Fonds de tiroir

 L'ancienne Conseillère fédérale PDC Doris Leuthard, menacée par son mari, a du faire appel à la police pour en être protégée : le mari, ivre finit en prison. Et l'épisode dans les media. Fallait-il en parler ? Et en parler, n'est-ce le faire que parce que la victime est une ancienne conseillère fédérale, alors qu'on fait silence sur des centaines, voire des milliers, de cas d'autres femmes menacées, battues, par leur conjoint ? «Le Matin Dimanche» pose la question. Deux Conseillères nationales genevoises y répondent : la socialiste Laurence Fehlmann Rielle répond «oui»: «le cas de Mme Leuthard montre aux autres femmes que cela peut arriver à tout le monde». L'UDC Céline Amaudruz, elle, répond «non» : «si cela m'arrivait, je trouverais affreux de voir mon nom s'étaler dans les journaux». Les deux positions sont défendables : comme le dit Laurence Fehlmann-Rielle, «il y a une utilité sociale à montrer que la violence domestique touche tous les milieux et que même une ancienne conseillère fédérale peut en être la victime. (...) autant que cela rende service à d'autres, plutôt que cela soit caché sous le tapis». Mais comme le suggère Céline Amaudruz, «le citoyen lambda se dira cependant qu'on en parle uniquement parce que c'est Doris Leuthard alors qu'on ne médiatise pas les violences domesti-ques de tout un chacun». Comment sortir du dilemme ? En laissant aux victimes le pouvoir de décider elles-mêmes de médiatiser ce qui leur arrive. Mais sans se faire d'illusions : les media évoqueront plus spon-tanément le cas de Doris Leuthard, ancienne conseillère fédérale, que celui de Fatou, nettoyeuse.

Et à la fin, c'est Maillard qui gagne : les socialistes vaudois devaient choisir, fin juin, entre deux candidats pour l'élection au Conseil des Etats, l'année prochaine : Pierre-Yves Maillard, prési-dent de l'Union Syndicale Suisse, et Roger Nordmann, Conseiller national et chef du groupe socialiste aux Chambres. Nordmann ne pouvait plus, selon les statuts du parti, se représenter au Conseil national, où il siège depuis 2004, ce pour quoi il avait déjà obtenu une dérogation à la limi-tation du nombre de mandats consé-cutifs pouvant être assumés. Qu'à cela ne tienne : l'Assemblée des délégués du parti lui en accorde une nouvelle. Les statuts l'excluent ? Qu'à cela ne tien-ne : on dérogera aux statuts, et Nordmann pourra se représenter en 2023 au Conseil national, pour un cinquième mandat consécutif, ce qui libère la voie à Maillard pour le Conseil des Etats. L'arrangement a été accepté sur le fil par les délégués (il fallait 150 voix pour, il y en a eu 157), à la grande colère de la Jeunesse Socia-liste, qui a eu le toupet de rappeler le slogan du parti :  «Pour toutes et tous, sans privilèges». Doutent de rien, ces jeunes : rappeler un principe à l'orée d'une campagne électorale. Pis d'abord,  «sans privilège», ça veut pas dire  «sans dérogation», faut être pragmatiques, enfin, merde, quoi...

Le canton de Genève prend au sérieux le principe de laïcité (et la propreté des eaux du lac) : il a interdit à deux églises évangéliques de pratiquer, pour faire biblique, sur une plage publique des baptêmes par immersion dans l'eau du lac. Le Réseau évangélique suisse a fait recours contre la décision genevoise, fondée sur la loi cantonale sur la laïcité, dont le règlement d'application prévoit que seules les organisations religieuses qui entre-tiennent des relations avec l'Etat peuvent lui demander d'autoriser une manifestation cultuelle sur le domaine public. Or les églises évangéliques n'entretiennent pas de relations avec l'Etat. Donc, elles ne peuvent pas lui demander d'autoriser un baptême par immersion dans le lac. Et alors ? Elles n'ont qu'à le faire dans le Rhône ou l'Arve, non ? Ben... l'Arve est froide, et le Rhône est dangereux, ça serait quand même con de noyer les futurs baptisés avant qu'ils aient pu être baptisés... après, c'est pas grave, le paradis leur tend les bras. Le paradis, ou le barrage de Verbois.



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