Fonds de tiroir

 La droite genevoise a poussé un long cri de douleur quand le Conseil d'Etat a validé un arrêté du Département des infrastructure prévoyant le passage à une vitesse maximale de 30 km/h de nuit (voire de jour aussi, dans l'hypercentre) sur 300 rues et routes du canton : «c'est de l'autoritarisme», un «coup de force» l'a-t-on entendu geindre, à l'appui de recours contre ce plan, destiné notamment à réduire le bruit de la circulation. Juste après avoir fait voter au Grand Conseil une motion demandant au canton de reprendre un projet de parking, celui de Clé-de-Rive, refusé en votation populaire par 64 % des votants et tantes de la Ville. Disons que dans l'«autoritarisme» et le «coupé de force», la droite genevoise est plus forte que dans la recherche de la cohérence. Surtout à six mois des élections cantonales.

La société suisse des entrepreneurs et le syndicat patronat genevois du bâtiment et du génie civil ont annoncé qu'ils allaient porter plainte contre les syndicats Unis, Syna et SIT, pour leur appel à deux jours de grève des maçons sur les chantiers, alors que les négociations sur le renouvellement de la conven-tion nationale sont encore en cours. Les maçons genevois ont en effet annoncé une grève sur les chantiers les 7 et 8 novembre, les maçons vau-dois et neuchâtelois sont prêts à en faire autant. Pour le patronat, le droit de grève «ne se conçoit que lorsque les négociations ont échoué, ce qui n'est pas le cas». Du moins pas encore, parce que c'est assez mal parti: les négociations butent sur la volonté du patronat de flexibiliser le temps de travail, avec à la clef la généralisation du travail le samedi et des journées de travail allant jusqu'à douze heures. Alors, quand le patronat clame que  cette grève est «préventive», que c'est une «viola-tion crasse du respect de la paix absolue du travail» inscrite dans la convention collective et que le droit de grève «ne se conçoit que lorsque les négociations ont échoué», nous, on répond (depuis au moins un siècle, on est d'un naturel obstiné) que le droit de grève se conçoit toujours quand les travailleurs sont prêts à en faire usage...

La polémique sur le renoncement à l'organisation d'une fan zone du Mondial qatari de foot a eu son petit effet collatéral au PS : «Le Temps», en pointe dans ladite polémique, est allé chercher un brave député socialiste candidat à sa réélection et pas content de se retrouver 29ème sur la liste socialiste (comme si ça avait de l'importance sur le résultat de l'élection... l'amour propre a des raisons que la raison ignore...), pour l'entendre dire ce que la journaliste avait envie d'entendre et qu'elle disait d'ailleurs elle-même dans les questions posées au brave socialiste... Et qu'est-ce qu'elle avait envie d'entendre ? des trucs contre les «bobos» et les écolos, des cris d'amour pour les courses de motos et les fan zones, tout ça. La routine quoi. Sur quoi, le brave socialiste est allé sur le plateau du Journaliste redire ce qu'il avait redit à la Journaliste. On attend avec impa-tience le GHI  pour boucler la boucle, mais on se dit qu'on a perdu du temps: une interviouve de Decaillet par Lugon ou de Lugon par Decaillet aurait eu le même contenu à moindre effort. Le temps est aux économies d'énergie, non ?

A propos de préavis de grève, y'en un nouveau qui vient de tomber : celui des éducateurs et éducatrices de La Clairière, pour le 2 novembre. En cause, les horaires et l'absence de confiance entre le personnel et la direction. Maintenant, si vous trouvez que les éducs de La Clairière (ou d'ailleurs dans le secteur public) sont si bien payés et traités qu'ils ne devraient pas faire grève, essayez de faire leur boulot dans les conditions où ils le font, avec la population qui est celle de la Clairière, vous nous en direz des nouvelles...


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