Brèves de comptoir
La Grande Genève est de plus en plus grande : on pensait qu'elle s'arrêtait à Bellegarde, ben non, elle est en train de bouffer Annecy. Prochaines étapes : Aix-les-bains, Chambéry et Grenoble. Donc, l'Office cantonal genevois des statistiques nous informe qu'en 2018, parmi les 58 000 actifs en emploi résidant à Annecy, 10 % travaillent en Suisse, majoritaire-ment à Genève, et que le nombre des actifs transfrontaliers résidant à Annecy a doublé depuis 2008, alors que le total de la population active en emploi y est resté stable. Sur l'ensemble de la Haute-Savoie, 23 % des actifs en emploi travaillent en Suisse. Cette proportion atteint 60% dans la commune de Saint-Julien-en-Genevois, à la frontière genevoise comme son nom l'indique... Oualà : niqué, le Poutine : nous, on n'a pas besoin d'une «opération militaire spéciale» pour bouffer notre péri-phérie, on a juste à proposer plus d'emploi qu'il y a chez nous de gens pour les occuper, et un salaire minimum trois fois supérieur à celui des Frouzes.
Au cas où vous l'auriez oublié, le parlement cantonal genevois est, contrairement au parlement muni-cipal, à majorité de droite (UDC, MCG, PLR, Centre). Et de temps en temps, il nous le rappelle. Tenez, le 22 septembre, il a refusé à la fois l'initiative «Climat urbain», qui propose de soustraire chaque année pendant dix ans 1 % de la surface de la voie publique des villes à la cir-culation automobile pour l'affecter à des espaces vert, aux transports publics et à la mobilité douce, et l'initiative «1000 emplois» qui pro-pose de créer chaque année 1000 emplois utiles à la collectivité et à la transition écolo-gique, et d'encourager à la réduction du temps de travail, vers les 32 heures par semaine. Deux dangereux projets gauchistes, donc. Qui seront soumis au peuple. Qui aime bien, de temps en temps, faire le contraire de ce que le parlement lui demande -en instaurant par exemple un salaire minimum de plus de 4000 balles par mois, contre l'avis de la droite majoritaire. Bon, ben voilà deux belles campagnes référendaires en perspective, histoire de bien nous rappeler nos fonda-mentaux... Faut la faire, de temps en temps, cette piqûre de rappel, si on veut pas se retrouver dans la situation merdique de la gauche italienne...
Une bonne initiative, que celle de
          l'association des communes genevoi-ses: une campagne
          d'information («ma commune, mon quotidien») sur le rôle des
          communes, les prestations qu'elles accordent, les services
          qu'elles assument, dans le canton qui leur accorde le moins de
          pouvoirs, de compétences et de moyens de tous les cantons
          suisses une foule de tâches essentielles, comme l'état civil,
          l'ac-cueil parascolaire, l'essentiel du soutien au sport et à
          la culture, la collecte et l'élimination des déchets, les
          parcs, le service du feu, la construction des écoles
          primaires... plus d'infos utiles sur 
        www.geneve-communes.ch
Drame politique chez les Verts... Vous marrez pas, ça doit être important, vu que la «Tribune de Genève» du 24 septembre y consacre presque une demie-page, ou les deux tiers de la surface rédactionnelle d'une page : à Chêne-Bougeries, deux élus quittent le parti et passent chez les Verts libéraux, parce qu'ils trouvent que les Verts ont «viré dans l'extrémisme de gauche». Du coup, la gauche perd la majorité au Conseil municipal... Ouais, paraît qu'elle l'avait... Ben dis donc, il s'en passe des choses, à Chêne Bourges...
