Fonds de tiroir

 Match de 1ère ligue de foot à Bellinzone, entre l'équipe locale et celle de Nyon. Bellinzone gagne. Le joueur nyonnais d'origine comorienne Kassim Hadji rentre dans les vestiaires sous des cris de singe proférés par des supporters locaux. Son président de club veut porter plainte, un journaliste local l'en dissuade avec cet argument: «ici, c'est le Tessin». C'est salaud pour le Tessin : «ici», c'était rien qu'un stade de foot.

Le comité référendaire (toute la droite et le patronat) contre la mise en oeuvre de l'initiative municipale «Zéro Pub» a déposé mercredi 4871 signatures à la Chancellerie d'Etat. Les référendaires ont reconnu que la récolte a été difficile, et il est vraisemblable que certains d'entre eux (les faîtières professionnelles) ont eu recours à des récolteurs rémunérés -ce qui est légal, mais pas très efficace parce que cela amène beaucoup de signatures invalides, si les récolteurs sont payés «à la signature». Avec presque 1700 signatures de plus que le minimum requis, on peut toutefois considérer (sous réserve du résultat de la validation des signatures) que le corps électoral municipal (les citoyennes et citoyens suisses et étrangers établis depuis huit ans) se prononcera, peut-être en novembre, non sur l'initiative elle-même (elle n'est soumise au peuple que si le Conseil municipal la refuse -or il l'a acceptée) mais sur son règlement municipal d'application, voté par le Conseil municipal. Si ce règlement est refusé en votation, on repart à zéro : l'initiative est caduque (elle ne sera donc pas soumise au peuple), mais le Conseil administratif et le Conseil municipal gardent le pouvoir d'élaborer un règlement municipal sur l'affichage public (on a un en réserve...) -qui ne sera évidemment plus un règlement d'application de l'initiative, puisqu'il n'y aura plus d'initiative à appliquer, mais qui sera un règlement autonome, à nouveau soumis à référendum. En attendant quoi, la probable votation municipale sera l'occasion à Genève d'un débat bienvenu sur l'affichage publicitaire, son contenu, son emprise sur l'espace public. Un premier débat : une initiative populaire fédérale est en discussion, et plusieurs projets municipaux sont en attente de décision. Et de tout ça, on se réjouit.

On en a touché deux mots vendredi, on remet la compresse : une vaste entreprise d'espionnage de militan-tes, de militants, d'élues et d'élus indépendantistes catalans (une soi-xantaine) a été menée par les services secrets espagnols (CNI), qui ont vérolé leurs téléphones portables par le logiciel israélien Pegasus (toujours pas interdit, suffit d'avoir les moyens de se le payer). Et d'entre les espionnés, deux espionnées réfugiées à Genève (puisque poursuivies par la justice espagnole pour leur choix politique en faveur du référendum d'autodétermination de 2018), Ana Gabriel, ancienne députée de la CUT (gauche de la gauche) au parlement catalan, aujourd'hui secrétaire régionale d'Unia, et Marta Rovira, toujours Secrétaire générale de la Gauche républicaine catalane (le principal parti catalan), qui assume ce mandat depuis Genève. Des organisations catalanes vont entamer des poursuites judiciaires dans tous les pays où résident des personnes espionnées. Dont la Suisse. Où le Ministère public de la Confédération, pourrait être invité à enquêter, puisqu'après tout il s'agit bien d'une affaire d'espionnage. Et donc d'un délit (à moins que la Suisse ait autorisé l'opération, ce qui serait un scandale dans le scandale). Mais ce délit n'a pas été commis par de méchants russes mais par de gentils démocrates espagnols. Et il ne s'agit pas seulement d'espionnage de méchantes indépendantistes catala-nes, mais aussi de gentils élus suisses en contact avec elles. Ou avec d'autres indépendantistes catalans, même de droite, comme Carles Puigdemont. Les espionnées gene-voises pourraient déposer plainte pénale auprès du Ministère public fédéral.  On se réjouit de la suite et de la défense héroïque de la souveraineté suisse par nos zautorités. Irintzi!, les filles. Ah merde, c'est pas du catalan, c'est du basque. Mais bon, ça doit pas être mieux vu à Madrid. Ni à Berne. 

Commentaires

Articles les plus consultés