conseil d'Etat, et gagner les deux sièges genevois au Conseil des Etats, actuellement occupés tous les deux par la gauche. Cette union devrait se concrétiser par des listes communes dès le premier tour, et pas seulement avec le PLR (qui semble prêt à tout pour remonter la pente), mais aussi avec le Centre, peut-être le MCG, voire les Verts libéraux. Sauf que les sympathies zémouriennes de l'UDC  sont rédhibitoires pour le Centre et les Verts libéraux et que l'état du MCG ne laisse pas espérer grand chose comme apport de ce côté là... mais ça ne refroidit pas Amaudruz, prête à se présenter elle-même sur une liste unique de la droite. L'«Union des droites», c'est un serpent de lac de la droite genevoise, et c'est aussi le dada d'Eric Zemmour. Un dada qui clopine péniblement dans la campagne présidentielle française. Et qui ne galope pas vraiment non plus à Genève. Mais qui a été concrétisée dans le canton de Vaud pour les cantonales... ah, ces rupestres... il est vrai que l'UDC vaudoise, elle est plutôt agrarienne que blochérienne, qu'elle a une bien plus longue histoire derrière elle que la genevoise et qu'elle n'a pas à se coltiner la concurrence d'un MCG... On a quelqu'un, pour garder la frontière de la Versoix ?

Ils sont déjà plus d'un million et de-mi, il pourrait y en avoir cinq ou sept millions. pas seulement des Ukrainiens mais aussi des habitants étrangers de l'Ukraine, qui la fuient avec les Ukrainiens. Les bombes tombent sur les uns comme sur les autres. Mais aux frontières, les res-sortissants africains ou moyen-orientaux fuyant l'Ukraine avec les Ukrainiens sont retenus, et on leur impose des procédures différentes, tracassières. On entend dire, en Euro-pe et en Suisse, que la guerre en Ukraine produit deux sortes de réfu-giés : les bons, qu'on va accueillir les bras ouverts comme les Hongrois en 1956 et les Tchécoslovaques en 1968, les pas bons, qu'on peut laisser aux frontières de la Pologne, de la Roumanie ou de la Moldavie. Les bons, ce sont ceux qui comme l'a dit le président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, forment «une immigration  de grande qualité dont on pourra tirer profit». Et qui en plus sont européens. Les pas bons, ce sont ceux qui se sont retrouvés en Ukraine en fuyant déjà des guerres, ou des crises. Ils viennent d'Afrique du Nord, d'Afrique sub-saharienne, du Moyen-Orient. Et ils sont des dizaines de milliers. Une fois arrivés à la frontière, notamment avec la Pologne, celles et ceux qui fuient l'Ukraine sont parfois insultés, refoulés, voire tabassés  par les garde-frontières ukrainiens, empêchés de monter dans les bus ou les trains quittant l'Ukraine, afin de laisser place à des Ukrainiens. Selon un décompte établi il y a quatre jours, 13'000 ménages se sont proposés pour accueillir des réfugiés d'Ukraine, et pourrait en accueillir plus de 30'000... Alle, dans le Jura, en a déjà accueilli 23, et va en accueillir une cinquantaine de plus : ce faisant, la commune  ne  s'arroge pas les compé-tences du canton et de la Confé-dération, elle assume celles que la Constitution fédérale, les lois fédérales et cantonales accordent aux communes. Genève n'en ferait pas plus si elle le faisait aussi. Il y a des femmes et des hommes à aider, ici et en Ukraine, et il y a à aider celles et ceux qui les aident : c'est aussi notre rôle de commune. Pour le nom qu'elle porte, l'esprit dont elle se targue, et l'image de Cité du Refuge dont elle aime à cultiver la mémoire -parfois sans rien en faire. 

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