La commune genevoise de Cologny est une commune
          friquée, sur la rive-dorée du Petit Lac, la «rive dorée». Et
          la commune friquée de Cologny trouve qu'elle paie trop cher
          pour l'accueil parascolaire, via le Groupement intercommunal
          idoine, le GIAP : 669'000 france en 2022, peut-être 805'000 en
          2023. Elle a largement les moyens de verser cette contribution
          au GIAP, mais elle neveut plus (forcément, un groupement qui
          porte en acronyme le nom d'un général communiste
          vietnamien...), vu que ça pourrait aider à l'accueil
          parascolaire d'enfants n'habitant pas la commune. Même des
          enfants pauvres. Alors comme à Cologny on ne mélange pas les
          torchons avec les serviette, Cologny va quitter le GIAP et
          faire appel au secteur privé. Qui, lui, ne s'occupera que des
          enfants de Cologny  : ils sont 238 à être pris en charge par
          le GIAP dans deux écoles primaires, dont une où se rendent des
          enfants de la Ville de Genève. C'est là qu'il pourrait y avoir
          des pauvres pas de Cologny. Ousque d'ailleurs y'a pas de
          pauvres. Donc, c'est le privé qui s'occupera des gniards
          colognotes. Avec du personnel moins bien payé, moins bien
          formé, moins bien encadré que celui relevant du GIAP. Mais à
          Cologny on s'en fout, l'important, c'est que ça coûte moins
          cher. 
        
Donc, il n'y aura plus à Genève de bâtiment
          universitaire portant le nom de Carl-Vogt : le rectorat en a
          décidé ainsi, à cause des thèses racistes et sexistes
          défendues par le grand savant (naturaliste) du XIXe siècle,
          défenseur de la hiérarchie des «races» et de l'infériorité du
          sexe féminin.Le rectorat ajoute qu'une plaque expli-quant les
          raisons du changement de son nom sera apposée à l'entrée du
          bâtiment, et qu'une réflexion sera menée, avec la Ville de
          Genève, sur le buste de Carl-Vogt, érigé devant l'le bâtiment
          universitaire des Bastions.  Le rectorat ne nie pas qu'à côté
          de ce qui peut être reproché à Vogt, qui est commun à une
          grande partie des savants du XIXe, il a aussi été un acteur
          politique éminemment prog-ressiste (il a ainsi été à l'origine
          de l'ouverture de l'Université aux femmes), mais considère que
          la faute intellectuelle du racisme et du sexisme justifie que
          l'on débaptisât le bâtiment qui porte son nom. Dans un premier
          temps, on ne le rebapti-sera pas, mais «un nouveau nom sera
          ensuite choisi au terme d'un processus global et
          participatif». Pourquoi pas ? Mais alors, comment trouver un
          nom propre, celui d'un grand ou d'une grande personnage, qui
          soit exempt de toute faute intellectuelle du genre de celles
          dont Vogt s'est rendu coupable ? Et comment être sûr que dans
          une, deux ou trois génération, on ne consi-dèrera pas que le
          nouveau nom propre a été porté par quelqu'un ou quelqu'une qui
          a dit ou écrit des conneries ? L'Uni Carl-Vogt ne porte ce nom
          que parce qu'elle est sur le boulevard Carl-Vogt, comme Uni
          Mail est sur l'avenue du Mail, Uni Bastions dans les Bastions
          et Uni Dufour à la rue du Général-Dufour... C'est donc le
          boulevard Carl-Vogt qu'il aurait fallu débaptiser... D'une
          manière générale, d'ailleurs, on devrait éviter de donner à
          des rues, des places, des bâtiments, le noms de personnes, et
          ne leur donner que des noms «neutres»: d'arbres ou de fleurs,
          de métiers, de sites naturels... le bâtiment Carl Vogt
          pourrait ainsi être renommé bâtiment Arve, on ne ferait plus
          du malheureux Carl Vogt une «victime de la cancel culture», et
          personne ne pourrait plus reprocher à un bâtiment de l'Uni de
          porter un nom contestable (sauf le MCG, peut-être, vu que
          quand même l'Arve, après tout, hein, c'est rien qu'une rivière
          frontalière...). 
    


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