F onds de tiroir

 «La succession d'Ueli Maurer au Conseil fédéral suinte l'ennui», écrivait Yves Petignat dans «Le Temps» du 22 octobre. Heureuse-ment, le PS veillait : la succession de Simonetta Sommaruga, elle, agite les commentateurs. Et on n'a pas besoin de se demander, comme pour la succession de Maurer, si le canton de Zurich risquait de se retrouver non-représenté au Conseil fédéral pour la première fois depuis le départ un peu forcé d'Elizabeth Kopp, en 1989. On peut en revanche se demander s'il serait très cohérent pour le PS, à l'avant.-garde du féminisme combattif, d'être repré-senté au gouvernement par deux hommes. Heureusement qu'on est là pour animer un peu la rubrique de politique fédérale, sinon qu'est-ce qu'on s'emmerderait à parler de choses sérieuses, genre réchauffement climatique, inflation, salaire minimum, violences misogynes...

Le responsable du bureau de l'OIT à Doha (ouvert en 2018), Max Tunon, est (dans «Le Temps» du 1er octobre) assez content de lui, du Qatar et du Mondial: «Si on compare la situa-tion actuelle (au Qatar) à celle de 2018, ou à celle des autres pays du Golfe, l'évolution est indiscutable-ment positive». Et qu'on ne lui dise pas qu'on partait de si bas qu'on ne pouvait que constater une telle évolution. Il est content, Max, que l'OIT ait «obtenu la suppression des éléments les plus problématiques» du système de la «kafala», un système asservissant les travailleurs migrants à leur employeur qatari comme le servage asservissait les paysans au seigneur propriétaire des terres (ou en Suisse le statut de saisonnier un travailleur à son employeur). Désor-mais, un employé peut, théorique-ment, quitter le pays, ne serait-ce que pour un week-end dans un pays voisin, et même changer d'emplo-yeur... sauf que, reconnaît le repré-sentant de l'OIT, ce qui est théo-riquement garanti ne l'est pas réellement: les employeurs menacent les travailleurs de résilier leur permis de séjour, ou leur imputent des «frais importants» s'ils tentent d'exercer leurs droits, et si les passeports des travailleurs ne sont pas confisqués par leur employeur, celui-ci les «conserve» en extorquant l'accord du travailleur. Le travail aux heures les plus chaudes est certes interdit, mais cette interdiction est loin d'être toujours respectées. Quant au salaire mensuel minimum, il a bien été augmenté de 250 ryals qataris, mais ça ne le fait passer que de 200 à 268 francs suisses. L'OIT, en tout cas son bureau local, n'en salue pas moins un progrès. Il faut dire que le Qatar a été généreux, avec l'OIT : il lui a versé 25 millions en trois ans. Une partie pour financer une mission de coopération entre OIT et Qatar. Une partie, selon le syndialiste belge Luc Cortebeeck, qui a travaillé avec l'OIT, pour «voyages, nuits d'hôtel, financement de missions» de l'OIT. A ce prix là, elle peut bien être contente des «efforts» du Qatar, l'OIT, non ? Et même, classer sans suite la plainte déposée en 2014 contre le Qatar par plusieurs syn-dicats membres de l'organisation, pour «non respect de deux con-ventions sur le travail forcé». Même si les ONG continuent de dénoncer le travail forcé.

Victoire !  l’initiative des jeunesses de gauche «Pour des transports publics gratuits, écologiques et de qualité» a officiellement abouti, sans que cette confirmation officielle d'un aboutissement réel en juillet ait attendu que le Tribunal fédéral ait tranché sur le recours lancé contre une initiative comparable, à Fribourg. Le Grand Conseil d'abord, le peuple, espérons-le, ensuite, trancheront donc à Genève, indépendamment de la tonalité du ranz des vaches juridiques qui sortira du Tribunal fédéral.


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