Fonds de tiroir

 C'est «20 Minute» de mardi qui nous l'apprenait : La Clairière est en crise. La Clairière ? La prison pour mi-neurs, à Genève. Dont le directeur est en arrêt maladie, la directrice ad-jointe sur le départ, le gardien-chef ré-cemment revenu d'un arrêt maladie, plusieurs employés en conflit avec la direction et plusieurs éducateurs ayant démissionné. En février, une violente émeute avait secoué La Clairière, les jeunes détenus sont de plus en plus violents, ceux souffrant de troubles psychiques de plus en plus nombreux. Et comme La Clairière est la seule prison pour mineurs du canton, ce nouveau public alourdit encore la charge pesant sur le personnel. Et c'est là qu'on voit, avec quasiment de la nostalgie, que le temps passe : La Clairière, ça a été notre première prison (pas la dernière, on a fait presque tous les lieux de détention de Genève, comme une sorte de Tour de compagnonnage pour repris de justice), en 1970 (oui, d'accord, ça nous rajeunit pas)... mais ça ressemblait pas du tout à ce que nous raconte l'info de «20 Minutes». C'était déjà un lieu de détention pour mineurs, mais ça ressemblait autant à une «vraie prison» qu'une colonie de vacances ressemble à une caserne. (après, on a été détenu à Saint-Antoine, sous le bon directeur Etienne Voldet, puis, entre autres, à Champ-Dollon, donc on peut comparer...). Y'a pas à dire, «Genève, c'était mieux avant». Avant quoi, on sait pas, mais avant. Avant qu'on transforme les prisons, même pour mineurs, en silo de stockage des populations qu'on ne sait pas comment «gérer».

Samedi, la Ville de Genève a signé la Charte de Palerme sur la mobilité humaine internationale, déjà validée par le Conseil administratif il y a deux ans  mais dont la signature avait été repoussée en raison des mesures sanitaires liées à la coronapan-démie. La signature de la Ville de Genève a été remise au Palais Eynard par le Conseiller administratif Alfonso Gomez au Maire de Palerme, Leoluca Orlando, dont la ville est depuis de nombreuses années le témoin privi-légié des mouvements migratoires en provenance d'Afrique et passant par Lampedusa, puis Palerme, pour remonter en Italie continentale. Considérant le sort réservé aux mig-rant-e-s en Europe comme une grave injustice, le Maire sicilien a élaboré en 2015 la Charte de Palerme, un docu-ment proposant un certain nombre de prestations et de droits qui devraient être octroyés aux migrant-e-s. Parmi ces propositions figure notamment la mobilité pour toutes et tous comme un droit inaliénable, avec pour consé-quence l'abolition du permis de séjour au sein de l'Union européenne. La Charte demande également des modi-fications des règlements de FRONTEX (l'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes) et de Dublin afin de mettre sur pied une mission européenne de sauvetage en mer et d’éliminer l'exigence des procé-dures dans le premier pays d'arrivée. D'autres propositions en faveur des migrant-e-s sont faites dans le domai-ne de l’emploi, de l'accès au logement, de la santé ou encore de la citoyenneté.  «Dans un contexte mig-ratoire difficile, la Ville de Genève réaffirme ainsi son soutien à une migration plaçant l’être humain au centre des préoccupations des pouvoirs publics», résume le communiqué du Conseil administratif. Et on l'en féli-cite (pas du communiqué, mais de son engagement au nom de la Ville). Surtout si ça fait hurler l'extrême-droite locale. On en prend comme ça, d'innocents petits plaisirs politiques...

Petit exercice d'arithmétique amu-sante : sachant que vous avez 500 balles de contraventions à payer, que vous ne les payez pas, et qu'on vous a donc collé 16 jours amende pour les convertir en détention à Champ-Dollon, où chaque jour de détention d'un détenu coûte 600 balles à l'Etat, combien la collectivité publique gas-pille-t-elle dans ce genre de connerie ?

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