Fonds de tiroir
Déçu, déçu, déçu, on est : notre proposition d'accorder un soutien symbolique au Comité occulte qui couronne la Genferei (la Genevoi-serie, quoi) de l'année a été repoussée par le Conseil municipal, par 36 voix contre 17. Bon, on a quand même été soutenu par 16 de nos collègues (socialistes, vert.e.s et d'Ensemble à Gauche), mais quand même, c'est une défaite. On avait pourtant pris toutes les précautions pour être soutenus : on a d'abord rappelé ce qu'était une Genferei : la pure expression de la plus haute tradition genevoise de Castellion à Raoul Riesen en passant par Töpffer, sans oublier Jules César. En clair, une Genferei, c'est un acte ou un projet accepté par tous (ou presque), mais si mal ficelé qu'il se démonte de lui-même en coûtant très cher; bloqué par un conflit stérile entre autorités agissant (forcément) pour défendre l'intérêt du peuple ; un projet qui ne se fait jamais, mais revient sans cesse sur le tapis, comme le sparadrap du capitaine Haddock, ou alors qui se réalise enfin, mais en étant devenu inutile vu le temps écoulé entre le constat du besoin et la réalisation du projet supposé y ré-pondre, ou un projet lourd de consé-quences imprévues et s'effondrant avec une élégance ou un reten-tissement particulier. La touche artis-tique est ici un critère déterminant. Toutes ces caractéristiques sont, évi-demment, cumulatives. Mais on a aussi rappelé que dans la production de Genfereien, la Ville de Genève était désormais confrontée à une concurrence féroce, et déloyale, du canton. Et finalement, on s'est contenté de demander une sub-vention en assignats, équivalant à un franc suisse. Il est vrai qu'on a précisé que cette valeur devait être indexée au montant des subventions publiques au Stade de Genève, ce qui l'aurait certainement fait grimper à une altitude stratosphérique. Rien n'y a fait, ni rappels historiques, ni modé-ration de la demande financière, notre motion a été refusée. Las ! Nul n'est prophète en son Conseil, mais promis, on reviendra à la charge...
Long débat, mercredi soir au Conseil municipal de la Ville,
sur une proposition socialiste de résolution, co-signée par les
Verts et «Ensemble à Gauche» et, dans le débat et le vote, par
Le Centre (PDC), «sur la protection des droits humains des
personnes d'ascendance africaine». On aurait pu d'ailleurs
rappeler que tous les humains sont d'«ascendance africaine»
puisque l'espèce humaine est née en Afrique... La résolution a
donc été acceptée par une large majorité du Conseil municipal
(gauche et PDC), contre le PLR, l'UDC et le MCG. Qu'est-ce que
cette droite-là lui reprochait, à la résolution ? Sans doute
seulement d'émaner de la gauche. Parce que sinon, on n'a eu
droit qu'à quelques sophismes maladroits (du genre «vous ne
dénoncez que le racisme afrophobe, c'est donc que vous acceptez
les autres formes de racisme»), de bottées en touche
parfaitement hors sujet (les Arabes ont été esclavagistes, des
«blancs» ont été victimes de racisme en Afrique «noire»), et un
gros déni de réalité (il y a une loi antiraciste en Suisse, il
n'y a donc plus de racisme en Suisse). La résolution demande
d'«accélérer l'action en faveur de la justice et de l'égalité
raciales» ? Y'a pas besoin, elles sont déjà réalisées. Elle
demande de «remédier à la culture du déni» ? Y'a pas de déni à
quoi remédier (le déni du déni, quoi...). Elle demande de
«mettre fin à l'impunité des représentants de la loi qui
commettent des violations des droits de l'homme»? Ils n'en
commettent pas chez nous, jamais. Elle demande d'entendre «la
voix des personnes d'ascendance africaine» ? La droite a eu
beaucoup de peine à entendre la voix d'un conseiller municipal
et de deux conseillères municipales d'ori-gine africaine... mais
c'est pas grave, le racisme, chez nous, y'en a pas. Tout le
monde il est antiraciste, tout le monde il est gentil. Quelle
bonne soirée on a passé, ce mercredi soir, au Conseil municipal
du Jardin d'Eden.
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